Q.Giordano : “Loin d’être une fin en soi”



Passé tout proche d’une première victoire l’an passé en championnat de France asphalte, Quentin Giordano a débloqué son compteur au rallye Rhône-Charbonnières ce samedi.

Opposé principalement à Nicolas Ciamin pendant deux jours, le pilote lorrain a réalisé un samedi idéal pour mener sa Polo GTi R5 à la victoire. Grâce à cette victoire acquise avec Kévin Parent, le pilote du team Sarrazin Motorsport pointe en tête du championnat, à égalité de points avec Nicolas Ciamin.

Au lendemain de ce succès, Quentin a répondu à notre interview pour évoquer évidemment ce rallye Rhône-Charbonnières mais aussi ses progrès réguliers effectués depuis ses débuts dans la catégorie reine.

Bonjour Quentin. Au lendemain de ta victoire au Rhône-Charbonnières, j’imagine que tu es très satisfait.

“C’est cool de gagner, je suis satisfait évidemment. Mais c’est loin d’être une fin en soi de gagner une manche, l’objectif est toujours de faire un résultat sur le championnat complet en enchaînant les bonnes performances. La victoire, je vois ça comme un truc qui vient par rapport à de la régularité et au travail. L’an passé, sans gagner finalement, nous nous sommes quasiment battus jusqu’à la fin pour le titre, et c’est ça ce que je retiens. On aurait pu aussi beaucoup sortir et gagner mais être moins bien au championnat.

L’an dernier, je n’étais pas du tout frustré de ne pas gagner une manche. Le but était d’être régulier et de marquer des points. Au Var, les objectifs étaient différents, la situation n’était pas favorable pour gagner le titre et je visais davantage la victoire que d’habitude en me disant que je pouvais attaquer à bloc. Finalement, ça ne m’a pas réussi avec une histoire de pneumatiques mais on ne va pas revenir là-dessus maintenant.”

Au soir de la première journée au Charbo, tu es au coude à coude avec Nicolas Ciamin (8 dixièmes derrière). Quelles étaient alors tes impressions ?

“J’étais un peu frustré le vendredi soir car je n’avais pas bien roulé. J’avais des notes de 2018/2019 sur des spéciales que je connaissais bien. Et au lieu de bien rouler à la note comme il faut le faire, j’ai fait un mélange entre les notes et mes souvenirs des spéciales. En plus de ça, je n’avais pas un setup qui me donnait totalement confiance dans le rapide. Je savais qu’on serait plus à l’aise dans les nouvelles spéciales avec des notes plus fluides. Par le passé, j’ai toujours été un peu mieux que les autres sur des nouvelles spéciales.”

Le lendemain, tu enchaînes les meilleurs temps, toujours avec une petite marge, et l’écart se creuse petit à petit avec Nicolas Ciamin. Comment expliques-tu cette différence par rapport à la veille ?

“Avec un setup un peu ajusté, vraiment rien de dingue, j’avais un feeling bien meilleur. On a joué sur le pitch de la voiture, on a durci l’hydraulique et la voiture me donnait plus de calage. J’ai réussi à bien rouler sur les nouvelles spéciales avec un rythme régulier, en ayant toujours en tête qu’il pouvait y avoir un piège dans certaines cordes par exemple. Je pouvais bien me fier à mes ouvreurs très expérimentés (Alexandre Bengué et Cendrine Ruel). J’avais des notes plus fluides pour cette journée.

On avait donc une bonne voiture, j’avais un super feeling et j’étais vraiment à l’aise pour pouvoir attaquer comme je voulais tout en gardant de la marge, même si ce n’était pas encore parfait dans mon pilotage.

En partant derrière Ciamin, je voyais ses traces et je me disais qu’il ne devait pas être top au niveau de son setup. Et quand on voit les traces de frein de celui de devant, on a tendance à avoir envie de freiner toujours un peu plus tard ! C’était plus simple pour moi d’être dans cette situation qu’en ouvrant le deuxième jour comme il m’est arrivé parfois l’an passé avec Yoann (Bonato).

Dans les deux dernières spéciales, j’ai moins attaqué. Robert (Cédric) m’a demandé si j’avais la pression et non, tout allait bien car j’étais à l’aise avec mon rythme.

Dans la dernière, j’ai eu un peu de mal à me concentrer, j’ai demandé plusieurs fois les notes à Kevin et j’avais surtout peur de crever. Au final, le week-end aura été parfait et la voiture irréprochable.”

Depuis quelques temps, tu as montré de gros progrès en étant capable de te battre clairement pour le titre de champion de France. Comment as-tu réussi à progresser de cette manière ?

