A.Fourmaux : “Une belle expérience de prise”



Pour sa deuxième épreuve de la saison, Adrien Fourmaux a très longtemps occupé la 7e place en Suède avant d’être contraint à l’abandon à cause d’un problème mécanique en fin de week-end.

À l’issue de ce rallye, le Français est revenu avec nous sur ses performances globales en Suède et la suite de sa saison. En Croatie fin avril, le pilote M-Sport trouvera logiquement un terrain qui lui sera plus favorable.

Bonjour Adrien. Tout simplement pour commencer, quel est le bilan de ton rallye de Suède ?

“Je suis assez satisfait car c’était mon premier rallye sur neige en WRC et le deuxième seulement dans de vraies conditions hivernales si on peut dire ça. J’étais le pilote WRC le moins expérimenté au départ, pas mal de pilotes en WRC2 l’étaient plus que moi.

On a avancé progressivement dans ce rallye. On a réussi à réduire l’écart à 4 dixièmes au kilomètre sur certaines spéciales (3 dixièmes même dans l’ES11). J’avais pour objectif de vraiment rejoindre l’arrivée et je me suis concentré sur mon propre rythme. C’est une belle expérience de prise.

Après, ça reste un sport mécanique, et les problèmes peuvent arriver à tout moment. Une pièce a cassé dans le moteur, pour l’instant l’origine est inconnue. Le dimanche matin, je voyais bien que le moteur faisait un bruit un peu bizarre et on a fait une quinzaine de kilomètres sur la liaison avant de tomber en panne. C’était en continuité de la panne de la veille. L’équipe aurait bien aimé marquer des points constructeurs en plus. Le moteur va être démontré dans les prochains jours et j’espère évidemment qu’ils trouveront une solution pour éviter d’avoir ce problème à nouveau.”

Beaucoup de tes rivaux ont rencontré des problèmes liés à l’hybride. Pas toi ?

“Non je n’ai eu aucun souci pendant tout le rallye, tout comme Gus et Craig. Tout le monde a la même unité hybride dans la voiture mais chaque équipe l’exploite différemment. L’installation est aussi différente donc ça doit forcément jouer sur son fonctionnement et sa fiabilité.”

Pendant très longtemps, tu étais en bagarre avec ton coéquipier Gus Greensmith. Comment as-tu vu ce duel ?

“Dans un premier temps, je me concentrais surtout sur l’écart au kilomètre par rapport au premier dans chaque spéciale, tout en pensant à la manière dont j’avais piloté. Après, encore une fois, je me suis retrouvé en bagarre avec Gus. Je savais qu’il avait plus d’expérience que moi sur cette surface. Et même si j’avais l’objectif de rester devant, je ne voulais pas prendre de risques pour essayer de faire de gros écarts. Le but était de le garder derrière moi pour avoir toujours une voiture de plus qui partirait devant le lendemain.

Cela aurait été bien de finir devant Gus, il pointe au 4e rang du championnat maintenant et j’aurais bien aimé le devancer pour marquer plus de points que lui. Pour moi, c’est forcément un peu problématique de démarrer cette saison avec 0 point, je faisais mieux en roulant avec une WRC2. Ott (Tänak) et Elfyn (Evans) ne doivent pas non plus être très contents de ce début.”

Au cours de ce rallye, tu as su être très proche des meilleurs (3 dixièmes au kilomètre), mais parfois, tu as aussi été repoussé beaucoup plus loin. Pourquoi ?

“Dans la première spéciale du rallye, je savais qu’on avait pas bien roulé. Je n’ai pas réussi à prendre confiance. Il y avait beaucoup de neige fraîche et je n’ai pas pu m’engager comme je le voulais. Avant ça, le shakedown n’avait strictement servi à rien car les conditions étaient différentes.

Dans la dernière du vendredi, les pilotes qui partaient devant pouvaient faire une meilleure spéciale que nous. En partant derrière, nous n’avions quasiment plus de clous et la surface était 100% glacée. En ouvrant, Rovanperä n’a pas trop usé ses pneus car il avait moins de grip que nous.

Et puis samedi matin, on avait encore beaucoup de neige profonde, un peu comme dans l’ES1. Je n’ai pas réussi à m’engager encore une fois. J’ai un pilotage un peu différent des autres encore sur cette surface, et j’ai pas réussi à être dans leurs traces, il va falloir que je travaille !”

Certains pilotes ont regretté avoir des parties trop droites, parlant même de sections “ennuyantes”. Qu’en penses-tu ?

“Je trouve que c’est exagéré de parler d’ennui. J’aimais bien de mon côté, il fallait se concentrer énormément sur la sortie de virage avant les grandes lignes. Après, dans certaines spéciales, les vitesses de pointe impactaient beaucoup les chronos car il y avait pas mal de différence avec les autres constructeurs. De mon côté, je plafonnais à 185 km/h alors que les Hyundai étaient parfois plus rapides de 10 km/h. Avant la saison, nous avons fait le choix en commun de partir sur un ratio de boîte plus court. Il y peut-être aussi une utilisation plus haute du moteur et plus de régime. L’an passé, on avait une spécification pour la terre et une autre sur asphalte, cette année, nous n’avons pas le choix.”

