Bonato : “De belles promesses pour 2017”



Après une série de trois rallyes sur terre en mondial, Yoann Bonato attendait avec impatience le retour à l’asphalte pour briller au volant de la DS3 R5 du team CHL Sport Auto.

Auteur d’un excellent départ avec une quatrième place provisoire après l’ES2, le pilote des 2 Alpes a vu ses espoirs de podium s’éffrondrer dans la spéciale suivante à cause d’une double crevaison. Relégué dans les profondeurs du classement, le français signait néanmoins de grosses performances le samedi face aux Skoda officielles.

Dans cette nouvelle chronique, Yoann revient évidemment sur ses performances mais également sur la mythique spéciale de Panzerplatte et sa dangerosité.

Le Shakedown

“Contrairement aux derniers rallyes, nous n’avons pas roulé en essais avant ce rallye mais par contre, nous avons choisi de mettre le kit Evo pour la première fois en mondial. Sur l’asphalte, on savait que je ne manquais pas de roulage sur cette surface, donc on s’est contenté du shakedown alors que certains concurrents ont fait 2 ou 3 jours d’essais.

On espérait faire quatre passages au shakedown, ce qui nous aurait permis de faire vingt kilomètres et se remettre dans le rythme après deux rallyes terre. Nous sommes partis sur des réglages utilisés en championnat de France mais qui n’ont pas forcément fonctionné tout de suite.

Au final, au premier passage, on fait 4 km mais avec un tête-à-queue et dans le passe suivant, la DS3 tombe en panne, faisceau électrique. Il fallait donc se contenter de ce court échauffement avec seulement 4 kilomètres.”

Le Rallye

Première étape

“On démarre par une spéciale super compliquée, ce rallye était particulièrement glissant, plus que d’habitude d’après ce que j’ai pu comprendre. Ce début de rallye a été une hécatombe dans notre catégorie. Nous sommes partis sur un bon rythme mais la voiture n’était pas du tout adaptée à ces spéciales. Dans l’ES1, on fait d’ailleurs un tête-à-queue dans une épingle, on arrache le pare-chocs avant en voulant repartir tout de suite sans faire marche arrière. Des spectateurs nous ont gentiment ramené ce pare–chocs au parc le dimanche soir.

Dans l’ES2, c’était moins glissant et compliqué, on fait le troisième temps derrière les Skoda à 4 dixièmes au kilomètres, ce qui est plutôt encourageant pour nous. On ne s’attendait pas du tout à être quatrième du WRC-2 après cette boucle car je n’avais pas roulé sur asphalte depuis un moment, nous avions fait un tête-à-queue et le setup de la voiture était totalement inadapté, trop dur pour ces routes. Les pneus dur du mondial sont également difficiles à exploiter, il faut réussir à les mettre en température, mais surtout les garder en température ensuite alors qu’il y avait de nombreuses parties glissantes.

Bonato-1-Allemagne-2016

A l’assistance, notre grand chef Jean-Claude Vaucard a renversé complètement la voiture. On a vraiment tout modifié et je n’aurais jamais imaginé qu’on allait changer tant de choses sur le setup de la DS3 R5. Il a vraiment fait un truc super et dès le départ de l’ES3, on a senti que le setup était beaucoup plus adapté à ce tracé. Malheureusement, au bout de 4 kilomètres, on crève à l’avant-gauche, je n’ai rien senti de particulier, d’ailleurs en caméra embarquée ce n’est pas évident non plus, ça arrive au milieu des vignes dans des cordes très sales. Le pneu a été découpé, donc on mérite cette crevaison, ce n’est pas un manque de chance.

On change donc notre roue en spéciale, on perd deux minutes et on repart derrière la Skoda de Rendina. On le rattrape, puis on le double mais de toute façon la spéciale était cuite. Derrière nous, apparemment Rendina est sorti mais nous on a rien vu sur le moment, c’est assez étonnant (voir vidéo en fin d’article). A l’arrivée de l’ES3, on prend les pressions pour la spéciale suivante et là Denis me dit qu’on a crevé à l’arrière-droit. Là, forcément, nous sommes dégoutés et ce pneu est crevé sur la bande de roulement, autant ici comparée à l’autre crevaison, ce n’est vraiment pas de chance. 

On a essayé de mettre des bonbonnes pour regonfler ce pneu, mais il perdait directement la pression et sans roue de secours, la journée ne pouvait pas continuer.  Pendant un instant, la question du Rally2 s’est posée et on a pris la décision de repartir le lendemain en essayant d’économiser un peu les pneumatiques.”

Deuxième et troisième étape

“On repart avec les mêmes réglages que la veille avec l’objectif de repartir sur un bon rythme, comme si on se battait pour quelque chose. Du côté des pneus, c’était assez compliqué toute la journée, mais globalement on ne sait jamais trompés hormis dans le deuxième passage de Baumholder avec cinq pneus tendres. Mais beaucoup de monde avait fait ce choix alors que le terrain était sec.

