Une arrivée à la Poulidor (Limousin 2012)



Voilà 2 mois que nous avons quitté le Touquet, théâtre de la première manche du Championnat Junior. Deux mois qui nous ont permis de retrouver...

"" />Voilà 2 mois que nous avons quitté le Touquet, théâtre de la première manche du Championnat Junior. Deux mois qui nous ont permis de retrouver une voiture dans les meilleures conditions grâce au soutien de nombreux amis et partenaires comme Ventoux Moteurs Ingénierie qui s’est occupé du moteur, Fred Auto pour la carrosserie, VB Lubrifiant, Azur Protect et la ville de Sarrians pour l’apport financier et bien sûr KS Sport pour le remontage, l’entretien et l’assistance. Une confiance que nous nous devions d’honorer pour cette seconde manche en terre Limousine.

Cette année, le principe de ronde est abandonné pour retrouver un format plus classique. Un parcours de 673,14 km dont 225,53 km d’ES (13) répartis en deux étapes et seulement 6kmsidentiques à 2011, autant dire que les compteurs sont remis à zéro pour tout le monde.

Les deux jours de reconnaissances ont révélé un parcours très rapide mais aussi extrêmement piégeux avec beaucoup de parties en sous bois. De nombreux changements de rythme, notamment dans la longue, mais aussi de grip avec une alternance de tarmac abrasif et de plaques noires. Si la météo s’en mêle, le rallye deviendra très compliqué …

Jeudi pourtant, le soleil est au beau fixe. Des températures estivales très agréables aux bords du Lac de Vassivière, lieu unique pour le parc d’assistance. Après les habituelles vérifications techniques et administratives, je profite de ces quelques instants au calme pour travailler mes notes, qui nous ont donné bien du mal pendant 2 jours. En fin de soirée, direction Limoges en combinaison pour la cérémonie de départ et le passage sur le podium avant la mise en parc fermé.

Vendredi, les 60 km de routiers pour rejoindre le parc d’assistance nous permettent de retrouver un lieu de travail que nous avions abandonné depuis trop longtemps. Une heure précieuse pour retrouver un peu ses marques, roder la mécanique et se mettre dans une bulle. La boule au ventre est étonnamment absente mais on sait tous les deux que la pression elle, est bien là. Pour ce premier tour le choix des pneus parait logique : il a fait beau depuis le début de la semaine et même si le ciel est menaçant rien pour le moment n’indique que la pluie fera son apparition. Encore quelques minutes pour se préparer, faire les pressions et surtout le vide. Une petite marche apaisante vers le CH, amplifiée par le port du casque qui vous isole de l’extérieur. Cette fois on y est. Planté sur la ligne au départ de Saint Moreil et ses 20 km qui donneront le ton. Les premiers kilomètres sont hésitants : il faut faire chauffer les gommes, confirmer les notes et un premier sous-virage limite nous rappel à l’ordre. Le rythme est bon, c’est propre, j’ai le sentiment d’être de nouveau au Touquet. A mi spéciale, Florian me demande pourtant confirmation sur notre rythme « On est bien là ? ». Je m’empresse d’acquiescer mais une fois la ligne d’arrivée franchie c’est un coup de massue qui s’abat sur nous : 17,3s sur Defert, un gouffre !

On se présente au départ du second chrono un peu perplexe même si ce n’est que la première ES. Rapidement pourtant les choses s’aggravent puisque nous heurtons une pierre dés les premiers virages qui causera une crevaison lente. Un train avant flou et surtout un sous-virage excessif dans tous les gauches mettra à mal notre confiance. Encore 10s de perdues mais c’est bien le moral qui est le plus touché. Sur la liaison nous changeons la roue pour tenter de rectifier le tir dans cette troisième spéciale. Malheureusement la pluie s’en mêle et c’est un grand moment de solitude que nous nous apprêtons à vivre avec nos slicks. Il aura suffit de quelques virages pour apercevoir le premier triangle de détresse et une Clio mâchouillée sur le bas côté. Heureusement, le grip n’est pas toujours mauvais et l’allure plutôt soutenue. Dans une descente à quelques encablures de l’arrivée, le « Triangle du Limousin », cousin des Bermudes, est en pleine activité et a fait sa première victime en stoppant Cédric Coste. Cent mètres de verglas noir où même les clous ne serviraient à rien.