L’an passé, tu avais pu faire une séance d’essais avec la WRC sur cette surface. Est-ce que la différence est grande avec la Rally 1 ?

“Il y a forcément une différence mais elle n’est pas si grande que ça en terme de performance, ni de plaisir. Ça reste une voiture avec de l’aéro, une 4 roues motrices, de la puissance et même un peu plus parfois. C’est loin d’être désagréable de rouler avec ces voitures ! Si on regarde les écarts au kilomètre par rapport aux WRC2, ils sont identiques qu’avec les voitures de la génération 2017.

En plus de ça, je trouve que l’ajout de l’hybride, c’est vraiment génial. Ce boost en plus, c’est une nouvelle dimension à gérer et j’aime les nouveautés comme ça. La voiture fait toujours du bruit, surtout la nôtre (rires).

En ce qui concerne les problèmes liés à l’hybride, c’est forcément frustrant pour tout le monde et je n’aurais pas aimé être à la place d’Ott ou Elfyn. Tout le monde est conscient qu’on pouvait avoir de tels problèmes mais c’est bien sûr regrettable.

En terme de règlement, il faudrait peut-être réfléchir à changer les pénalités par spéciale non parcourue. Est-ce qu’il est logique de perdre autant de temps car l’hybride dysfonctionne que si c’était une sortie ou un problème mécanique ? Je ne sais pas, c’est peut-être une piste d’amélioration. Mais ce qui c’est sûr, c’est que lorsqu’il n’y a plus de lumière sur la voiture, il est impossible de garantir une bonne sécurité et donc la voiture ne doit pas rouler.”

Maintenant, la Croatie se profile même s’il faudra attendre près de deux mois avant le départ ! Quel est ton avis sur cette épreuve ?

“C’est un rallye très très compliqué. Il m’a bien souri l’an dernier et on va espérer que ce sera le cas encore cette année. J’aurais droit à une journée d’essais pour cette épreuve, c’est programmé en avril. Au départ, j’aurais la même approche qu’en Suède en me concentrant avant tout sur ma progression. J’aimerais évidemment faire un bon résultat et reprendre aussi confiance sur asphalte car je n’ai pas été en réussite sur cette surface entre Monza, Catalogne et la Belgique. Ce serait une bonne chose de marquer des points !

Du côté du parcours, deux spéciales disparaissent et deux nouvelles arrivent. Le rallye va directement commencer par la spéciale où j’avais fait le 2e temps l’an passé donc c’est plutôt.”

Quel est ton agenda avant la Croatie ?

“Dès la semaine prochaine, je pars en Autriche pou me rendre au Red Bull Athlete Performance Center à Salzburg. Je vais y passer trois jours pour notamment faire un check-cup complet et ainsi connaître mes forces et mes faiblesses. Je vais aussi travailler mes réflexes et la visibilité intentionnelle.

Je dois également faire une épreuve à la fin du mois mais je vais attendre l’officialisation de l’organisateur pour en parler.”

Un mot enfin sur ton association avec Alexandre Coria. Est-ce que tout est parfait maintenant ?

“Je suis vraiment content du boulot d’Alex. Il m’a encore impressionné. C’était son premier rallye neige et c’est différent pour un copilote aussi. Il n’a jamais été en retard, c’était toujours très juste. Il a fait un super boulot avant le rallye, on a une bonne relation. Il travaille beaucoup et j’aime ça. On peut toujours améliorer des choses, rien n’est jamais parfait à ce niveau, mais c’est vraiment très bien actuellement !”




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Robin
Robin
2 années il y a

Une interview intéressante qui montre bien qu’Adrien est plus que déterminé à faire tout son possible pour honorer son statut de pilote officiel. Il est jeune et tout est allé très vite pour lui. Pour sûr que son Monte Carlo émoussé lui aura servi de leçon et qu’il va appréhender les prochains rallyes d’une nouvelle manière. Force à lui pour le prochain rallye !

Sylvain
Sylvain
2 années il y a

Les longues interviews avec les pilotes français sont, de loin, les plus intéressantes car on peut sortir des lieux communs et des trucs auxquels on s’attend. Toutes les interviews d’avant rallye, sur tous les rallyes, de tous les pilotes, disent en gros la même chose, là non, c’est personnel, plein d’éléments. Ainsi, c’est sympa que de l’intérieur il nous confirme ce qu’on avait imaginé : “Dans la dernière du vendredi, les pilotes qui partaient devant pouvaient faire une meilleure spéciale que nous.” On en avait discuté ici, c’est bien d’avoir une confirmation. D’une façon générale, ce rallye pour Fourmaux est… Lire la suite »