Dans la réussite d’un équipage de rallye, le mécanicien joue évidemment un rôle essentiel et nous avons voulu découvrir davantage ce métier, rarement évoqué, à travers la rencontre d’un d’entre eux, engagé en WRC-2 Pro cette année.
Présent au dernier rallye du Chili, Loïc Blanchy, mécanicien belge de l’équipe DG Sport, sera ainsi notre guide dans cette découverte à travers une interview.
Pourquoi devenir mécano ?
“J’ai toujours souhaité faire ça, jai toujours été là-dedans car mon père est mécano. J’ai fait mes scooters comme tous les jeunes, cela coulait de source. Savoir réparer des choses avec ses mains, c’est ce que je recherchais, et en plus quelque chose qui peut servir sur chaque voiture, donc forcément à beaucoup de monde.
J’ai fait des études en mécanique, j’ai trouvé ensuite une place en concession, et j’ai poursuivi en sport auto. Cela me faisait rêver de travailler dans ce secteur.
A 14 ans, j’ai fait deux ans en étude industrielle et j’ai bien vu que ce n’était pas pour moi et à 16 ans, je me suis lancé dans la mécanique.”
Quel est ton parcours ensuite ?
“De 16 à 18 ans, j’ai donc ensuite fait une formation dans l’automobile, et j’ai embauché dans une concession Citroën. Ensuite, j’ai été licencié pour raisons économiques et pour me diriger vers le sport auto, j’ai fait le Campus à Spa-Francorchamps (comparable à l’école de la performance française à Nogaro). J’ai eu une formation d’un an avec six mois de théorie puis un stage de six mois chez DG Sport en 2014. C’est vraiment l’équipe que je visais car c’était à cinq minutes de chez moi et j’ai tenté ma chance et ça a pu le faire.”
Comment trouver une place en sport auto ?
“Grâce à l’école Campus, je pense que ça aide beaucoup, comme en France. Derrière, si tu as la volonté de trouver un poste, je pense que c’est faisable comme j’ai pu le faire.
J’ai pu bosser en rallye mais aussi en circuit, mais je préfère le premier. Pour l’ambiance déjà et le boulot sur la voiture est différent.”
Quel est ton poste sur la voiture ?
“Je suis mécanicien à l’arrière-droit de la voiture (sur Citroën C3 R5). Nous sommes quatre dans l’équipe et je gère tout ce qui est contrôle/serrage du train, ainsi que dans le coffre. Je gère également les pneumatiques. Contrairement à ce que l’on peut croire, le travail à l’avant n’est pas forcément plus compliqué, j’ai déjà eu ce rôle en étant chef voiture (chez RSR par exemple sur une Fabia WRC).
Quelque soit le poste, cela me va et ne me frustre pas. Il n’y a pas vraiment de planning, il faut le gérer soit-même. En ce qui concerne les pneus, par la moindre erreur, je pourrais faire perdre le rallye à l’équipe, clairement.”
Quel est ton boulot hors rallye ?
“Tout se passe à l’atelier avec la révision de la voiture. Cela représente la moitié du temps que je passe avec l’équipe. C’est moins excitant qu’en course mais c’est quand même sympa. Il y a du chargement/déchargement de pièces également. Pour réviser une voiture comme ça, il faut compter 4-5 jours de boulot à l’atelier après l’épreuve. Avant de partir, environ deux jours.”
Quel est ta rémunération en gros ?
“Il faut compter entre 200 et 300€ brut par jour, en sachant que je suis indépendant.”
Quelle est ta vision de tes prochaines années ?
“Pour l’instant, je me vois bien encore mécano. Peu importe le poste sur la voiture, pour moi c’est pareil, que ce soit chef mécano ou à l’arrière, tu as la même responsabilité. Si tu laisses une vis desserrée à l’arrière-droit ou dans le moteur, pour moi c’est identique. Heureusement, ce n’est jamais arrivé !”
Est-ce qu’un mécano a le droit à l’erreur ?
“Non car tu joues avec la sécurité des gens, ce n’est même pas une question de performances, mais de sécurité simplement.”
Quelles sont les qualités pour être mécano en sport auto ?
“Il faut du caractère pour ne pas se faire marcher sur les pieds, parfois c’est assez chaud à certains moments. Il faut pouvoir s’adapter rapidement à une situation. La motivation également bien sûr.
Par contre, il ne faut pas avoir une vie de famille (rires). Le danger est de ne pas être sûr de soi, il faut absolument être sûr de ce que tu as fait.”
Quelle est ta pire expérience de mécano ?
“Quand rien n’est préparé ni organisé, avant même le départ. Cela s’est déjà déroulé une fois, et c’était vraiment horrible d’arriver avec plein de surprises à faire au dernier moment.”
Et au contraire la meilleure ?
“Peut-être la victoire de Nicolas Ciamin au Touquet. Cela remet du piment, tu te dis que tu ne fais pas ça pour rien. Une victoire ça te remet de suite d’aplomb. Nicolas ne se prend pas la tête et été très naturel avec nous.”
A nos côtés, cet interview a engendré quelques remarques de ses collègues, ingénieur ou coordinateur, décrivant ce métier de mécano : “C’est le métier le plus ingrat du sport automobile”, “Ils savent faire des miracles pour réparer une voiture en seulement 15 minutes.”
Très sympa cet article sur les coulisses. Ca change les habitudes, en bien.
Bonjour
Merci pour cette mise en avant de l’ombre. Dans l’ombre en sport auto il y a également tout les bénévoles : organisateurs ou commissaires.
Ces derniers sont de moins en moins nombreux et tout aussi indispensable au bon déroulement de notre sport. Ils mériteraient eux aussi un petit coup de projecteur.