Que sont-ils devenus ? #22- Pierre Campana



Avec une saison actuelle à l’arrêt, le moment est idéal pour s’intéresser à ceux qui vous ont émerveillé dans les années 2000, avec de jeunes pilotes aux dents longues mais aussi des pilotes aguerris, prêts à se dépouiller sur les routes des championnats de France asphalte et terre.

Encore plus qu’aujourd’hui, les formules de promotion étaient d’une densité folle avec des plateaux dépassant parfois la trentaine de concurrents au départ, tous prêts à se battre pour le moindre dixième. Parmi eux, certains ont atteint la gloire, avant de disparaître peu à peu des radars des rallyes et du public.

Ancien pilote officiel Mini et vainqueur en championnat de France, Pierre Campana est le vingt-deuxième pilote à répondre à notre invitation pour cette rubrique : “Que sont-ils devenus” ? 

Faits marquants en carrière

2012Pilote officiel Mini au Monte-Carlo / 3e du Tour de Corse (Peugeot 207 S2000)
20112 victoires en Championnat de France asphalte (Mini JCW WRC)
20103 rallyes en IRC avec une Renault Clio R3
2008-20094 victoires en Suzuki Swift Sport
2004Début en rallye (Peugeot 106 S16)

Quelle est ton activité aujourd’hui ?

“Depuis 15 ans, je travaille à la Collectivité de Corse au service des routes. Je suis marié et j’ai deux enfants. Ma vie personnelle a pris d’un coup le dessus sur ma carrière sportive. L’envie était toujours là mais ma vie privée était prioritaire.

Je suis toujours les résultats en WRC et en championnat de France. Egalement l’Italie où il y a des rallyes sympas à faire avec des formats différents de la France.

Sinon, je fais du sport pour m’entretenir et avoir une bonne hygiène de vie. Donc je fais du vélo et de l’enduro depuis mon arrêt en rallye. J’ai pu faire du motocross par le passé et en Corse, j’ai un terrain idéal pour m’amuser.”

A quel moment as-tu senti que ta carrière était sur le point de se terminer ?

“La naissance de mon premier enfant a changé pas mal de choses. Elle a eu des soucis de santé et j’ai décroché du sport auto pendant 3/4 ans. J’avais autre chose à penser de plus important que le rallye. Tout est devenu secondaire. Je n’avais ensuite plus la motivation de monter des programmes en cherchant de gros budgets.

Après ce long arrêt, j’ai effectué le Tour de Corse avec une R3, puis en 2018, j’ai roulé en Italie avec un beau programme en R5. J’étais plus motivé et j’avais une vie perso plus tranquille.

Je termine vice-champion face à Rossetti et cela m’a vraiment reboosté. On avait prévu de repartir en 2019 sur ce même championnat, mais un de mes partenaires, qui était aussi un ami, est décédé.

J’ai également roulé sur le rallye de Corte à domicile avec mon cousin Henri-Marc Venturini. Si le rallye se fait cette année, j’espère rouler, toujours avec lui et possiblement en R5. J’ai quelques contacts pour rouler en Italie par la suite, à voir.

J’aimerais bien sûr revenir en France mais les coûts restent problématiques. Je préfère m’engager sur 4 épreuves en Italie plutôt que 2 rallyes en France pour le même coût. Mais ça me ferait vraiment plaisir de rouler en France.”

Quel a été le meilleur moment de ta carrière ?

“Il y en a forcément beaucoup avec notamment mes premières victoires sratchs et en formules de promotion. En 2008, je me rappelle du Tour de Corse avec une bagarre face à Ogier (futur champion JWRC) qui avait une S1600 et moi la R3. Ce sont des souvenirs gravés à jamais.

Le Monte-Carlo avec la Mini reste inoubliable. C’était l’aboutissement d’un rêve, je me suis battu contre les ténors et j’ai fait parfois jeu égal avec mon coéquipier Sordo qui est une référence sur ce rallye. J’ai fait quelques splits aussi devant Loeb qui était intouchable cette année là, et ça marque !”

Quelle a été la voiture préférée dans ta carrière ?

