Loubet : “Il va falloir enchaîner maintenant”

Après un début de saison difficile au Tour de Corse, le jeune français de 22 ans a cette fois répondu présent, alliant parfaitement performance et régularité. Opposé principalement à Veiby, Gryazin, Huttunen ou encore Katsuta, Pierre-Louis s’est rapidement installé sur le podium provisoire. Solide deuxième samedi matin, il a bénéficié des problèmes de Veiby pour s’emparer de la tête et s’offrir une première victoire avec plus d’une minute de marge.

Avec la Skoda Fabia R5 du team 2C Compétition, le français semble avoir trouvé l’arme idéale pour pleinement exprimer son jeune talent et il compte bien le confirmer dès la semaine prochaine en Sardaigne. Avant de partir en Italie, Pierre-Louis a évoqué longuement avec nous ce week-end victorieux.

Cette victoire sonne comme un soulagement pour toi ?

“Cette victoire fait vraiment du bien après les nombreuses galères que nous avons eu les dernières années, mais aussi les déceptions du début de saison en Corse et en ERC.

C’est vraiment un soulagement pour moi. Après avoir préféré la Hyundai l’an passé pour des raisons de budgets et de me battre tout le temps avec les Skoda, je comprends aujourd’hui pourquoi c’était compliqué.

C’était une période vraiment frustrante sans réussite, avec continuellement de problèmes, et sortir de tout ça fait vraiment du bien. Je n’avais plus eu un rallye sans problème depuis l’époque M-Sport en 2017.”

Peux-tu nous résumer ta course étape par étape, car il est malheureusement souvent difficile de suivre la course des WRC-2.

“Le vendredi a été parfait, à part la poussière où j’ai été freiné par Ostberg qui est reparti devant moi puis a crevé. Mais aussi par l’italien Pedro que j’ai rattrapé à deux reprises dans la journée. Heureusement, j’ai pu récupérer du temps le soir après une réclamation, j’avais vraiment un mur de poussière parfois devant moi.

J’étais vraiment content de mes chronos car je partais à la 15e place des R5 et j’étais donc sur un terrain plus dégradé. Le deuxième tour a été vraiment compliqué.

Le samedi, je suis parti avec un setup un peu dur, j’ai alors un peu décroché par rapport à Veiby mais malheureusement pour lui, sa voiture a commencé à bruler. Du coup, je me suis retrouvé avec une minute d’avance et on a continué à faire des bons temps dans l’après-midi (1 scratch et 2 deuxième temps).

Il fallait vraiment être prudent du côté des crevaisons car les risques étaient énormes en rentrant fort dans les rails, surtout au deuxième passage. Tout le monde embarquait deux roues de secours d’ailleurs et comme j’avais déjà crevé en début d’après-midi, j’étais quand même sur la réserve.

Lors de cette deuxième journée, j’ai tout de même eu une alerte au dashboard au niveau de la boîte, mais ce n’était finalement pas grand chose. Cela a été ma seule frayeur du week-end.

Le dimanche a été bon, je ne pensais pas trop à notre avance pour être honnête.”

Un petit mot sur ton équipe 2C qui a elle aussi remporté une première victoire en championnat du monde.

“C’est une équipe fantastique. Je tiens tout particulièrement à remercier ma coordinatrice Pauline Lagier qui n’a rien lâché pour réclamer mes temps le vendredi soir notamment, attendant jusqu’à minuit. Je lui dois beaucoup.

Les mécanos ont été fantastiques, tout comme mon ingénieur Florent Peronnet qui a été parfait. C’est super pour toute l’équipe.”

Après cette victoire, penses-tu pouvoir jouer le titre ?

“Il faut y aller step by step. C’est bien d’avoir de gros points après un Tour de Corse délicat. Je pense que le concurrent principal est Veiby qui a 40 points en quatre courses, contre 28 pour nous en 2 deux courses. Mais c’est un peu tôt pour parler de ça.

Il va falloir enchaîner maintenant. Gagner une victoire ne fait pas de vous un champion.

Il faudra se méfier aussi de Gryazin qui a beaucoup talent, mais qui possède aussi de gros moyens et je ne trouve pas ça forcément juste au niveau des essais. Il a effectué trois jours d’essais avant l’épreuve alors que les autres concurrents ont seulement fait la journée tests de lundi. Pour ma part, j’ai fait 55 km avant le rallye.

Et aussi des pilotes comme Guerra, l’actuel leader, qui dispute des épreuves Outre-Atlantique et sera en Australie. Mais si j’avais les moyens de le faire, je ne me gênerais pas non plus. Il faudrait vraiment obliger les concurrents à respecter un calendrier ou au moins certains rallyes…comme avant finalement.”

Regardes-tu les chronos du WRC-2 Pro ?

“Bien sûr, l’objectif est de battre tout le monde et on regarde forcément leurs temps. Nous n’étions parfois pas loin du rythme des officiels. Dans l’ES11 du début d’après-midi, je suis par exemple à 6s du scratch de Rovanperä en 20 kilomètres et j’ai fait pas mal de chronos devant Kopecky. Et c’est toujours sympa de faire un scratch absolu dans la spéciale de Lousada.”

Que penses-tu de cette catégorie WRC-2 Pro justement ?

“Avec l’arrivée des nouvelles voitures, la Skoda et la nouvelle Fiesta bientôt, c’est une bonne chose. De notre côté, nous évoluons sur des voitures de 2015, donc les différences de performances seraient trop importantes.

Par contre, le classement reste flou car les non initiés peuvent penser que j’ai terminé troisième de ma catégorie, et on me l’a d’ailleurs dit ce week-end.”

Quels seront tes objectifs en Sardaigne la semaine prochaine ?

“Un podium ce serait bien franchement. J’espère avoir une bonne pointe de vitesse, et j’aime vraiment beaucoup cette épreuve. Le rallye, c’est une éternelle remise en question et je n’aurai pas la certitude avant le départ, de pouvoir être performant.”