Allemagne 2003 : Loeb a eu chaud

Avant d’arriver en Allemagne, huitième manche du championnat du monde des rallyes, la course au titre est incroyablement disputée avec sept candidats potentiels à la couronne suprême. Vainqueur à Chypre le mois dernier, Petter Solberg espère confirmer ce bon résultat et ainsi recoller à Richard Burns (37 points) et Carlos Sainz (36). Vainqueur au Monte-Carlo, Sébastien Loeb cherche son second souffle et pointe au cinquième rang du championnat avec 23 points, à égalité avec Markko Märtin.

Vendredi 25 juillet 2003 au matin, Märtin est un ton au-dessus des autres au volant de sa Ford Focus WRC. Auteur de deux scratchs dont un très impressionnant dans la 4 et la mythique Panzerplatte, l’estonien pointe en tête en rentrant au parc, 12s3 devant Burns, 21s9 sur Grönholm et 22s7 sur Loeb. Les autres sont largement à plus de trente secondes, et notamment Gilles Panizzi, déjà décevant sur cette épreuve.

A l’entame de l’après-midi, Märtin est en proie à des problèmes et lâche plus de cinquante secondes, dégringolant à la 6e place du classement provisoire. Auteur de deux scratchs, Richard Burns en profite pour terminer la journée en tête, 9s4 devant son coéquipier Grönholm et 10s3 sur Loeb ! Toujours le meilleur des autres, Colin McRae est à trente secondes sur la deuxième Xsara.

Le lendemain matin, Märtin est irrésistible et signe trois scratchs consécutifs dont un chrono monstrueux dans Panzerplatte, plus d’une demi-seconde au kilomètre devant tout le monde ! L’estonien est suivi par le surprenant Roman Kresta, engagé sur une 206 WRC privée. Grâce à cette superbe performance, l’estonien regrimpe au cinquième du rang d’un classement général. Sur un bitume humide, Gronhölm est le plus à l’aise des candidats à la victoire. En deux spéciales, il reprend 12s6 à Burns et s’empare de la tête alors que Loeb est le seul homme capable de suivre les Peugeot de tête.

Dans Panzerplatte avec des conditions très variables et des choix de pneumatiques divers, ce trio de tête est loin d’être à l’aise et le moins bon est Richard Burns, seulement 11e, à plus de quarante secondes ! Auteur du même chrono que Loeb, Grönholm conserve la tête pour 9s6 face au français. Burns est désormais à 28s2.

En début d’après-midi, Loeb passe à l’attaque avec un scratch dans la 12 puis un 2e temps dans la 13 sous une pluie diluvienne. L’alsacien en profite pour dépasser Grönholm pour 1s6 et prendre la tête du rallye pour la première fois depuis le départ ! Troisième, Burns continue de perdre du terrain et pointe déjà à 38s3, talonné par l’autre Xsara de McRae. 

Dans la 14, Grönholm se réveille en signant son second scratch du jour mais encaisse quelques dixièmes en fin de journée face à Loeb, leader pour 5s5. Au troisième rang, Märtin est récompensé de ses grosses performances du jour, devançant désormais de dix secondes McRae et Burns.

Dimanche 27 juillet, six spéciales sont encore là pour départager ce fameux duo Loeb/Grönholm, soit 101,54 km chronométrés. Dernier pilote WRC à s’élancer, Loeb fait un joli coup d’entrée, 7s4 devant Grönholm fragilisé après avoir tapé une pierre. Dans la suivante, le français rajoute 2s4 en étant pourtant largement devancé par son coéquipier McRae. Ce matin, l’écossais est dans une très grande forme. Il vient de dépasser Märtin pour 9s3 alors que Burns reste très menaçant à 11s2.

Dans la 19, la pluie s’abat sur les dernières WRC sur la route…donc les premiers du classement général. Loeb est seulement 12e de chrono et lâche 5s9 sur Grönholm, 10e de cette spéciale ! A trois spéciales de l’arrivée et avant la dernière boucle, le finlandais est revenu à 9s4 de son rival.

Au troisième rang, Burns a profité de cette spéciale pour reprendre McRae (+8s9) alors que Märtin a reculé sous la pluie.

Dans la 20, première répétition d’une spéciale de la matinée, Loeb reprend 1s2 face à Grönholm, puis encore 2s4 dans la 21. Avant le dernier chrono, le français est parfaitement placé pour s’imposer, 13s devant son rival.

Mais dans l’ultime spéciale, Grönholm se lâche et parvient à être très performant, au contraire de Loeb qui se relâche trop…Alerté par de mauvais partiels, le pilote Citroën se reprend sur les derniers kilomètres. A l’arrivée, le français conserve tout de même 3s6 de marge au point stop et signe la troisième victoire de sa carrière, la deuxième cette saison.

Derrière ce duo de feu, Burns, le leader du championnat, a arraché la troisième place face à McRae grâce à une belle dernière ligne droite. Auteur de 10 scratchs en 21 spéciales, Märtin doit se contenter de la cinquième place alors que sa Ford Focus WRC semblait intouchable ce week-end. 

Sébastien Loeb à l’arrivée : “En partant dans la dernière spéciale, je pensais que c’était joué. A mi-spéciale, j’ai pensé le contraire. Marcus (Gronholm) m’avait dit qu’il n’irait pas me chercher mais il a bien failli réussir. Dès que j’ai eu connaissance de l’écart, j’ai tout donné pour récupérer du temps. A la fin, il y a trois secondes et cela suffit pour gagner. De mes trois victoires, celle-là a vraiment été la plus difficile. Et j’ai éprouvé une émotion extrême, d’abord un grand soulagement, puis la joie. Quant au titre, je ne sais pas mais tout est possible. Notamment avec trois rallyes -asphalte- encore au programme, il y a des gros points à prendre”.

DEUTSCHLAND RALLYE WRC 07/2003
ALEX GUILLAUMOT

Du côté des autres tricolores, Cédric Robert termine au huitième rang avec sa 206 WRC soutenue par l’équipe de France FFSA, devançant Gilles Panizzi, hors du coup ce week-end là. Pour Didier Auriol, trahi par le moteur de sa Skoda dès la 7e spéciale, et Philippe Bugalski par le turbo de sa Citroën dans la 11, ce rallye est à oublier.

Classement Final