Monte-Carlo 1999 : Panizzi fait sensation



Continuons notre rétrospective des meilleurs moments du WRC avec un retour sur le rallye de Monte-Carlo 1999, épreuve où Gilles Panizzi rivalisa face aux pilotes officiels WRC pour sa première au volant d’une voiture de la catégorie reine.

Sans programme en attendant l’arrivée de la Peugeot 206 WRC pour le Tour de Corse, les frères Panizzi  se sont offerts un beau cadeau en ce début de saison 1999 avec la location d’une Subaru Impreza WRC pour le Monte-Carlo. Avec une belle préparation de trois jours sur tous les terrains possibles d’un Monte-Carlo, Zébulon a les ingrédients pour surprendre, même sans expérience au volant d’une voiture d’un tel calibre. Et même s’il avait obtenu un prix d’enfer pour cette location, le jeune français n’avait pas eu le budget pour installer un relais-radio dans l’avion de la FIA, comme les officiels, élément qui va devenir essentiel pour la poursuite de sa course. Avec un tel dispositif, le pilote Subaura aurait disposé d’un matériel plus fiable pour contacter ses ouvreurs, un élément primordial sur un Monte-Carlo…

Au départ, le natif de Roquebrune-Cap-Martin a une sérieuse concurrence face à lui avec un plateau composé de douze pilotes officiels : Tommi Mäkinen et Freddy Loix (Mitsubishi), Carlos Sainz et Didier Auriol (Toyota), Richard Burns et Juha Kankkunen (Subaru), Colin McRae et Simon Jean-Joseph (Ford), Harri Rovanperä et Piero Liatti (Seat), Armin Schwarz et Pavel Sibera (Skoda) ! Les privés Bruno Thiry (Subaru) et François Delecour (Escort) rêvent également de jouer avec les officiels et déjouer les pronostics.

Lundi matin, le premier chrono de “Plan de Vitrolles – Fayes”, long de 48,28 km, est un monument et va sacrer une légende du championnat du monde des rallyes : Tommi Mäkinen. Sur ce chrono, le pilote Mitsubishi vole et colle plus d’une minute à ses adversaires, et le premier d’entre eux se nomme Gilles Panizzi, encore tout frais au volant de sa belle Subaru. Derrière, c’est la débandade avec quatre pilotes officiels au trou et notamment Freddy Loix et Carlos Sainz (tenant du titre à Monaco). Pas moins de 18 concurrents vont abandonner dans ce chrono d’ouverture dont les deux tiers à cause d’une sortie de route ! Pour Didier Auriol, distancé de près de cinq minutes après une touchette, les rêves de victoire se sont déjà évaporés, comme pour Colin McRae (plus de trois minutes perdues).

Dans “Ruissans – Eygalayes”, Gilles signe un premier scratch en collant plus de six dixièmes au kilomètre à son poursuivant, Harri Rovanperä. Leader, Tommi Mäkinen est beaucoup moins impressionnant qu’en début de course mais compte encore 45s d’avance sur le français.

Victime de problèmes de suspension, Mäkinen est en souffrance sur cette fin d’étape et dans le chrono de Prunières, Panizzi prend le pouvoir, quatre secondes devant le finlandais, seulement 11e dans ce chrono à plus de cinquante secondes du champion de France 1997 ! De retour à Gap, la “Subaru Impreza Fruité” est une étonnante leader, six secondes devant la Mitsubishi officielle du champion du monde en titre finlandais. La perf’ du jeune privé impose le respect et fait beaucoup parler, l’instant entre déjà dans la légende du Monte-Carlo alors que le rallye ne fait que de commencer. Derrière ces deux hommes, les écarts sont déjà majeurs avec Kankkunen, Liatti, Thiry ou encore McRae distancés de une à deux minutes.

Le lendemain matin dans le chrono de Bayons et ses 32,52 km, Panizzi est déchaîné et inflige une réelle correction à ses adversaires, tous repoussés à plus d’une seconde au kilomètre ! Troisième du chrono, Mäkinen prend 49s dans les dents et même si Gilles est pénalisé de 20s pour un pointage en retard, le tricolore s’échappe en tête pour 35s4.

Dans les chronos suivants, Panizzi est moins flamboyant, entre un mauvais choix de pneus, mais aussi un tête-à-queue dans une épingle et un moteur calé. Galvanisé par la contre-performance de son adversaire, Mäkinen saisit le moment pour aligner les grosses performances et reprend largement la tête devant le jeune français, distancé de près de deux minutes par rapport au pilote Mitsubishi. Derrière Panizzi, Kankku’ n’a rien lâché et pointe à vingt secondes de la Subaru blanche de chez Cilti Sport.

Le lendemain, 109,04 km sont encore au programme avec notamment deux passages dans le Turini. Dans le premier chrono du jour, la belle Subaru privée glisse sur une partie verglacée et la sortie est inévitable, l’abandon aussi, l’Impreza vient de perdre deux roues…Les circonstances de cette sortie sont en plus bien malheureuses. “C’est la scoumoune.” lançait son frère Hervé. “Nos ouvreurs auraient dû voir la plaque de glace à cet endroit. Mais il y avait d’autres voitures et ils se sont écartés de la trajectoire pour les laisser passer. Ils n’ont rien vu. Donc cette plaque ne figurait pas sur nos notes. Après notre accident, nous sommes d’ailleurs restés sur place pour prévenir les autres concurrents. Et McRae a bien failli connaître la même mésaventure que nous.”

Néanmoins et en seulement deux jours, “Tarmac Master” a pris une autre dimension et vient aussi démontrer qu’il avait des qualités de “glisse” encore insoupçonnées. S’il avait su être rapide en mondial sur l’asphalte avec une Peugeot 306 Maxi (podium au Catalogne 1997), sa performance du week-end est encore plus significative et pleine de promesses.

Sur les trois derniers chronos de l’épreuve, Mäkinen peut dérouler jusqu’à Monaco, s’offrant un premier succès sur ce rallye. Le champion du monde en titre s’impose devant la Subaru de Juha Kannkunen et la Toyota de Didier Auriol. Malgré une grosse dernière boucle, François Delecour échoue à seulement huit secondes du podium sur une ancienne Escort WRC.

Gros reportage de 52 minutes !





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Subaru 06
Subaru 06
4 années il y a

Encore un monument d’anthologie que ce Monte 1999 Zébulon devant les Sub officielles chaussées en Pirelli, lui en Michelin, avec comme conseillère technique une certaine Michèle Mouton…

Boulenger
Boulenger
4 années il y a

Merci pour cette retro.Panizzi nous à régalé, on aime ou pas mais les frangins ne trichaient jamais.