A.Fourmaux : “Très content de ma saison” (Japon)



Pour clôturer leur saison 2024, Adrien Fourmaux et Alexandre Coria ont terminé par une bonne note en montant sur le podium du rallye du Japon.

Comme après chaque week-end cette année, le Français est revenu avec nous sur sa course et plus globalement sur sa saison. En fin d’interview, on a également évoqué l’actualité récente du WRC. 

Nouveau podium pour toi, ton premier sur asphalte, une bonne manière de finir ta saison même si ta course a été plutôt irrégulière.

“Le rythme s’est amélioré régulièrement au cours du week-end, comme assez souvent cette saison. Il ne faut pas négliger ce podium car on avait eu un problème sur asphalte en 2022.

Il faut aussi se rappeler du contexte pour le Japon. C’était le rallye pour boucler la boucle. L’an dernier, je n’avais fait que 10 km et on avait dit bonjour à la rivière et à Dani (Sordo). Ça a l’air typique du Japon avec Tänak et Kovalainen qui ont fait pareil cette année ! On a eu de la pluie la veille du départ, et les conditions n’étaient pas évidentes le premier jour.

Dès le shakedown, j’ai senti que la voiture était un peu en dedans avec pas mal de sous-virage. Après ça, on a bien amélioré la voiture et on fait le scratch dans la première spéciale avec l’aide des néons sous la voiture (rires) !

Pour le lendemain matin, on a changé pas mal de choses sur le setup pour s’adapter aux conditions glissantes. On avait quand même du sous-virage et quelques problèmes de freins. Rien n’allait et on a ramassé une seconde au kilomètre par rapport aux meilleurs.

Après ça, on a petit à petit changé des choses et ça allait toujours dans la bonne direction. À partir du samedi matin, les réglages étaient nickels et on n’a quasiment plus rien touché à la configuration de la voiture jusqu’à l’arrivée. C’était sympa de se battre avec Taka et Seb qui remontaient petit à petit après leur crevaison.”

Tu avais finalement pas mal de facteurs qui t’ont empêché d’être plus au contact des meilleurs.

C’est ça. Malheureusement, on paie encore notre manque de préparation et on a galéré la première journée, comme trop souvent cette année sur de nombreux rallyes. Avec ce manque d’essais, on a encore sacrifié le vendredi pour faire quasiment une journée d’essais.

Sur ce rallye, j’avais aussi un handicap important d’expérience. Les autres pilotes avaient déjà roulé lors des deux dernières années et je découvrais de nombreuses spéciales. Et même si mes notes étaient très bonnes, j’ai forcément eu du mal à être proches d’eux lors des premiers passages.

À l’Europe Centrale, on a eu quelques problèmes d’amortisseurs, et on a donc décidé de mettre de nouveaux amortisseurs testés en essais quelques mois avant. On n’avait pas grand-chose à perdre en faisant ça. Je n’ai pas eu le bon feeling tout de suite et il a fallu revoir totalement le setup. Au final, c’est hyper positif.”

Tu as pu assister à la bagarre pour les deux titres de champion du monde. Comment as-tu vécu ça ?

“C’était top de suivre les deux championnats comme ça, c’était nouveau pour moi de le vivre de l’intérieur. En plus, on avait un rôle à jouer et c’était hyper intéressant à suivre. C’était magique de voir les deux teams ensemble à la Power Stage. De mon côté, je ne voulais pas trop interférer dans la dernière spéciale. On n’améliore pas notre temps au deuxième passage (+2s), contrairement aux autres, car j’ai préféré les laisser se décider entre eux et que le meilleur allait gagner tout simplement.”

Quelques mots peut-être à propos du titre de Thierry Neuville ?

“Félicitations à lui bien sûr. Il a fait une seule erreur cette année en Sardaigne, c’est remarquable. Il a fait une très belle saison. Il a pris 13 saisons pour y arriver. Il n’a jamais abandonné et cela montre une belle mentalité, et aussi la difficulté de gagner un titre. C’est aussi le premier titre pilotes pour Hyundai, et c’est bien pour le sport. Ce n’était pas simple cette année avec les pilotes partiels, et malgré ça, ils ont marqué de gros points sur chaque manche.”

Ta saison 2024 est donc terminée avec une 5e place au championnat pilotes et notamment 5 podiums. Quel est ton bilan ?

“Je suis très content de ma saison. On fait 5 podiums avec 2 autres qui semblaient très jouables sans nos problèmes mécaniques (Sardaigne et Chili sur des problèmes d’alternateur). On a réussi à être performants sur tous les types de terrains avec d’ailleurs des podiums sur chaque surface.

On a quasiment joué les troubles-fêtes sur tous les rallyes de l’année. Même quand on était un peu en difficulté, on a su ramener de gros points comme au Kenya en jouant la tactique.

Certains parlent d’une progression surprenante entre 2022 et 2024, mais en suivant notre saison 2023 en WRC2, elle est assez logique finalement. Face aux Skoda et Citroën, on avait su montrer notre pointe de vitesse en étant fiable aussi avec la Ford. En 2022, la vitesse était là, mais on n’arrivait pas à la maintenir sur tout un week-end.”