A 50km/h, nous bloquons instantanément les roues et sans les signaux de l’équipage en amont nous aurions certainement tous disparus de la liste. Nous passons la ligne avec un retard de 16s, sachant que les premiers n’eurent la pluie qu’en fin d’ES. Une entame de rallye décidément très compliquée où nous sommes passés à côté de notre sujet et les 43s concédées seront dures à rattraper.

Le passage par le regroupement est l’occasion de constater qu’il y a beaucoup de casse, aussi bien au général que chez les Juniors avec déjà quatre équipages manquant à l’appel. La pluie n’a pas cessée depuis la 3 et cela facilite au moins le choix des gommes, N3 pour tout le monde !

Quelques minutes dehors pour faire les pressions m’auront suffit pour être humide avant le départ de la 4. Témoin de notre infortune, les commissaires au CH ont eu la gentillesse de nous laisser dans les autos pour le pointage et me tendent donc une feuille d’émargement trempée et dégoulinante d’encre. Une appréhension au départ sur l’adhérence, vite dissipée par l’efficacité des gommes pluie. Une traction impressionnante sur chaussée détrempée où c’est finalement votre manque d’expérience qui limite les performances. Car il faut oser se dire que l’on peut presque rouler comme sur le sec ! Et la sensation est encore plus trompeuse de l’intérieur car j’avais l’impression que nous avions bien mieux roulés que le matin et au chrono nous perdons 30s sur notre temps, comme tout le monde en fait ! Nous réalisons le second temps de l’ES ce qui nous permet de récupérer la quatrième place et un peu de confiance.

Nous partons dans la spéciale suivante en gardant le même état d’esprit même si nous n’avons aucune idée du temps réalisé dans la précédente, le réseau étant quasi nul malgré nos téléphones Hi-Tech. Les corrections apportées après le premier tour et surtout le piquage au vif, se ressentent et malgré la pluie nous ne perdons que 6s par rapport au matin. Nous réalisons notre premier scratch du rallye, 7s devant Defert et prés de 20s sur Martin. Nous redressons la barre dans ces 2 chronos de l’après midi et on compte bien continuer dans le prochain. Un arrêt de course stoppe quelque peu notre élan mais nous permet néanmoins d’apprendre les 2 bons temps dans les 2 derniers chronos. Un soupçon de motivation bienvenue !

Pourtant, cela ne suffit pas à diminuer notre inquiétude quand à notre niveau d’essence. La jauge indique déjà que nous sommes dans le rouge et il nous reste encore 30 km dont 17 de spéciale.
Avant la mi-spéciale, les premiers signes d’alerte apparaissent : dans les montées la voiture s’étouffe, tousse puis fini par repartir après une grosse perte de temps. « On fait quoi on lâche pour rentrer ou on roule et on voit ?». Les mots de Florian sonnent comme une évidence, abandonner là serait catastrophique et incompréhensible. Les montées sont un calvaire et les descentes au point mort de brèves raisons d’espérer encore. Mais bientôt la ligne d’arrivée en vue et plus que 10 petits kilomètres avant l’assistance. A peine arrivé, je m’en veux terriblement, je suis le responsable des consos, j’ai fait une erreur et cela risque de nous coûter très cher. Mais le chrono n’est pas si terrible que ça : 11s sur le scratch de Dunand et seulement 1s sur Defert, autant dire un petit miracle vu notre rythme, complètement scotché et impuissant. C’est surtout une énorme occasion de reprendre de grosses secondes au leader qui s’envole. Arrivés au regroupement, Geoffrey, le copilote de Steven Bossard, me rassure pourtant en me disant que pour eux le niveau de carburant est nickel avec mes calculs. Il y a donc un autre problème. Florian met en cause la jauge qui leur a déjà joué des tours par le passé, cette fois c’est un avertissement sans frais.

A l’assistance nous remettons le plein, à en faire déborder le réservoir, étant donné que nous partons sur Limoges pour la super-spéciale et qu’il faudra revenir demain avant les premières spéciales. Un exercice qui reste une énigme pour nous mais en pneus pluie sur le sec et avec tous ces trottoirs qui vous crient leur amour pour la jante cassée et le train tordu, mieux vaut rester humble. Nous rentrons quatrième à 9s du podium, autant dire que rien est joué pour demain.

Pour samedi l’objectif est clair : monter sur le podium et le plus haut possible. Sur la liaison, le plafond nuageux laisse entrevoir de brèves tâches bleutées malgré un sol détrempé par les pluies de la veille. A notre arrivée au parc, le soleil pointe timidement mais la prévision est clairement à l’amélioration et on aperçoit maintenant une vraie éclaircie.