“La Mini WRC évidemment. C’était vraiment une voiture à part, complètement autre chose que ce que j’avais connu et vraiment un autre palier. J’ai découvert cette voiture avec Prodrive lors du Richard Burns Memorial Rally, une épreuve que l’on a remporté devant Kris Meeke. C’était une épreuve particulière, sans reconnaissances dans une base militaire. Nous avions une carte du rallye et il fallait imaginer les angles des virages. C’était une super expérience et un beau souvenir.”

Quel(le) copilote t’as le plus marqué ? 

“Sabrina De Castelli qui m’a accompagné pendant la majorité de ma carrière. Elle a su me guider dans mes choix et c’est quelqu’un de très expérimentée. Elle fait partie des meilleurs copilotes en France. Elle est posé et calme, ça m’allait bien. Son travail avant, pendant et après, était remarquable, tout était prêt de A à Z. Cela marchait bien entre nous deux.”

Si tu devais refaire un rallye aujourd’hui ? Ce serait lequel et avec quelle voiture ? (Budget illimité)

“La Toyota Yaris WRC sur le Monte-Carlo. La Yaris d’abord car c’est la voiture en général que j’aime, le look et les performances. D’autre part, le Monte-Carlo car c’est un rallye à part avec une adrénaline unique par rapport aux autres épreuves. Aborder une spéciale avec un mauvais choix de pneus est courant sur cette épreuve et très stressant, mais excitant à la fois.”

Que penses-tu globalement du rallye français aujourd’hui, du championnat asphalte avec les R5 mais aussi des formules de promotion ?

“C’est un beau championnat avec toujours de très gros plateaux avec pas moins de 20 R5 au départ. La FFSA a réussi à tirer le championnat vers le haut. J’ai pu me battre face à Yoann Bonato par le passé. Il est resté un peu l’arrêt pendant quelques temps mais a su se remotiver pour repartir en formule de promotion. Il mérite ce qui lui arrive.

Les formules de promotion restent l’endroit où un jeune doit rouler pour gravir les échelons en rallye. Je suis passé par là, comme quasiment tout le monde. Cela permet de se forger une bonne pointe de vitesse avec un niveau élevé, quelque soit la marque. Il y a moyen normalement de s’auto-financer, c’était mon cas.

C’est toujours accrocheur de gagner une formule de promotion et c’est finalement la seule véritable voie pour accéder à d’autres catégories. Gagner sa classe sur un rallye de Coupe de France n’est pas porteur.

Les formules coûtent de plus en plus chères. On avait la possibilité de formules à bas prix avec la Suzuki Swift et la Clio Cup à mon époque. Maintenant, il faut vraiment un gros budget.

Il reste aussi la possibilité de participer à Rallyes Jeunes. De mon côté, j’ai pu démarrer en gagnant la sélection Rougier Sport en battant notamment Jérémi Ancian pour obtenir une saison en Suzuki.

L’augmentation des coûts est une spirale difficile à freiner. Il faudrait des voitures plus simples à faire pour retrouver des plateaux comme j’ai connu en Suzuki et Peugeot avec plus de trente voitures.”

As-tu des regrets sur ta carrière ?

“Oui avec ce programme arrêté avec Mini. J’aurais du faire toutes les manches asphalte en 2012 avec Dani Sordo en coéquipier, mais aussi des manches terres grâce à l’Equipe de France FFSA, soit 7-8 rallyes dans la saison. C’était un programme d’apprentissage en espérant mieux en 2013. Malheureusement, Mini a mis fin à ce programme en cours d’année.

Sinon le Tour de Corse de la même année. J’aurais peut-être pu gagner cette édition sans des problèmes mécaniques avec la 207 S2000, même si Sordo avec sa RRC, était quand même au-dessus de nos S2000.”




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Macc
3 années il y a

Je me souvient du rallye du Var 2011 pierre canpanna il participé avec une mini WRC blanche superbe je me souviens du son de cette voiture, on aime ou on aime pas le look et le son de cette et inimitable quel dommage quel n’ est rien fait WRC cette voiture (palmarès)

Robin
Robin
3 années il y a

4 rallies en Italie, 2 rallies en France !!! Quelqu’un peut-il m’expliquer pourquoi cette différence de coûts ?