Tu as cumulé pas mal de problèmes cette année avec ta Ford, quels sont les rallyes où tu as été épargné ?

“Le Monte-Carlo, sauf le shakedown. Sinon Kenya, on savait que l’on pouvait être en difficulté, donc on a assuré. Et ensuite tous les rallyes les moins cassants de l’année comme la Pologne, la Lettonie et la Finlande. Pour le reste, on a eu pas mal de casses de barre anti-roulis et des problèmes d’alternateur.”

En attendant de tes nouvelles pour 2025, tu vas rouler à Monza la semaine prochaine. Quel est le programme ?

“Déjà, je ne serai pas chez Toyota, ça ne m’intéressait pas vraiment d’avoir un programme partiel. Il reste deux constructeurs avec un calendrier complet.

En attendant, je serai au volant de la Ford Puma Rally1 à Monza la semaine prochaine. Pirelli a demandé au team, ainsi qu’à moi, de venir pour marquer la fin de la collaboration entre eux et le WRC. Je ne vais pas effectuer le rallye complet, ni même les reconnaissances. Je vais juste emmener quelques passagers avec moi. De ce que j’ai compris, il y aura une voiture Rally1 dans chaque team.”

En 2025, le promoteur et la FIA ont décidé de supprimer l’hybridation sur les Rally1. Quel est ton avis là-dessus ?

“Je trouve ça vraiment dommage de ne pas aller au bout de cette période d’homologation avec l’hybride, c’est-à-dire jusqu’à fin 2026. Au début, il a fallu beaucoup travailler pour mettre en place cette nouvelle réglementation. En début de saison 2025, l’hybride devrait être enlevé, les constructeurs n’étaient pas d’accord, et finalement, on va bien l’enlever, c’est plutôt difficile à suivre ! Pour les spectateurs, ça ne va pas changer grand chose avec des bruits similaires.

En termes de vitesse, ce sera plus ou moins la même chose, ça dépendra probablement des terrains. Avec 80 kg, la voiture sera moins pataude. Le poids est toujours l’ennemi dans ce sport, 80 kg, c’est le poids de 4 roues de secours, c’est vraiment énorme. La bride va nous priver d’environ 20/30 cv. La perte totale avec l’absence d’hybride sera donc autour des 120/130 cv. Enlever du poids, c’est cool, baisser la puissance, j’aime moins ! Pour les pneus, on aura tous les mêmes, donc il n’y a pas trop de questions là-dessus pour l’instant.

Pour se préparer à 2025 et à ces changements, ce serait bien évidemment idéal de faire un rallye de préparation avant le Monte-Carlo, en plus des essais pour cette épreuve.

Est-ce que M-Sport a une avance sur la concurrence grâce aux deux participations de Sesks sans hybride ?

“Hormis sur la suppression de certaines durits, je ne pense pas vraiment. Sesks avait le même poids que nous sur sa voiture et le ballast était situé au même endroit. Hyundai a roulé sans hybride plusieurs fois, mais normalement pas avec la nouvelle bride.”

Avant le Japon, des rumeurs sur le retour des qualifications ont circulé. Que sais-tu ?

“C’est en discussions entre les pilotes, les teams et la FIA. J’y vois beaucoup de points négatifs et aussi quelques positifs. Négatif d’abord car le système actuel permet de garder un suspense pendant très longtemps dans le championnat. Avec les qualifications, le risque est d’avoir un championnat déjà terminé à plusieurs rallyes de la fin, et ce serait la pire chose qui pourrait arriver à cette discipline. Le championnat de cette année était plutôt bien fait avec deux épreuves sur asphalte pour terminer la saison, ce qui était un avantage pour les premiers. Peut-être que s’il y avait eu deux rallyes terre pour finir, mon discours serait différent. On verra l’année prochaine avec l’Arabie Saoudite.

Pour le côté positif, ça rendrait le jeudi beaucoup plus intéressant que le shakedown actuel. C’est bien, mais dans d’autres sports mécaniques comme la F1, les essais du vendredi ne sont pas forcément très intéressants non plus. En tant que pilote, ce serait évidemment sympa de se battre pour une qualification. Mais si ça permet à un pilote d’être sacré plusieurs mois avant la fin de saison, ce n’est pas bon.”




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jmb17
5 jours il y a

Romain,

Rappelle-toi que ce système de balayage a été mis en place pour mettre une sorte de handicap aux tous meilleurs, Seb Loeb en 1er.
Alors oui, si tu veux que le championnat soit plié à mi-parcours (pratiquement), tu fais partir ler plus forts dans les meilleures conditions.
Et dans 6 mois, tu vas hurler à l’imposture.

Alors le système actuel est parmi (non pas les meilleurs mais) les moins mauvais.
Salut l’ami.

Avrallye
Avrallye
5 jours il y a

Top les interviews de fourmeaux, dommage qu’on a pas la même chose avec les autres pilotes francophone (Neuville et ogier)