2C Compétition maintenant dans la cour des grands



Avec deux Hyundai i20 WRC arrivées au coeur de l’été dans ses ateliers, l’équipe 2C Compétition était forcément impatiente de les voir débuter en compétition.

Ce fût chose faite le week-end dernier en Italie à l’occasion du Rally di Roma Capitale. Au volant d’une Hyundai i20 WRC qu’il découvrait, Pierre-Louis Loubet a ainsi évolué au volant de la première WRC de dernière génération gérée par un team français en compétition. Très régulier et auteur de performances convaincantes pour sa première apparition, le jeune tricolore a parfaitement lancé son équipe en vue de prochaines échéances très attendues.

Avant un prochain départ au Rally di Alba ce week-end, nous avons échangé au sujet de cette nouvelle aventure avec Florent Peronnet, team manager et ingénieur de l’équipe 2C.

Avant de parler du week-end dernier en Italie, comment s’est déroulé la reprise chez 2C Compétition ?

“La reprise a été intense. On a récupéré les voitures (2 Hyundai i20 WRC de 2019) pendant la première semaine de juillet. Il a fallu préparer les voitures avec les lots de bord et installer des outils spécifiques. On a pris par exemple 2/3 jours à ajouter et adapter des accessoires et des rangements que l’on utilise habituellement sur nos voitures. Ainsi, Pierre-Louis par exemple et son copilote, ont retrouvé des automatismes appris avec la Skoda.

On a ensuite fait un roulage sur circuit…J’ai vu des critiques à ce sujet mais cette séance représentait de nombreux avantages. Déjà, le circuit a été désigné comme notre base d’essais permanente et cela permet de rouler sans avoir de décompte au niveau de la réglementation. Nous sommes considérés comme un constructeur et nous avons seulement droit à un jour d’essai par rallye effectué en Europe, ce qui limite le roulage.

Cette séance a été l’occasion pour Pierre-Louis d’apprendre et de se familiariser avec une voiture nouvelle, sans avoir la crainte de réaliser quelques fautes comme dans une spéciale entourée d’arbres par exemple. Cela lui a permis également de comprendre plus rapidement l’aérodynamisme de cette voiture qui est un paramètre nouveau. On a ainsi pu essayer différents réglages pour passer des courbes de plus en plus vite. Il a ainsi découvert l’effet de sol sur cette Hyundai et a pu gagner beaucoup de temps pour apprendre l’incidence de tout ça.”

Et donc ce premier week-end avec la Hyundai i20 WRC. Comment c’était ? 

“Cela s’est super bien passé. On sait que Pierre-Louis est rapide. Nous sommes restés sur les acquis de fin de saison avec lui, même si le dernier roulage asphalte remontait à la Catalogne 2019. Il a rapidement eu une bonne pointe de vitesse, même si, il ne faut pas se leurrer, Dani Sordo n’était pas à 100%.

Le gros point positif est de voir que l’écart n’était pas si conséquent que ça et qu’il était régulier. Nous n’avions de toute façon aucun objectif de performance sur cette épreuve, ni même pour Alba ce week-end. Le but est et reste d’apprendre techniquement la voiture et faire des kilomètres. 

A Alba, on va arriver sur un terrain assez semblable à l’Allemagne, bien différent de Rome. On va pouvoir établir un écart pour se comparer face à des pointures du championnat comme Neuville et Tänak, tout en continuant de progresser.”

Les deux i20 WRC de chez 2C sont dans une configuration de mi-2019. Est-ce pénalisant ?

“On a l’ancienne aéro mais aussi une évolution moteur en moins. C’est une voiture avec des spécifications de mi-2019 en gros. Côté performance, ce sera un peu plus pénalisant en Estonie avec une aéro moins élaborée, mais pour le reste, l’écart n’est pas très important avec les officielles.

On préfère avoir un peu de retard au niveau des évolutions mais avoir un produit parfaitement établi et que l’on connaît parfaitement. Nous sommes sur un programme privé et le but est d’être le plus autonome possible. Dans cette idée, nous avons intégré, dès la fin du rallye du Mexique, un mécanicien venant de l’équipe officielle. Grâce à lui, on a gagné du temps sur différentes choses.”

Quel est ton sentiment au début de ce moment historique pour l’équipe ?  

“Je suis bien sûr très content, c’est un peu comme un accouchement après plusieurs mois de grossesse. Depuis janvier, j’attends que tout soit enfin en place. Nous avons réussi à monter en WRC, c’est un rêve qui devient réalité. Cette évolution représente aussi beaucoup de stress avec une attente et une visibilité accrue à tous les niveaux.

Il y a aussi le stress amené par Andrea Adamo (rires), qui prend souvent des nouvelles sur le parc et c’est d’ailleurs la bonne attitude à adapter. Tout cela est positif et nous donne une pression pour être encore meilleur.”

En cette fin d’année, le calendrier va enfin démarrer mais le timing promet d’être intense et doit être encore être précisé d’ailleurs. Tu peux nous faire un état des lieux ?

“Le plus gross stress est vraiment sur la suite de ce calendrier et cette fin de saison. Normalement, la Turquie est avancée d’une semaine et cela complique vraiment les choses logistiquement. Il faut arriver à s’organiser en temps et en heure.

Pour l’Estonie, en temps normal, nous aurions déjà réservé la séance d’essais avant la course. Pour l’instant, nous attendons des précisions pour tout ça car nous avons de grosses craintes du côté des plannings

Chez 2C, nous avons l’habitude d’anticiper à mort, mais là c’est impossible même en imaginant  tous les scénarios possibles. Si l’agenda se densifie avec l’ajout d’Ypres entre la Turquie et l’Allemagne, on fera appel à des prestataires externes qui ont déjà travaillé avec nous par le passé. On ajoutera aussi par exemple des chauffeurs pour faire le voyage jusqu’en Estonie et en Turquie.”

Quel est ton avis sur le planning actuel (des changements sont attendus avec l’avancée de la Turquie et l’intégration d’Ypres) ?

“Est-ce qu’il est intelligent d’aller Turquie ? Il aurait sans doute été préférable de se concentrer sur l’Europe à l’image de la F1 qui n’hésite pas à accumuler les épreuves. En octobre, on aurait pu rouler en Catalogne sur l’asphalte en parallèle de la manche du championnat d’Espagne des rallyes, surtout que l’Espagne sera présent en WRC en 2021.

Les constructeurs auraient préféré rester en Europe. La présence de la Turquie au milieu de ce calendrier complexifie les choses au niveau du nombre de chassis. Les équipages n’auront aucune pause pendant deux mois (dans le cas où le changement annoncé plus haut est validé).

Il y a des limitations réglementaires au niveau des chassis et s’il y a des sorties et des chassis non réutilisables, il faudra de grosses ressources pour construire des voitures et rouler jusqu’à la fin de saison.

Aujourd’hui, l’équipe effectué une séance d’essais avec la 2e Hyundai i20 WRC du team, pilotée par Luca Pedersoli ce week-end. Comment cela s’est passé ?

“Très très bien. Nous connaissons déjà Luca après lui avoir vendu une WRC dans le passé. Donc nous avons déjà travaillé avec lui en l’aidant techniquement. Pour lui, c’est vraiment un rallye 100% pour le plaisir. Il n’aura pas les mêmes objectifs que les autres et aura une voiture semblable à celle de Pierre-Louis. Il y a des tonnes de réglages à assimiler pour piloter cette voiture au maximum, donc il faudra apprendre progressivement.”




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Sylvain
Sylvain
3 années il y a

On comprend mieux le circuit : “base d’essai permanente” donc pas décomptés…

Très intéressant tout ça…