Le choix des pneus sera donc bien plus compliqué que la veille. La majorité des premiers quittent le parc en slicks, retaillés ou non mais pas de pluie. Pourtant en 2h, lorsque nous serons au départ, tout peut changer. Le compromis idéal est un mélange de bonnes informations, d’expérience et surtout de chance voir de culot, sachant que nous n’avons pas d’ouvreurs. On décide de partir en slicks retaillés, tout comme Defert. Mais là où le challenge devient intéressant c’est lorsque l’on voit Martin et Perry qui eux partent en pluie. Quatre pilotes, 2 choix différents. Dans ces moments, vous avez toujours le sentiment d’avoir fait le mauvais choix, vous réfléchissez sans cesse, vous commencez à regretter, à douter et avec la pluie sur la longue liaison vers la spéciale, vous imaginez notre état d’esprit !

Pourtant, plus on se rapprochait de Mont Gargan, plus le sourire reprenait place sur nos visages. Le sol était sec, le ciel bien bleu et la chaleur au rendez vous. Au moment de se préparer on sait qu’on a fait le bon choix. La première partie du plus long chrono du rallye, 30 km, est très rapide et bien exposée au soleil. Puis on attaque une descente et une grande partie en sous bois, beaucoup plus sinueuse et sale où nos slicks retaillés seront un peu juste. Florian est à l’aise sur les longs chronos où il faut savoir gérer son rythme et il apprécie d’avantage les spéciales du samedi beaucoup plus rapides. Le moment idéal pour porter une grosse attaque.

On part sur un gros rythme en faisant attention aux plaques noires encore humides. Les vitesses atteintes sont démentielles : au bout des Hunaudières (comment ça je confonds ?), on fleurte avec le rupteur de 5 soit quasiment 190km/h, 20 de plus qu’une S2000 ! Au moins un endroit où on peut rivaliser avec les tous meilleurs ! La descente est plus délicate car avec ce très gros grip, les pneus souffrent et surchauffent. Il faut reprendre une conduite plus propre, moins agressive. On commence la seconde partie en sous bois, sale et sinueuse. La conduite est plus imprévisible, sans cesse surpris par des cordes venues d’ailleurs, une route tantôt humide, tantôt sèche et des notes pas toujours très précises. Un gros travail de correction est alors nécessaire pour rouler serein au second passage. Pas facile pour Florian de rester concentré sur la route en roulant vite, anticiper les pièges et corriger en même temps et pour moi le danger de perdre le rythme voir de se tromper ou d’annoncer trop tard une note. A 5 km de l’arrivée, Perry fait une faute et se retrouve sur le flanc, le toit sur une butte, ils pourront finalement repartir en ayant perdu prés de 3min. On passe entre les pièges et on franchi la ligne satisfait de notre ES. On tient notre second scratch du w-e, 1s sur Defert mais surtout 43s sur Martin, ce qui nous permet de gagner 2 places d’un coup. La joie est pourtant de courte durée puisque nous avons une importante fuite d’huile de boite, les pilotes derrières nous suivent à l’odeur !

Dans le premier village, on cale la voiture sur un trottoir, le cric naturel, pour tenter d’y voir plus clair mais rien. Pas de choc, de trace de coup, on pense forcément au pire. Il faut continuer et advienne que pourra. Cette spéciale est assez compliquée, comme la seconde partie de Mont Gargan. Mise à part la glisse à l’entrée d’un petit pont qui aura surpris beaucoup de monde et un léger 2 roues « d’attaque » qui auront accéléré notre rythme cardiaque, la spéciale se déroule bien. Cette fois nous réalisons le second temps derrière Dunand mais surtout nous reprenons 4s à Defert et 22s sur Martin, une bonne matinée. A l’assistance, Alain, Jacques et Ludo ne chôment pas pour trouver cette satanée fuite et nous maintenir dans la course. Ils identifient finalement le reniflard débranché, un soulagement pour tout le monde et surtout nous ! Nous repartons avec la même monte de pneus tandis que Defert choisit des slicks non retaillés. Risqué ?

