Quatrième à l’arrivée du rallye Vosges Grand Est, Eric Camilli n’a pas pu concrétiser ses beaux chronos par un meilleur résultat, la faute à une crevaison le vendredi après-midi alors qu’il jouait la gagne.
Après les deux premières manches du CFR Asphalte, il était intéressant de faire un point avec le pilote niçois.
Quel est ton bilan après ce début de saison en championnat de France Asphalte ?
“Déjà, je suis super heureux de disposer de ce programme cette année en France. C’est une super opportunité pour avoir du roulage nécessaire qui me manque depuis quasiment deux saisons et la période post-COVID. C’est très bien de se mesurer à des gens super rapides sur de tels terrains.
Le niveau du CFR Asphalte est très élevé. C’est top à tous les niveaux avec de superbes structures et des pilotes bien préparés, sans oublier les formules de promotion. Par rapport à l’expérience que j’ai de championnats internationaux, je peux dire que le niveau en France est vraiment très important par rapport à d’autres pays.
Du côté de la performance, je m’améliore de course en course. Je retrouve mon niveau avant le COVID. J’arrive en challenger sur championnat et je vais essayer de gagner une manche bien sûr. D’ailleurs, je trouve que les pilotes sont particulièrement affutés, et notamment Yoann (Bonato) que je félicite pour ce début de saison.
L’enchaînement des courses en France va me permettre de me relancer pour retrouver le rythme et ainsi arriver en Espagne (participation en WRC2) en pleine forme.”
Ta prochaine épreuve sera le Rouergue début juillet. Quels sont tes souvenirs de cette manche ?
“J’ai participé une seule fois à ce rallye, c’était en 2013 avec la Citroën DS3 R1. Je me rappelle des 3 épingles de Moyrazès, le goudron fondu…et un parcours plus lent que sur les premières manches, c’est tout ! Je vais utiliser mes années d’expérience pour combler au maximum mon déficit de connaissance du terrain, comme j’ai pu le faire au Touquet et au Vosges.”
Revenons rapidement sur ton rallye Vosges Grand Est. Es-tu content de ta performance ?
“J’étais vraiment mieux le samedi après-midi. J’ai pu conduire à 100% de mes capacités à ce moment là. On a bien bossé avec l’ingénieur avec une voiture finalement plus dure. D’un coup, j’avais moins de mouvements de caisse et j’étais bien plus à l’aise dans le rapide notamment ou en repartant des carrefours. On pouvait être 0,5s/km plus rapide par rapport au matin. On va repartir sur la même base pour démarrer le Rouergue le mois prochain.“
Et cette crevaison ?
“Je suis tombé dans le piège de Corcieux. Il y avait celui de la bosse du Touquet au shakedown qui a piégé certains, ici c’est Corcieux, chaque manche aura peut-être son piège. On a rien vu de spécial à la caméra embarquée pour expliquer cette crevaison. Il y avait beaucoup de risques de crever dans cette spéciale comme on l’a vu.
Dans les cordes, il y avait pas mal de buses ou de plaques d’égoût et il y a pas mal d’herbe à ces endroits là. Ce n’est jamais évident de savoir s’il y a quelque chose, tu ne peux pas forcément le voir en reconnaissances. En Mondial, tout le monde se jette dans les cordes et tout est nettoyé. Dans ce championnat de France, ce n’est pas forcément le cas et parfois on peut toucher quelque chose sans le voir.”
Tu avais changé de copilote pour cette épreuve. Comment cela s’est passé ?
“Romain Roche a fait du super boulot, il a dû s’adapter à mon sytème de notes en seulement trois jours. Nous n’étions pas calés dans la 1ere spéciale où l’on perd 7s, mais dès la 2e spéciale, c’était bien mieux. François-Xavier Buresi qui était présent au Touquet, a des problèmes de santé et ne se sentait pas en confiance de prendre le départ.
Pour la suite du championnat, je ne sais pas encore avec qui je vais rouler car Romain a un nouveau projet professionnel et a un agenda pas mal chargé. En fonction de son travail, on verra ce que l’on peut faire ou je prendrai un autre copilote pour la saison.”
Outre le championnat de France Asphalte, tu as roulé également au Portugal au mois de mai en WRC2. Que retiens-tu de cette participation ?
“C’est un bon rallye pour moi car je n’avais pas réellement roulé sur terre depuis l’Espagne fin 2019 lors de la première journée seulement ! Malheureusement, j’ai cassé un cardan dans la 3e spéciale, ce qui m’était déjà arrivé en Sardaigne l’an passé lors de la première étape.
Le samedi matin, on repart en signant plusieurs meilleurs temps devant Mads Ostberg. C’était plus compliqué dans l’après-midi où je n’ai pas été très bon avec le setup. Il y a eu beaucoup de temps intermédiaires sympas mais je n’étais pas le meilleur metteur au point sur ce rallye ! Je n’ai pas non plus bien géré les pneus Pirelli que l’on découvrait. J’ai d’ailleurs été le seul à ne pas avoir de pneus neufs tendres pour attaquer la dernière étape. Pourtant, on signe le 3e temps dans la Power Stage, et en étant devant Mads, donc un peu dommage d’avoir eu seulement des pneus bien usés !
Maintenant, j’ai une seule manche assurée dans ce championnat avec l’Espagne en fin d’année. J’espère bien sûr que le programme sera élargi !”
Le week-end dernier, la première compétition 100% électrique en rallye a eu lieu. Quel est ton regard sur cette nouveauté ?
“L’électrique est évidemment une question d’actualité et on ne pourra pas l’éviter. Je pense à mon fils de 7 mois qui ne connaîtra jamais le son d’une Mégane KC comme j’ai pu le connaître dans mon enfance. Donc pour lui, il n’y aura rien de choquant puisque l’électrique sera la normalité quand il sera en âge de faire du rallye s’il le souhaite. Ce n’est pas Eric Camilli qui va changer quelque chose à ça ni Rallye Sport !
Le bruit de la voiture va vraiment manquer, car même une R1, mine de rien, c’est sympa. Un Monte-Carlo de nuit dans Bayons-Bréziers au milieu de la montagne, sans aucun son, ça manquera de charme. Le rallye, c’est une atmosphère générale. Le passage d’une voiture est un instant bref visuellement, alors que le son accompagne le spectateur avant, pendant et après ! D’ailleurs, cette absence de bruit me questionne pour la sécurité des spectateurs.”
Un pilote fort sympathique et talentueux !
Une chance pour le championnat de France qui va voir son niveau augmenter encore d’un cran avec des bagarres intéressantes sur chaque rallye.
Pour les voitures électriques… No comment !
Comment peut-on imaginé un rallye sans le bruit des moteurs ? Impossible pour moi, c’est ce qui fait l’essence même des voitures de rallye et de sport !
Eric dit des choses très justes pour le bruit d’une voiture de rallye et ce qui va avec , et ça fait plaisir de la part d’un jeune pilote !!!!! et étant plus vieux je pourrai en dire encore plus….donc je suis très pessimiste quant à l’ambiance autour des rallyes, donc de l’avenir des rallyes !! et ce d’autant plus que, vu le totalitarisme ambiant anti voiture and co.….bon, .j’espère me tromper et que dans quelques années, tout ira pour bien et les rallyes seront toujours très populaires…