Une semaine après sa troisième place au rallye Monte-Carlo, Adrien Fourmaux avait encore le sourire au moment d’évoquer sa performance, mais ressentait également une petite déception par rapport à sa fin de course qu’il espérait encore plus belle.

Dans cette nouvelle chronique, le Nordiste revient sur sa belle semaine de janvier, avant d’évoquer son prochain rendez-vous en Suède où il s’attend à être moins performant.
À l’arrivée, avais-tu plutôt un sentiment de frustration d’avoir loupé la victoire, ou de satisfaction de cette 3e place ?
“Forcément un peu déçu, car je t’avoue que sur la longue liaison entre le Corobin et le Turini, on avait 15°C et un grand soleil, et on était sûr que ça allait fondre. On avait les pneus pour tenter un truc, et ça aurait pu être un coup de génie.
Ce final m’a un peu rappelé les Monte-Carlo d’avant les années 2000, où un coup de poker était encore possible dans les derniers instants de la course. L’histoire aurait été belle, j’y ai vraiment cru.”
À quel point as-tu hésité dans ton choix de pneus pour le Turini ?
“On avait un beau soleil et des températures assez hautes au départ, mais dans le Turini, la température était finalement proche de 0°C. On aurait pu tenter le coup. Avec les 4 slicks, on aurait été en tête du rallye en haut du col, mais dans la partie d’après, ça aurait été compliqué sur les 3-4 km de glace. Avant le départ, notre ouvreur m’a appelé et m’a dit que ce choix pourrait être risqué.
Finalement, on a été sages, et il valait mieux sécuriser notre podium. Partir avec 4 slicks, c’était prendre les risques de faire une connerie et de tout gâcher pour le championnat.
Au final, ce résultat est très satisfaisant pour nous débuts avec Hyundai. C’est frustrant, mais positif pour le championnat. Nous sommes quasiment les seuls parmi les Rally1 à ne pas avoir fait d’erreur : aucune frayeur, pas de tête-à-queue, rien. C’est une superbe course pour nous, avec des temps scratchs, beaucoup de top 3 et une bagarre continue face à Evans et Ogier.
En plus de ça, on a eu beaucoup de soutien pendant toute la semaine et c’était vraiment sympa. Lors du “Meeet the Crews” le soir à Gap, l’ambiance était folle, avec un bel engouement de tout le monde.”
Même si tu as signé cinq podiums l’an passé, ce podium semble un peu différent car tu as toujours été en lutte pour les premières places. C’est ton avis ?
“C’est vrai que c’était rare de tenir ce rythme sur toute une semaine l’an passé. Je me souviens quand même de la Pologne où l’on était dans le match pendant trois jours. En Suède, c’était aussi un mano à mano avec Evans pour le podium, mais surtout sur la journée du samedi, pas sur l’ensemble du rallye.
Je place ce podium en première position de ma carrière. La Suède, c’était quand même quelque chose, mais le Monte-Carlo est mon rallye de coeur, le premier où j’ai marqué des points dans ma carrière, et aussi le début d’une belle histoire avec Hyundai.”
Au cours du week-end, tu as notamment réalisé un très bon scratch dans l’ES6 (vendredi soir). L’embarquée sur Rally TV a été vraiment impressionnante.
“Dans celle-là, je savais que les écarts pouvaient être importants chaque année, notamment sur la dernière partie. Je savais donc que l’on pouvait gratter un peu de temps sur la fin en étant sur un gros rythme. En plus, j’ai toujours bien aimé ce chrono, et je me rappelle d’une belle bagarre en 2021 avec Camilli. Il y a pas mal de compressions sur la fin, et en plus avec de la glace, c’était vraiment sympa.
J’ai donc mis beaucoup de watts, un peu comme lors de la Power Stage de Croatie 2024, car c’était une spéciale où je me sentais bien. Tout était réuni : le bon choix de pneus et le bon feeling. Quand tu roules comme ça, tu sais que ça va faire un temps, mais tu sais aussi qu’en roulant à un tel rythme, tu t’exposes à des problèmes. En roulant à 100/110% sur un Monte-Carlo, tu ne peux pas aller au bout.”
Même si tes choix de pneus ont été globalement les bons, tu as peut-être fait une erreur le jeudi soir ?
