M.Guigou : “Je ne m’attendais pas à être là”



Pour ses premiers tours de roue en compétition avec l’Alpine A110 RGT, Manu Guigou a bluffé tout le monde, se surprenant lui-même de pouvoir grimper sur le podium scratch du rallye du Mont-Blanc au milieu d’un plateau R5 très fourni.

Troisième à l’arrivée derrière Yoann Bonato et Quentin Gilbert, le pilote vauclusien en a profité pour creuser l’écart en tête du championnat 2 roues motrices, son principal objectif du week-end. En attendant de le revoir très vite au Coeur de France fin septembre, Manu revient avec nous sur deux jours passés au sommet en compagnie d’Alexandre Coria, son copilote.

Quel est simplement le bilan que tu tires après cette épreuve ?

“Après course, le bilan est très positif. Je ne m’attendais pas à être là, pas à ce niveau là, mais plutôt autour de la 5e place. Il y avait des indéboulonnables en R5 devant comme Bonato, Gilbert et Giordano, et je n’avais quand même q’une 2 roues motrices.

En plus, c’était ma première au volant de cette auto avec très peu de courses ces derniers temps (Touquet en mars, Ypres en juin 2019). Et le rallye, c’est comme dans les tous sports, si tu ne pratiques pas, il est certain que tu ne vas pas t’améliorer.

Terminer 3e scratch mais aussi signer 3 temps scratchs, c’est vraiment quelque chose de fort, et les deux sont aussi importants à mes yeux, c’est un ensemble. J’ai déjà signé de belles places au scratch mais sans pour autant être en mesure de faire des meilleurs temps. Je suis pleinement satisfait, c’est une course de rêve, avec en plus une marque aussi emblématique que Alpine.

J’ai eu la chance de faire les premiers mètres de cette voiture et une partie de son développement, et réaliser le scratch d’entrée avec cette voiture, cela représente beaucoup de travail au final. “

As-tu rapidement pensé que le podium était jouable ?

“Honnêtement, je suis resté très concentré sur ma place en 2 roues motrices, c’était l’objectif de départ et j’en ai pas changé. Il ne fallait pas tout mélanger.

En Alpine, j’étais quand même confronté à de grands noms comme Delecour et Robert, des mecs qui ont roulé en mondial avec des constructeurs. Le niveau de compétition était important. Et j’ai vraiment été surpris du premier temps scratch. Je n’étais pas parti dans l’idée de faire un meilleur temps. Tout est allé très vite dans la première spéciale, cela m’a un peu surpris sur les premiers instants. C’est en plus la spéciale la plus dure du Mont-Blanc selon moi. Elle est très rapide, technique, avec beaucoup de ciels et en montée. Et il est toujours plus difficile de se mettre dedans sur un tracé rapide. J’avais des gommes dures et ce n’était pas la spéciale la plus simple pour les mettre en température.”

Après ce scratch étonnant dans l’ES1, tu es moins à l’aise dans l’ES2 avec le 9e temps. Pourquoi ?

“Elle est beaucoup plus sinueuse et particulièrement sale avec pleine de graviers. Certains ont volontairement jeté de l’huile (je ne savais pas que c’était volontaire à ce moment de la course) et je me suis un peu méfié. Je savais que la spéciale de Joux Plane serait mieux pour la voiture.

Quand la spéciale est propre et permet de passer la motricité, nous sommes très bien. Mais s’il y a des graviers, de la boue ou de la terre, c’est plus difficile.”

Après cette performance inattendue, penses-tu pouvoir être aussi performant sur une épreuve en particulier ?

“J’aime beaucoup les épreuves à venir…bon j’aime tous les rallyes du championnat de France au final ! Il faudra des spéciales où il ne pleuvra pas et en fin de saison, c’est plus difficile.

Au Coeur de France c’est vite donc plutôt bon mais j’y suis allé deux fois, et à chaque fois il a plu. C’est une voiture relativement agile, qui a du train avant et bien équilibré. Aux Cévennes aussi, je pense qu’elle peut être performante.

Tu étais en charge du développement de cette Alpine pendant de nombreux mois. Est-ce un gros avantage selon toi ?

“Rouler dans une auto, c’est du sport et plus tu roules, mieux tu es. C’est forcément un avantage, mais impossible à quantifier. Je comprends cette remarque sur les kilomètres d’essais que j’ai pu faire avec cette auto par rapport à d’autres. Tu connais forcément mieux la voiture.

Après, quand tu développes une voiture, tu bosses pour des clients et tu fais tout pour avoir une voiture qui puisse convenir à un maximum de clients.”

Cela doit te faire plaisir de viser les hauts du classement alors que tu roules habituellement sur des autos moins performantes.

“Il faut être habitué à la performance, il y a quand même 300 cv et ce n’est pas aisé de les emmener. J’ai développé beaucoup de voitures et j’ai roulé essentiellement avec des produits Renault depuis 2003, donc c’est super d’évoluer encore avec une nouvelle auto en compétition.

Avec les R3, on tournait à 2s/km d’une R5, et là entre 3 et 4 dixièmes, parfois à l’équilibre, c’est forcément sympa.

J’ai fait ma carrière fidèle à un constructeur, j’ai eu des opportunités ailleurs, mais j’ai préféré la continuité et la fidélité.

J’ai un résultat qui me revient à l’esprit. Au terre de Provence 2008, on a réalisé un scratch avec la Clio R3 devant des grosses autos comme l’Octavia WRC de Yoann Bonato. Ça m’a fait le même effet que ce week-end au Mont-Blanc avec l’Apine. Ce résultat est un clin d’oeil à l’histoire d’Alpine et à son créateur qui aurait probablement été très content de cette performante.”

Comment apprivoiser cette voiture ?

“Déjà, il faut être attentif car ça va très vite. Il y a de la puissance quand ça accélère. C’est une propulsion et il faut avoir une voiture neutre pour éviter d’avoir trop de glissades de l’arrière. Il faut aussi avoir le sens du spectacle ! Par rapport aux tractions, la principale différence c’est d’être plus progressif à l’accélération.”

Maintenant que cette Alpine est bien née as-tu d’autres projets avec Renault ?

“Pour la Clio Rally5, honnêtement, je ne pouvais pas tout faire. Entre l’entreprise et le développement de l’Alpine, c’était trop de boulot. Pour la Rally4 par contre, je pense croiser sa route !”




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Bitonio
Bitonio
3 années il y a

J’imagine Nicolas CIAMIN au volant…vu ce qu’il faisait avec l’ Abarth .

Bravo à manu Guigou

Lolo
Lolo
3 années il y a

L’anti-patinage, l’ABS, le savoir faire de renault est porté par cette très belle alpine au détriment du rôle du pilote de rallye. Son talent d’équilibriste, d’improvisation, de justesse, de vitesse d’exécution disparaît dans cette technologie sécuritaire. C’est une avancée majeure en direction de l’autonomie de la technologie et la disparition de certaines techniques de pilotage.
À quand toutes ces assistances dans les autres groupes R, f2000, pour que l’égalité en termes de performances soit plus justes.