La Turquie nous a séduit



Pour sa première édition en championnat du monde, le Rally Turkey Marmaris semble avoir séduit beaucoup de monde et nous y compris, tant pour son caractère sportif unique et redoutable, que aussi par son organisation et son environnement.

Pour cette grande découverte, nous vous avons concocté une sorte de débriefing complet de ce que l’on a pu voir et ressentir sur place, tant en tant que journaliste qu’en simple fan de la discipline, intéressé par tous les attraits d’une épreuve WRC.

Sportif

Pour le plan sportif, cette épreuve semble énormément vous diviser. Si certains sont séduits par son côté endurance et unique dans le calendrier, d’autres déplorent un véritable « casse bagnole » digne du rallye-raid où la part de hasard est trop importante.

Sans vous surprendre vraiment, nous sommes plutôt en accord sur le premier point de vue, même si le débat semble fermé. Il est indéniable que le WRC a besoin de nouveautés et donc de différenciation entre chaque terrain rencontré. En proposant un tel parcours, rappelant celui de Grèce ou de Chypre, le pari est pleinement réussi.

Malgré toutes les difficultés de ce terrain, les hommes forts du championnat étaient bien les plus rapides ici mais la rapidité n’était sans doute pas la qualité principale requise par cette manche, et cela, les équipages n’en ont plus l’habitude. Au volant de voitures qui semblent désormais infaillibles, la “gestion de la mécanique” et parfois même celles des pneus, sont désormais des termes passés à l’oubliette. Voir des équipages s’affairer sous leur machine pour tenter de réparer certains problèmes, c’est aussi ça le rallye que l’on aime et que l’on veut voir avec ses rebondissements et sa dramaturgie.

A la vue des différentes spéciales ou des accès rencontrés, il sera de toute façon bien difficile de changer la nature de cette épreuve malgré des travaux de rabotage ou d’enlèvement de pierres en amont de l’épreuve.

Si pour les WRC et WRC-2, cette manche semble cohérente, elle l’est par contre beaucoup moins pour les JWRC qui ont connu des problèmes à répétition, notamment de transmission, sans compter le nombre de crevaisons. Organiser une manche finale, comptant en plus double, avec des Ford Fiesta R2T sur un tel rallye relève de l’incompétence.

Sécurité

Un gros point positif pour la signalisation excellente des différents accès, départ ou arrivées, facilement visibles sur les accès principaux.

Même satisfaction du côté de commissaires, très diplomates et courtois en vers les spectateurs. Quelques coups de sifflet suffisent à accélérer le pas de quelques spectateurs en train de remonter la spéciale entre deux voitures, le tout, toujours dans le calme. Une seule fois en trois jours, notre place a été défini par des filets verts, placés à une vingtaine de mètres de la piste. Il faudra bien sûr éviter les gros points spectateurs en bord des routes principales pour éviter un tel problème.

Parc d’assistance

En étant situé 20 minutes de Marmaris, le parc d’assistance de l’épreuve n’a pas du tout profiter de l’attrait touristique de cette station balnéaire. Si la super-spéciale était parfaitement en accord avec cette idée, le parc était désert, seuls les fans européens du WRC et les accrédités étant présents.

Liaisons et accès

Du côté du parcours, le gros point fort de cette épreuve se situe au niveau du kilométrage du routier. Hormis pour accéder à la « spéciale bord de mer » de samedi, tous les chronos sont à moins de trois quart d’heure du parc d’assistance, une bénédiction pour les spectateurs. Sur les boucles de trois spéciales, la troisième spéciale était toujours la plus proche de la première, cette combinaison permettant de voir trois/quatre spéciales sur six par jour, bien évidemment en se contentant de voir une vingtaine de voitures.

Sur un tel terrain, les accès auraient pu être des « pièges » redoutés pour des voitures de tourisme. Là encore, le bilan est très positif avec des accès en terre, parfois rocailleux certes, mais loin d’être d’infranchissables, même pour des deux roues motrices telle qu’une Clio.

Gastronomie

Tant elle a régalé nos papilles, ce point aurait même pu se retrouver plus haut dans cette liste. Sur le plan de la restauration, la Turquie nous a tout simplement régalé. Si vous jouez le jeu de manger local, la variété des plats est très large et les prix sont incroyablement bas. Pour un classique entrée/plat/dessert, comptez autour des 15€, boisson comprise. Petits faibles pour des plats tels que l’Iskander ou le Beef Casserole. Si vous aimez la viande et les épices, impossible d’être déçu.

Hébergement

Sur le plan de l’hébergement, les prix sont finalement équivalents à l’Europe, avec des prix entre 40/60 € par nuit pour un hôtel classique avec deux chambres.

Circulation

S’il y a bien un point noir à noter, c’est celui-ci. En campagne, tout semble assez commun mais une fois en ville, la loi du plus fort prend le pas sur celle du code de la route. Si un tel voyage vous tente, vous êtres prévenus, vos nerfs et vos réflexes seront mis à rude épreuve.

Un podium sans saveur

Après avoir démarré sous les détonations d’un feu d’artifice en bord de plage de Marmaris, le rallye s’est terminé dans l’anonymat avec un podium installé au milieu du parc d’assistance, limitant fortement la possibilité de voir des spectateurs locaux et autres curieux se présentaient devant les grilles du parc. Les officiels et les différents médias, représentaient ainsi la grande majorité des personnes présentes.

Un podium au coeur de Marmaris, non loin de la mer, ou encore mieux près du yacht de luxe promis au vainqueur, semblait plus sexy.

Ce podium a été encore plus refroidi par l’arrivée du sulfureux président Erdogan. Certains ont annoncé que la sécurité du président comptait 1 600 personnes sur ce simple déplacement. Les deux snipers présents autour du podium resteront comme une image marquante de ce moment normalement festif, sans oublier les portiques d’aéroport placés aux quatre coins du parc.

Seul point positif de cette venue, les journaux principaux de Turquie ont tous évoqué ce rallye, plaçant une photo en Une avec Erdogan et Ott Tänak en premier plan.




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Flügel
Flügel
5 années il y a

Je trouve l’avis RS intéressant. D’une part parce qu’effectivement, un peu plus d’incertitude (je ne parlerais pas de loterie) induit une autre gestion de course, ce qui évite de tomber dans des rallyes aseptisés. D’autre part, parce qu’en lisant l’article, je sens toute l’aventure et le charme que peut représenter le déplacement pour aller voir un rallye. Je suis bien le premier à regarder l’Equipe 21 le samedi et le dimanche, franchement c’est top que le rallye soit diffusé, et j’espère que ça continuera. Mais rien de mieux que d’aller voir un rallye sur place, que ce soit un régional… Lire la suite »

jeanlouis
jeanlouis
5 années il y a

N’importe quoi ! ”Rallye-loterie” avec réglementation inadaptée, même en rallye -cross et en stock car il y a moins de casse ! Entièrement d’accord avec ”humour ou pas”…. vous prenez ces sportifs pour des gladiateurs ???