Que sont-ils devenus ? #2- Germain Bonnefis



Avec une saison actuelle à l’arrêt, le moment est idéal pour s’intéresser à ceux qui vous ont émerveillé dans les années 2000, avec des jeunes pilotes aux dents longues mais aussi des pilotes aguerris, prêts à se dépouiller sur les routes des championnats de France asphalte et terre.

Encore plus qu’aujourd’hui, les formules de promotion étaient d’une densité folle avec des plateaux dépassant parfois la trentaine de concurrents au départ, tous prêts à se battre pour le moindre dixième. Parmi eux, certains ont atteint la gloire, avant de disparaître peu à peu des radars des rallyes et du public.

Champion de France Terre 2012, vainqueur du Volant Peugeot 2011, mais aussi ancien pilote officiel Renault, Germain Bonnefis est le deuxième pilote à répondre à notre invitation pour cette rubrique : “Que sont-ils devenus” ? 

Quelle est ton activité aujourd’hui ?

“J’ai totalement changé de vie. Je suis passé d’un mec insouciant, égoïste, qui ne pensait qu’au sport automobile, à quelqu’un de plus mûr. Pour l’anecdote, on a calculé que nous avions “conçu” nos enfants au lendemain de mon dernier rallye…et tout a changé très vite pour moi. En plus, c’étaient des jumeaux et des grands prématurés, et cela a été un gros pet au moral, j’étais confronté à la possibilité de les perdre.

Côté boulot, je suis la 4e génération des Bonnefis à reprendre le garage familial de Baraqueville avec 11 employés. Pendant que j’étais pilote de rallye, j’avais déjà repris la partie vente de l’entreprise. Pendant cette période hors rallye, j’ai obtenu aussi un Master de Commerce sur Paris.

J’ai également fait une formation au Mans de 15 semaines pour devenir moniteur de pilotage. J’aide notamment Gérard Laurin (Fiesta R5) pendant une vingtaine de jours par an et je bosse aussi parfois avec Drive Control.”

Comment s’est déroulé ton dernier rallye ? Savais-tu déjà que ce serait compliqué de rouler par la suite ?

“L’année de 2014 est celle de trop. Elle m’a suffisamment dégoûté pour ne pas repartir. J’avais mis une énergie folle pour monter un programme. Je voulais faire un gros Rouergue avec une superbe Porsche et cela a finalement été un petit Rouergue avec une Porsche “basique”. Je rêvais plutôt de la GT+…

J’étais déçu d’avoir été viré de chez Renault après ma sortie en Croatie fin 2013. Ils n’ont jamais pris de mes nouvelles alors que j’avais des vertèbres fracturés après la sortie de route. J’ai simplement reçu un e-mail pour me prévenir que le partenariat était terminé alors que j’étais en train de développer la Renault Clio R3T. Je ne voulais pas y croire. J’ai tenté de me démener en trouvant un agent et en passant tout mon temps à trouver du budget, mais tout ça m’a dégoûté des relations humaines en rallye.”

As-tu eu des opportunités de revenir ? Cherches-tu encore à rouler d’ailleurs ?

“J’ai eu quelques opportunités d’aider des gars pour du développement et des essais. J’ai aussi roulé sur une manche de la Coupe 208 en circuit.

J’ai acheté une Sprintcar pour retrouver des sensations de pilotage et combler ce besoin d’adrénaline. Le rallye ne me manque pas en tant que tel, mais les sensations et la vitesse, clairement.”

Quel a été le meilleur moment de ta carrière ?

“Franchement, mon meilleur moment a été ma deuxième saison avec la 106 S16 N2. J’ai un peu le même avis que Senna qui avait avoué avoir connu une saison plus passionnante en progressant et en étant outsider, plutôt que lors de ses titres.

Je me rappelle de moments magiques avec la 106 au rallye des Cévennes dans la nuit par exemple. Je n’ai jamais roulé aussi vite depuis, on roulait comme des fous. C’est une des rares voitures que j’ai mené à 100%.”

Quelle a été la voiture préférée dans ta carrière ?

“La Peugeot 207 S2000. C’était la plus aboutie, la plus bandante. Mais la saison terre a été frustrante. On peut le dire aujourd’hui, le plateau était très limité et j’aurais même préféré faire la saison avec la nouvelle Peugeot 208 R2 pour tout dire. Je n’ai jamais pu vraiment rouler à fond. Je me rappelle du Lozère où j’ai une minute d’avance après la première journée et où l’on me demande de gérer, ce n’était vraiment pas plaisant.”

Quel copilote t’as le plus marqué ? 

“Il n’y a pas eu un seul moment où cela s’est mal passé passé avec Olivier (Fournier). On a connu des joies énormes, des déceptions aussi. Il était hyper pro et facile à vivre. Nous étions hyper proches dans l’auto mais étrangement, on ne se voit quasiment plus maintenant.”

Si tu devais faire un rallye aujourd’hui ? Ce serait lequel et avec quelle voiture (budget illimité) ?

“Sur un rallye que je ne connais pas déjà car tous les rallyes en France s’apparentent maintenant à des circuits, c’est toujours le même parcours. Je viserai plutôt l’étranger et même le Sanremo, mais celui d’avant avec un rallye mixte. Avec une propulsion comme la Fiat 131 Abarth car je suis fan de l’époque entre 1975 et 1983, si je pouvais remonter le temps, ce serait le top.”

As-tu des regrets par rapport à ta carrière ?

“Aucun et c’était l’objectif. J’étais un bon pilote mais je n’avais pas la classe des champions. Je n’ai pas eu l’ambition d’être un vrai champion. Je n’ai jamais eu envie de tout sacrifier pour ça.”

Avais-tu des idoles gamin ?

“Didier Auriol, mon père était dans son fan club. Il est aveyronnais et champion du monde, donc c’était logique. J’aimais bien aussi François Chatriot, j’aimais bien ses bagnoles et son pilotage.”

Que penses-tu globalement du rallye français d’aujourd’hui, du championnat asphalte avec les R5 mais aussi des formules de promotion ?

“Pour les points positifs, c’est bien d’avoir seulement des R5 pour le titre et d’avoir exclu les WRC. Avoir 20/25 voitures quasi égales au départ, c’est top. On continue de voir des formules de promotion, c’est très bien même si c’est trop cher.

Côté négatif, j’ai l’impression que l’on assiste à des boucles. Les spéciales ne changent jamais et un gars expérimenté peut être devant un jeune prometteur qui découvre. C’est la course à l’argent et aux sponsors. Selon moi, le rallye est une discipline vouée à s’éteindre à petit feu. Il y a de plus en plus de gentlemen drivers et ils n’intéressent personne.

Je suis allé au Rouergue l’an passé et la première voiture qui m’a intéressé, c’est la BMW 318 de Rouillard !”

Enfin, as-tu des conseils à donner à un petit jeune qui débute en formule de promotion ?

“Il faut garder son côté naïf et insouciant. Faire les choses en étant bien préparés, ne pas vouloir trop en faire en ayant pas les moyens nécessaires pour être dans de bonnes conditions. Enfin, ne pas négliger la préparation des rallyes via les caméras embarquées notamment.”

Best-of 2011

Germain en 106 S16 N2





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jmb17
jmb17
4 années il y a

La bonne fit contre mauvaise fortune bon cœur.
(Je sens que j’m’épuise !)

Seb73
Seb73
4 années il y a

Et Neuville
Quelqu’un aurait des news de neuville
Il devient quoi?