“L’expérience y est pour beaucoup. Stéphane (Sarrazin) m’a permis de me faire progresser énormément en pilotage, mais aussi dans l’approche des courses. Avant, j’attaquais à bloc sur les rallyes et je faisais pas mal d’erreurs alors que maintenant, je vise avant tout la constance dans mes performances. On se bat quand même avec des pilotes comme Yoann et Nico qui sont aidés par des constructeurs et que l’on peut considérer comme des semi-professionnels. Je passe moins de temps dans la voiture, j’ai moins d’expérience qu’eux. Yoann est souvent en essais avec Michelin ou Citroën alors que Nico a toujours pour but de devenir pilote professionnel. Pour moi, c’est super de pouvoir rouler face à eux et d’être performant.

Je suis un amateur qui roule dans une structure professionnelle qui est à la hauteur d’un team officiel.”

Est-ce que tu penses être moins à l’aise sur certaines épreuves à venir ?

“Quand je suis revenu sur le championnat français en 2017, je redoutais les Cévennes et Antibes car je n’avais pas d’expérience. L’an passé, c’était seulement mon 2e Cévennes alors que Yoann l’a peut-être fait 12 fois ! Mais en fait, j’ai été aussi performant sur ces manches que sur les autres. 

Depuis ces dernières années, j’ai gagné en précision dans mon pilotage, notamment face à Stéphane (Sarrazin) comme j’ai pu le dire. Mais j’ai encore à gagner en constance. Au Charbo par exemple, on perd deux fois 6s dans une spéciale face à Ciamin. Yoann était dans le même cas que nous mais on doit essayer de comprendre cette différence.”

Tu as parlé à plusieurs reprises de ton travail avec Stéphane Sarrazin. Peux-tu nous en dire plus ?

“On a travaillé sur la façon de freiner, sur les trajectoires, et plein de petites choses, qui mis bout à bout, font que tu t’améliores. Il a pu voir mon pilotage dans les spéciales et en vidéo évidemment. Il est monté quelques fois avec moi également, mais pas tant que ça. Je me suis aussi inspiré de ses vidéos pour progresser. Son apport est énorme. Globalement, j’ai aussi arrêté de faire les petites erreurs que je faisais trop souvent. 

Je suis aussi bien aidé par mon ingénieur (Yannick Hubert) qui vient du circuit. Il a notamment travaillé en Endurance, GP2 ou Formula E. Depuis le début de notre collaboration au Touquet, on travaille vraiment bien ensemble. Par rapport à mes adversaires, il me manque encore un peu de bagage technique donc son apport est vraiment crucial.”

Pour la 3e année de suite, tu roules au volant d’une Polo GTi R5, une voiture en absence d’évolutions. Est-ce gênant pour toi ?

“Le team est sans arrêt en train de trouver des solutions pour améliorer l’auto même si VW ne développe plus rien. L’équipe est très proche de Wevers Motorsport par rapport aux pièces. La Polo est une bonne voiture, la Citroën aussi et la Ford aussi car Fourmaux l’a montré par le passé par exemple. Nico montre aussi que la Hyundai est au niveau. Je pense que toutes les voitures R5 sont performantes de toute façon.”

Avant l’Antibes, quel est le programme ?

“Après cette victoire, je retourne au boulot demain matin. Je suis apporteur d’affaires dans une entreprise de communication visuelle dirigée par Thierry Chkondali nommée Message. Je suis aussi moniteur de ski et je peux adapter mon agenda un peu comme je le veux.

Sans tous mes partenaires qui me suivent, je ne pourrais pas du tout rouler en rallye et j’ai bien conscience de la chance que j’ai de les avoir. Je remercie d’ailleurs mon employeur qui me permet de me libérer ainsi pour le championnat de France.”




S’abonner
Notification pour
guest
4 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Ben 07
Ben 07
1 année il y a

En lisant et relisant les deux itw d’affilée (QG et YB) , le contraste est saisissant !
Bien sûr il est plus facile de disserter sur un succès que d’avouer un bide, mais les approches sont tout de même vachement différentes. Vu de l’extérieur, on peut se demander lequel des deux est l’amateur et lequel des deux est(semi ?) pro ?

Jyves
1 année il y a

Bravo à Quentin !
Beau rallye, et on voit qu’il a prit de la maturité.
Jadis, il était certainement un peu trop fougueux, un peu trop en vrac, mais je pense qu’il a comprit que ça ne payait pas toujours…
Pas de secret, il faut de l’expérience pour passer à travers tous les éléments…
Vivement le prochain rallye….