La prestation remarquée de Raphaël Astier



Quelque soit le terrain et quelque soit la voiture, Raphaël Astier n’en finit plus d’étonner, accumulant les performances de haut vol depuis deux ans. 

Pour son retour au volant d’une traction et une première au Monte-Carlo, le pilote ardéchois a survolé le WRC-3, terminant son rallye à la 19e place du général avec plus de neuf minutes d’avance sur son plus proche poursuivant.

A l’aube de ses 26 ans, Raphaël est revenu avec nous sur cette belle performance.

Quel a été ton feeling pour ta première course en 208 R2 et surtout ta découverte du Monte-Carlo ?

“Le rallye était tellement long qu’il fallait évidemment ne pas partir le couteau entre les dents. Donc, je suis parti sur un bon rythme, un rythme où je me sentais à l’aise. Dès la première spéciale ça a payé mais je n’étais pas très content de mon pilotage, c’était un peu haché, je faisais des gros freinages inutiles. Le lendemain, c’était un peu pareil sur la neige, je me suis calé sur un rythme assez sympa mais sans trop en faire car je ne voulais surtout pas partir à la faute. A chaque fois, le chrono était là mais sans trop en faire.

Ensuite, on a accumulé l’avance et la dernière journée, on a vraiment géré avec notamment le dernier passage dans le Turini dans des conditions difficiles.”

As-tu été surpris de ta domination en WRC-3 ?

“Au début, c’est vrai que j’ai trouvé ça surprenant. Je savais que pour les Clio et les DS3 à moteur turbo, la motricité serait plus compliquée à trouver, mais de là à faire un tel écart devant eux, je m’y attendais vraiment pas. J’avais peu d’expérience en traction par rapport à certains. Dans de telles conditions, tu es tellement concentré à ne pas faire de fautes, quelque soit ton rythme, tu peux partir à la faute sur une bêtise. Seul souci pour nous, une crevaison dans une mauvaise corde.

On a bien appris les limites de la voiture et en plus, on a pu évoluer dans pleins de conditions différentes, sur la glace, sur la neige, sur le sec, sur la pluie ou encore sur la boue. On a également pu rouler avec quasiment l’ensemble des pneumatiques disponibles sur un Monte-Carlo.”

Si tu devais retenir une difficulté particulière du Monte-Carlo, laquelle serait-elle ?

“Ce qui m’a marqué, c’est le fait d’avoir de bons ouvreurs (en l’occurence Julien Saunier et Marie-Noëlle Ratier). C’était incroyable, j’avais un peu peur de tout ça et il faut vraiment que les corrections tombent au bon moment, il n’y a pas le droit à l’erreur. Ca enlève une grosse pression, si tu n’as pas d’ouvreurs, tu ne peux pas rouler ou tu es plus rapidement dehors.

Après, une fois que tu as roulé 3-4 km sur la glace ou la neige, j’ai envie de dire que c’est un peu tout le temps pareil, tu sais comment les pneus réagissent aux freinages mais il faut se méfier à ne pas vouloir freiner le plus tard possible.

Côté fatigue, la dernière liaison vers Monaco le samedi soir était assez longue, mais sinon rien de spécial. Après, c’est la première fois que je roule quasiment comme un “officiel”, c’est à dire que je ne m’occupais de rien, j’avais tout à disposition chez CHL. Je devais uniquement me concentrer sur mon pilotage et ça aide forcément.”

J’imagine qu’avec un tel résultat, tes partenaires étaient satisfaits. Quelle est la suite de ton programme cette année ?

“Bien sûr, les partenaires étaient très satisfaits, tout le monde a remarqué un peu la petite perf, cela donne envie de continuer, c’est notre but. On doit faire une réunion prochainement avec un partenaire, si c’est ok, je pourrais officialiser mon programme pour faire 5 autres manches de WRC-3 cette saison, normalement avec la 208 R2 de CHL.

C’est vrai qu’au début on avait étudié un peu le Dmack (devenu JWRC), mais le budget demandé au départ est trop important avec une limite d’inscription qui arrive dans une semaine. Nous n’avions pas la certitude de pouvoir nous aligner sur toutes les manches donc c’était compliqué. 

Mon but était vraiment de faire de l’international cette année pour découvrir les manches du Mondial et le pilotage sur terre, avec l’espoir de faire quelques perfs comme celle du Monte-Carlo.”

Dimanche dernier, tu as fêté tes 26 ans. Tu te donnes encore combien d’années pour réussir une carrière en rallye ?

“Au RallyCircuit, j’ai eu cette même discussion avec Yves Matton qui nous a reçu. Je me plaignais en disant que je voulais directement aller en WRC-2 car j’avais 25 ans. Yves m’a dit de rester serein en prenant l’exemple de Kris Meeke, engagé par Citroën à l’âge de 34 ans et me rappelant aussi que Sébastien Loeb a gagné le championnat de France des rallyes à 27 ans. Ces choses remettent un peu en confiance, je me donne peut-être maximum jusqu’à 30 ans, d’ici-là, il peut s’en passer des choses je pense, enfin j’espère.”

Enfin, on termine sur une petite anecdote du Monte-Carlo. On t’a vu doubler en pleine spéciale Romain Dumas et sa Porsche, pilote qui te soutient depuis plusieurs années. C’était un peu spécial non ?

“C’était assez cool, c’est vrai, j’avais vraiment peur qu’il ne me voit pas au début. Il m’a bien laissé passer à deux reprises. C’était bien marrant de le suivre sur 3-4 kilomètres avant que j’arrive à le doubler, j’avais l’impression de me tirer la bourre directement contre lui.

On a bien rigolé à l’arrivée, Romain a cru que je n’allais jamais m’arrêter à un carrefour en le doublant la deuxième fois.”




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Jeff Boulet
7 années il y a

Sans grands moyens, Raphaël Astier a débuté le rallye en 2010 au volant d’une 205 GTI. En 2013 il débarque en formule de promotion en Twingo R1 où, d’emblée, il joue les podiums, en se battant notamment avec Axel Garcia… il décroche la 6ème place finale, avec un budget modeste. D’ailleurs, il est ensuite forcé de revenir aux « petits rallyes » au volant d’un coupé Z3 qu’il fait voler. Romain Dumas lui loue une 911 GT3 pour Pikes Peak 2016 qu’il termine 1er débutant ! Roulant également sur des épreuves de Coupe de France avec la 996 à Dumas,… Lire la suite »

RP14
RP14
7 années il y a

Superbe perf! On attend la suite avec impatience!