Un mois après la Croatie et une belle première en catégorie reine, Adrien Fourmaux a continué son apprentissage de la WRC en s’attaquant cette fois à la terre du Portugal. Au cours d’une épreuve pleine d’enseignements, l’espoir français a terminé au 6e rang final.
Au lendemain de cette performance, le pilote M-Sport est revenu avec nous sur cette épreuve, évoquant les faits majeurs de sa course, tout en évoquant les pneumatiques et la Sardaigne, son prochain rallye.
Bonjour Adrien. Tu viens de terminer ton premier rallye terre au volant d’une WRC à la 6e place. Quel est globalement ton bilan ?
“Le bilan est hyper positif. On a pu évoluer avec des conditions de routes souvent différentes en partant 7e, 4e ou encore 2e. On a vu un peu de tout et on a su faire des bons temps dans chaque situation.
On a eu petit un souci mécanique le vendredi qui nous a handicapé sur la boucle de l’après-midi. Avec ce problème, cela nous a contrait à ouvrir la route le lendemain. C’est dommage car nous avions beaucoup ciblé cette journée pour éviter de balayer le samedi justement.
C’était évidemment un gros challenge d’ouvrir la route et nous sommes contents d’avoir pu être constants, tout en montrant de la vitesse et en parcourant un maximum de kilomètres pour mon apprentissage”
Quel a été ton problème le vendredi après-midi ?
“Sur la durée d’une boucle, j’avais un problème de pompe à eau, c’était perturbant ! Je devais lever les gaz quand l’alarme apparaissait au tableau de bord et on m’a dit que si je restais sur les gaz plus de 3s quand cette alarme était activée, j’avais un risque de casser le moteur. Dans une spéciale, j’ai dû lâcher les gaz au moins 20 fois en ligne droite. Et pourtant à l’arrivée, le chrono n’est pas si mauvais (à 14s du scratch), c’est bien dommage, surtout que j’avais ciblé cette spéciale pour tenter de faire un temps plus sympa.
Dans la spéciale suivante de Mortagua, j’ai fait une erreur dans un gauche. J’étais perturbé dans le virage d’avant par cette fameuse alarme et je n’étais pas assez concentré.”
Comment as-tu vécu la journée de dimanche avec une bataille face à ton coéquipier Gus Greensmith ?
“Pour cette journée, c’était important pour moi d’être devant lui dans la nouvelle spéciale, et on l’a fait à deux reprises. Dans les autres spéciales, c’était plus compliqué car Gus connaissait bien pour avoir déjà roulé cinq fois au Portugal. En plus, après avoir eu ses problèmes la veille, il avait des pneus plus frais que moi. D’ailleurs, il faut savoir qu’on a fait 180 km avec le même train de pneus tendres !
On a joué une belle bagarre avec lui. Gus a vraiment fait un très bon rallye avec deux 2e temps et un 3e temps.”
Gus et toi avaient rencontré un problème similaire pendant le week-end. Quel est le souci ?
“On a un axe de travail pour remédier à ça, c’est lié à l’évolution moteur de la Croatie et j’ai confiance dans l’équipe pour le résoudre rapidement.”
Quelle spéciale as-tu le plus apprécié ?
“Je suis content de toutes mes spéciales et j’ai pris du plaisir dans chacune d’entre elles. Amarante est l’une des plus belles du rallye. C’est vraiment une route magnifique et quand j’ai ouvert la route samedi matin, c’était un vrai billard. C’était très joli à rouler. La première du dimanche était également très belle, avec du banking notamment. Elle était nouvelle donc j’avais également en tête d’être vraiment performant dans ce chrono.”
Quels sont tes axes d’amélioration ?
“J’ai plusieurs pistes pour m’améliorer bien sûr, et heureusement. Le dimanche, je n’ai pas pu être aussi performant que les autres jours (hormis dans la nouvelle spéciale) car les autres connaissaient par coeur et mes pneus étaient déjà usés à 70-80% ! J’avais donc beaucoup de patinage. On a pu voir que Neuville a réalisé le scratch dans le premier passage de Fafe alors qu’il ouvrait la route. Il avait des pneus quasiment neufs et on voit bien que le grip mécanique a fait la différence.
Pour les choses à améliorer, il faut notamment progresser sur l’impact des freins et du volant. Il faut que je sois un peu plus fluide même si la découverte de nouvelles spéciales fait que tu es un peu moins précis.”
Qu’as tu pensé des pneumatiques Pirelli et plus précisément du stock de pneus tendres à disposition au départ (au nombre de 8) ?
“Douze tendres auraient été biens ! Mais c’était compliqué pour le constructeur d’anticiper une météo aussi fraîche et humide à cette époque au Portugal. Les températures sont normalement plus proches de 30°C que de 10°C comme c’était le cas cette année. Même pour les deuxièmes passages, on prenait des pneus tendres. Heureusement que nous n’avons pas eu d’eau, car ça aurait été très compliqué de faire et finir ce rallye. Globalement, il y avait trop d’humidité pour rouler avec les pneus durs.
Il y avait également un souci de délaminage des pneumatiques sur l’autoroute le samedi soir, Hyundai a été particulièrement touché par ce problème ! De mon côté, j’ai gardé un pneu avec une bande de roulement très usée pour faire la super-spéciale de Porto.
Par contre, on peut se réjouir de ne pas avoir eu beaucoup de crevaisons, contrairement à l’édition 2019 où beaucoup de pilotes avaient justement crevé, il est vrai, dans des conditions différentes.”
Tu n’as pas eu l’opportunité de vraiment essayer cette WRC comme il le fallait avant le départ. N’est-ce pas ?
“Par rapport à la Croatie, les tests se sont clairement moins bien passés. Cela m’a beaucoup pénalisé sur le rallye, j’ai fait des tests pendant l’épreuve et on perd forcément un peu de temps dans ces conditions. J’ai même pris la décision d’arrêter les essais avant la fin car il n’y avait rien à apprendre selon moi et le risque de sortie était trop important. L’équipe a compris ma décision. Au final, en une journée, on a peut-être fait 10 km dans des conditions intéressantes pour le rallye la semaine suivante.”
Quel sera ton objectif en Sardaigne la semaine prochaine ?
“Me battre pour la victoire. J’ai déjà fait ce rallye deux fois et on a pu démontrer de bonnes performances sans pouvoir concrétiser. Donc je veux jouer avec les meilleurs, le niveau va être très élevé, je pense à Ostberg et Mikkelsen notamment. C’est dommage que Lappi ne soit pas là car c’est une bonne référence pour nous.
Je n’aurais pas d’essais pour cette épreuve et je n’aurais donc pas roulé avec cette voiture sur terre depuis très longtemps (Sardaigne en octobre dernier). J’ai en plus des trucs à essayer sur la barre anti-roulis et je vais pouvoir le faire lors du shakedown. Sortir de la WRC et monter dans la Rally2 sans un mètre d’essai ne va pas être simple. Il faudra également découvrir les pneus Pirelli pour les Rally2 mais mon équipe a déjà de l’expérience de ces pneus donc c’est important.”
Oui bien d’accord avec vos commentaires.
Je croise les doigts qu’il soit notre relève française.
Le vrai côté positif, c’est lui!
Il sait où il va, il voit tout ce qui se goupille bien, et cela l’aide à positiver et à nous ‘vendre’ son Portugal.
Il est super crédible.
Ok, il est pilote M-Sport, les anglais de wrc+ nous en parlent forcément bien, mais sur Fourmaux ce ne sont que des éloges. C’est clair que cela aide aussi tout le monde qui bosse autour, il attire la sympathie, dans un monde de communication c’est un atout en plus.