“Le jeudi soir, on a voulu croiser les slicks et les neiges, et ce n’était pas forcément le bon choix. C’était humide, et on voulait un peu plus d’évacuation avec les pneus neiges. Je n’avais aucun feeling, la balance de la voiture n’était pas bonne, et on s’est fait démonter. On perd 25s dans une seule spéciale (ES3) alors que les autres avaient quatre slicks.”
Comment te sens-tu dans cette équipe que tu découvres encore ?
“On sent déjà une équipe qui nous fait confiance, et qui est heureuse de notre arrivée. C’est important de bien nous sentir comme ça tout de suite. Entre coéquipiers, j’avais un peu peur de ne pas retrouver l’esprit de M-Sport, et finalement c’est le même sentiment avec Thierry et Ott.”
Est-ce que cette performance au Monte-Carlo change quelque chose dans tes objectifs de la saison ?
“Non. Quand on se fait plaisir, on fait des temps, et il faut garder ça à l’esprit. L’objectif pour le championnat est clair, et il n’a pas changé après ce Monte-Carlo. Comme l’an passé, on espère être en bagarre pour le podium du championnat à la mi-saison, puis rester en capacité de faire ça sur la deuxième partie de l’année.
Le Monte-Carlo n’est qu’un seul rallye dans le calendrier, il en reste 13, tous différents.”
As-tu joué un peu avec le setup de ta Hyundai ?
“Je n’ai pas voulu trop changer, et j’ai voulu me concentrer sur les spéciales avant tout. J’aurai peut-être dû le faire le samedi après-midi dans des conditions plus sèches. J’avais une voiture trop dure, et Ott avait un meilleur setup que nous avec une voiture plus souple. Ce sont des petits détails qu’il faudra retenir.”
Tu as roulé en essais pour la Suède la semaine dernière, et il semble que les conditions n’étaient vraiment pas idéales.
“C’est le moins que l’on puisse dire. Il avait plu la veille et ça n’avait pas regelé dans la nuit. Il y avait un peu de glace, mais ça n’a pas duré très longtemps, c’était vite du slush et sans mur de neige. On s’est assez vite retrouvé sur la terre.
Les conditions étaient très bonnes à Umea les années précédentes, donc notre préparation n’est pas idéale. On va espérer que la météo soit plus chaude cette année. En décembre, lors de notre découverte de la Hyundai en configuration terre, on avait pas mal roulé en Pirelli, faute d’un stock suffisant de Hankook. Donc notre connaissance des pneus dans de bonnes conditions n’est pas énorme.”
Qu’as-tu pensé des remarques de Rovanperä à l’Arctic Rally à propos des pneus Hankook ?
“Je ne pense pas être aussi négatif que Kalle, et je ne suis pas tout à fait en accord avec lui. Les pneus sont vraiment bons sur la glace et le sol dur, mais c’est vrai que c’est plus compliqué sur la neige fraîche. Par rapport à Pirelli, l’usure des clous est différente et il va falloir s’adapter.
Après le Monte-Carlo, on peut dire que les pneus sont mégas solides avec une bonne résistance au niveau de la carcasse du pneu. Du côté de la performance, on a tous la même critique avec un pneu trop dur, que ce soit en super-tendre ou en tendre.”
Comment se présente le rallye de Suède pour toi ?
“Franchement, on va se faire démonter. J’espère que la surface sera dure pour mieux exploiter les pneus, et être moins pénalisés par notre position sur la route. Les pneus devraient rester stables sur toute une boucle, et ce ne sera pas une loterie avec par exemple des délaminages comme on a pu le voir les années précédentes.
L’an passé, on s’est vite retrouvés en 3e position sur la route (avec l’abandon de Tänak), et on avait quand même pu expérimenter le balayage sur la neige. Ce ne sera pas simple, mais ça fait partie du jeu. Il ne faudra faire aucune erreur, spécialement le vendredi. On sait très bien que l’écart de performance sera trop important pour être compensé par une prise de risques plus grande. On se rappelle de Lappi qui a gagné l’an passé en partant loin.”
Un article très intéressant qui apporte plein d’informations de l’intérieur sur sa course, son vécu, son équipe, les pneus… Merci RS
HBD cher Craig ……
Dans qq jours , on aura une belle pensèe pour toi et tes proches en Suede .
Ton sourire a l’arrivèe de Brattby en disait long sur l’amour que tu portais a ton sport ….
Tu manques .