Le ciel commence à se voiler mais la pluie n’est pas attendue avant le milieu d’après midi. Tout le monde part en slicks et espère avoir raison ! Il reste 40s à rattraper et un peu plus de 77 km, alors pourquoi pas. Une très légère averse est tombée à quelques endroits de l’ES si bien que la route peut être sèche puis humide à la sortie d’un virage. Au premier inter nous sommes dans les temps de ce matin mais à mi-spéciale nous accusons quelques secondes de retard. La seconde partie reste toujours compliquée, malgré nos modifications. La petite pluie n’a pas arrangée les choses, ni les 4 roues qui partent devant. Juste avant la fin, nous arrivons fort sur un gauche, puis un enchainement rapide de virages type Nouvelle Zélande. A prés de 130km/h la fin du freinage sur ces plaques noires est un exercice très périlleux mais l’enchainement suivant est carrément dangereux : à l’image de la veille, la voiture glisse comme sur une patinoire, vous êtes en apnée pendant quelques secondes puis vous respirez une fois la frayeur passée. Dunand fait un temps canon dans celle-ci et nous en pose 12, pourtant nous reprenons d’un coup 15s à Defert et nous revenons à seulement 25s ! La bataille est plus que jamais ouverte.

Le temps de bricoler la ligne d’échappement qui s’est déboitée dans le chrono, nous prenons le départ avec en ligne de mire une place qui semblait inaccessible la veille. Dés le début pourtant, les pneus slicks nous rappellent à l’ordre. Nous perdons 2 fois l’arrière dans des courbes serrées et pourries, là où nos pneus sont impuissants. Une fois à la bonne température, le rythme est plus soutenu et nous restons exactement dans les mêmes temps que le matin. A l’arrivée, nous perdons 2s sur notre chrono et nous voyons Defert devant le tableau d’affichage qui attend avec beaucoup d’impatience notre temps. Cette fois, il nous reprend 7s et se donne un peu d’air avant les 2 dernières spéciales.

Un ultime détour par l’assistance pour notre dernier choix de pneus, qui est loin d’être le plus évident vu la météo. Cette fois il fait gris et la pluie est annoncée de façon quasi certaine, mais pour quand ?

Nous chaussons la même monte de pneus, en espérant que la pluie attende la ligne d’arrivée pour décider de tomber. Difficile de choisir la tactique à adopter pour ces 30 derniers kilomètres de spéciale : l’envie de ne rien lâcher ou celle de terminer à tout prix ? Les 2 sont rarement compatibles mais c’est pourtant dans ces conditions que les plus belles victoires se construisent. Notre situation nous interdit cependant le moindre faux pas et une seconde place serait un formidable retour dans la course. C’est pour cette dernière solution que nous avons opté, surtout que la marge par rapport au troisième est confortable. Un petit luxe alors que bien souvent le moindre relâchement est interdit tant les écarts sont faibles. Nous effectuons donc ces 2 dernières spéciales sur un rythme de sénateur, assurant chaque partie délicate et attaquant là où on se sentait bien. Defert fit de même mais la bataille pour la troisième place elle faisait rage. Martin revenait à 0.4s de Serieys avant le dernier chrono, autant dire que la tension était à son maximum. Au point stop de Champnetery, on voit la Twingo blanche et orange de Serieys bien amochée, résultat d’un tonneau en milieu d’ES, réduisant à néant ses chances pour le podium. Ils conservent cependant la quatrième place, maigre consolation quand on est si proche du but, on en sait quelque chose.

Nous pouvons enfin respirer et relâcher la pression, la satisfaction du devoir accomplie avec une seconde place que nous sommes allés chercher intelligemment durant la matinée. Après ce Touquet cruel, l’état d’esprit est tout autre en ce samedi soir. La rencontre de l’enfant du pays, Mr Raymond Poulidor quelques jours plus tôt nous aura peut être porté chance. Nous revenons dans le match et on sait qu’on sera là au Rouergue. Comme un signe du destin, la pluie tombe de façon abondante peu après le point stop et ne nous lâchera plus de la soirée, mais quelle importance maintenant !

Arrivée à Limoges, nous retrouvons la famille Bernardi et notre assistance pour les remercier, non seulement d’avoir fait un super boulot tout le w-e mais aussi pour avoir remué ciel et terre pour être engagé. Ce podium est aussi le leur et cette fois pas d’événement perturbateur pour nous en empêcher ! Nous profitons avec bonheur de ce moment particulier qu’est le podium et nous attendons déjà avec impatience la prochaine manche au Rouergue en imaginant gravir cette dernière marche qui parait si proche.




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briwan
briwan
11 années il y a

c’est sympa de nous raconté ta course!!! que d’emotion!!! bonne continuation pour la suite!!!