C’est sûr que les performances du jour sont bonnes avec notamment un 2e puis un 3e temps, mais bon, la course était terminée pour nous mais ce genre de chronos rassure forcément sur notre compétitivité. Finalement, nous étions plus à l’aise avec le kit évo quand les conditions étaient constamment glissantes alors que sur le sec, c’était plus difficile avec la direction assistée et les retours de volant.

Le dimanche, c’était plus difficile avec des pneus d’occasion puis on voulait avant tout rejoindre l’arrivée et ramener l’auto. Les spéciales étaient sèches en plus cette journée là, et on était un peu plus en retrait dans ces conditions. 

Si on regarde le classement sur la deuxième et la troisième étape cumulées, on serait troisième du général derrière les deux Skoda de Lappi et Kopecky. C’est plutôt acceptable pour un premier rallye sur cette surface cette année. C’est vraiment prometteur pour l’avenir.

Ce que je retiens au final, c’est que si on a des merdes à prendre cette année, on les prend toutes et comme ça l’année prochaine nous sommes tranquilles. Mine de rien, on a crevé dans les vignes, et l’année prochaine on se rappellera de ce moment-là, et cette expérience nous permettra je l’espère, d’éviter ce genre de problème.

Avant les prochaines épreuves, ce rallye nous a permis de reprendre notre rythme sur cette surface et de retrouver l’agressivité de mon pilotage qui est nécessaire sur ce terrain.”

Bonato-5-Allemagne-2016

Baumholder

“Le charme de l’Allemagne, ce sont les vignes et le camp miliaire, c’est ancré dans l’histoire de ce rallye. La Corse, c’est les petits ponts, les montagnes et les vallées, le Touquet, c’est les betteraves et les grands champs. Chaque rallye a sa spécificité.

Le seul truc ici, c’est que chaque année, il y a des accidents assez graves dans une spéciale. Ce n’est pas le rallye en lui-même qui pose problème, mais une spéciale en particulier avec Baumholder. Tu peux te poser la question, est-ce que c’est bien intelligent de se donner à 200% dans une spéciale qui est dangereuse ? Tu peux te dire que c’est ton boulot et que tu n’as pas à te poser la question mais personne ne fait un sport pour se tuer non plus ou se faire très mal.

Même si on prend notre pied dans cette spéciale, avec l’expérience, on se dit vraiment que c’est trop dangereux dans le camp militaire. Sur ce profil de routes, nous n’avons droit à aucune erreur mais ça fait malheureusement partie du charme de l’Allemagne.

La difficulté est spécifique ici, car dans la majorité des spéciales, tu as 30% des obstacles dangereux on peut dire.  Par exemple, en Finlande, on peut être à 30 à 40% mais dans Baumholder, nous sommes plutôt à 90%. Après, peut-être que tous les pilotes ne sont pas unanimes là-dessus, mais jouer ma vie dans une spéciale, ce n’est pas vraiment mon truc.

Dans Panzerplatte, les obstacles (les hinkelsteins en l’occurence) font quasiment partis de la route et non en dehors comme des arbres. D’ailleurs, pour Stéphane Lefebvre, il ne manque pas grand chose pour que ça passe. Je pense que si les blocs de pierre ne sont pas là, ça peut passer, au pire dans l’herbe, il tape de l’arrière et ça pourrait même repartir. Là, il ne peut rien faire. Je n’ai pas vraiment eu d’appréhension à cet endroit l’après-midi, on savait que c’était dans cette portion qu’il était sorti, donc inconsciemment, on a fait un peu plus gaffe.”

Bonato-4-Allemagne-2016

Mont-Blanc + Kit Evo

“On va essayer de repartir sur le même rythme qu’en Allemagne. Au Mont-Blanc, nous n’aurons plus le Kit Evo, c’est un peu les feux de l’amour cette histoire. Nous n’aurons plus le choix de rouler en WRC avec puisqu’on l’a déjà utilisé en Allemagne, j’ai pris ce risque de rouler avec pour espérer un gain de performance. C’était un compromis à trouver entre les avantages et les désavantages de cette évolution. D’ailleurs en Allemagne, PH Sport avec Loubet et Suarez, pilote officiel Peugeot, n’avaient pas cette évolution.

Au Mont-Blanc, on va essayer de se battre avec Sylvain Michel bien sûr. Si on arrive à faire comme au Limousin, je serai déjà très content. S’il est une seconde au kilomètre devant nous, il n’y aura pas grand chose à dire. J’aime bien ce rallye, je connais bien les spéciales et il peut toujours y avoir une météo assez particulière.”





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pleingaz14
pleingaz14
7 années il y a

quelqu’un aurais plus d’info par rapport a ce kit évo , évoqué dans l’article ?

chris
chris
7 années il y a

Merci de nous faire partager ta course ainsi Yoann.