Que sont-ils devenus ? #6- Jérémi Ancian



Avec une saison actuelle à l’arrêt, le moment est idéal pour s’intéresser à ceux qui vous ont émerveillé dans les années 2000, avec de jeunes pilotes aux dents longues mais aussi des pilotes aguerris, prêts à se dépouiller sur les routes des championnats de France asphalte et terre.

Encore plus qu’aujourd’hui, les formules de promotion étaient d’une densité folle avec des plateaux dépassant parfois la trentaine de concurrents au départ, tous prêts à se battre pour le moindre dixième. Parmi eux, certains ont atteint la gloire, avant de disparaître peu à peu des radars des rallyes et du public.

Ancien pilote officiel Peugeot, vainqueur du Volant Peugeot 2012 et de la Suzuki Rally Cup 2009 , Jérémi Ancian est le sixième pilote à répondre à notre invitation pour cette rubrique : “Que sont-ils devenus” ? 

Faits marquants en carrière

2017-2018Championnat de France Asphalte (Ford Fiesta R5)
201312e du championnat ERC (Peugeot 207 S2000)
2012Vainqueur Volant Peugeot (Peugeot 207 RC R3T)
2010Vainqueur du Rallye de France en JWRC (Suzuki Swift S1600)
2009Vainqueur Suzuki Rally Cup (Suzuki Swift N2)
2005Début en rallye avec Rallye Jeunes (Peugeot 206 XS)

Quelle est ton activité aujourd’hui ?

“Je gère un bureau d’études avec un atelier de construction mécanique. Avec mon installation, je peux travailler dans des domaines assez variés, comme la robotique ou l’agro-alimentaire. J’ai démarré en auto-entrepreneur, puis j’ai poursuivi en entreprise individuelle et je suis maintenant en SARL.

Sinon, j’ai pas mal d’hobbys comme les buggys, les motos et voyager, et pas mal de choses, comme tout le monde”

Savais-tu déjà que ce serait compliqué de rouler après le Vosges 2018, ton dernier rallye à ce jour ?

“Je sentais que c’était la fin, les partenaires ne tenaient pas leurs paroles. Cela reste une passion et j’avais déjà beaucoup sacrifié avant. Déjà en Coupe, je n’ai jamais été bon pour démarcher des partenaires, je n’ai pas su trop me vendre, je ne suis pas un bon commercial. En regardant le film Le Mans 66, je me suis trop retrouvé dans Ken Miles. Je ne dis pas que j’ai son talent, mais je me suis bien reconnu en lui avec son franc parler avec les ingénieurs notamment.

Les gens que tu rencontres te permettent parfois de débloquer pas mal de choses. Quand j’ai commencé le rallye, c’était vraiment pour m’amuser, je n’avais jamais vu un rallye de ma vie avant Rallye Jeunes. J’ai gagné la finale sans savoir ce que j’avais au bout comme récompense. Je n’ai jamais pensé qu’il était possible d’en faire mon métier.

Je n’ai pas vraiment chercher à rouler en 2020 hormis à l’Ain-Jura avec la Porsche de Romain Dumas ou sur une Renault Clio S1600. En 2021, je vais essayer de rouler en rallye TT, et en proposant en plus des locations.”

Quel a été le meilleur moment de ta carrière ?

“Le rallye du Valais 2013. Même si je termine loin à cause de différentes pénalités (crevaisons, erreur de pointage consécutif à un arrêt injustifié de la police), j’ai vraiment pris un plaisir fou. Nous sommes les meilleurs performers du rallye. On roulait vraiment avec beaucoup de plaisir et c’est dans ces conditions que je suis le plus rapide.

Je me rappelle des Cévennes 2011 également avec la spéciale du Col de Minier. En slicks sur le mouillé, on colle plus de deux secondes au kilomètre à Cédric Robert et sa Citroën DS3 RT, jugée plus performante que notre Clio Renault Clio R3. J’ai tiré le frein à main pendant toute la spéciale et grâce à ça, j’avais les pneus avant bien chaud et on a fait la différence avec le 4e temps scratch au bout.”

Quelle a été la voiture préférée dans ta carrière ?

“J’ai franchement aimé toutes les voitures que j’ai piloté, même la Suzuki Swift de la coupe par exemple. C’est sûr que le plaisir est différent dans une auto comme la R5 ou la S2000.”

Quel copilote t’as le plus marqué ? 

“Olivier Vitrani forcément. De premier abord, il est très froid, un peu comme moi au final, mais il est top quand on commence à le connaître. Tout est préparé et nickel avec lui. Cela m’aide beaucoup et je n’ai pas à me préoccuper de quoi que ce soit.”

Si tu devais refaire un rallye aujourd’hui ? Ce serait lequel et avec quelle voiture ? (Budget illimité)

“Je prendrais une Hyundai i20 WRC actuelle pour faire l’Ain-Jura chez moi ou le Lyon-Charbonnières car j’ai déjà eu l’occasion de les faire plusieurs fois et je pourrais peut-être l’exploiter davantage.”

Que penses-tu globalement du rallye français aujourd’hui, du championnat asphalte avec les R5 mais aussi des formules de promotion ?

“L’organisation est bonne même si on peut toujours améliorer des choses. Ce que je regrette vraiment, comme Germain Bonnefis, c’est que l’on retrouve tout le temps les mêmes spéciales. Quand tu ne roules pas souvent, c’est chaud de se battre devant car la connaissance du terrain fait énormément de différence. Dans le championnat, il est dommage de ne pas rouler à armes égales finalement. Je l’ai vu lors de mes débuts en R5 par exemple avec des problèmes pneumatiques à cause d’un manque d’essais.

Du côté des formules de promotion, je trouve que c’est de plus en plus cher, c’est presque aberrant. A la base, elles servaient à faire sortir des jeunes sans budget. En ZX, les pilotes gagnaient même de l’argent.

Sans Rallye Jeunes, il m’aurait été impossible de rouler et j’ai aussi gagné mon volant pour rouler avec Suzuki. Et pour Peugeot, Sébastien Ogier m’a aidé à acheter la 207 R3T et j’ai quasiment pu m’auto-financer.”

Enfin, as-tu des conseils à donner à un petit jeune qui débute en rallye ?

“Comme Germain,  je dirais qu’il faut éviter vraiment les trucs à bas prix. Le risque de se retrouver avec une victoire peu performante et peu fiable est trop grand. Il faut aussi essayer de rencontrer et connaître un maximum de monde. Si tu as le budget, autant attaquer par le Mondial pour réussir. A 25 ans, ils connaissent déjà tout maintenant.”

Qu’est-ce qui t’as manqué pour réussir ?

“Je n’ai pas eu le mental ou la bonne approche au début. Il aurait fallu que je sois formaté à la compétition plus jeune. Je n’étais pas encore fan de sport auto et je n’y connaissais rien.

J’ai commencé à croire en une carrière en arrivant chez Peugeot après avoir vu mes premiers temps avec la 207 S2000 au rallye des Iles Canaries. J’ai eu aussi la maladresse de critiquer la Suzuki Swift S1600 à mes débuts et au lieu de participer à cinq épreuves du JWRC, je me suis retrouvé à en faire une seule…que j’ai gagné au rallye de France.

Au final, j’ai toujours eu l’impression de manquer d’expérience.

J’ai quand même eu la chance d’essayer une Ford Fiesta WRC chez M-Sport. J’avais écrit à Malcolm Wilson et j’avais vraiment été surpris qu’il me réponde…Je me suis retrouvé sur une base de 3,6 km et j’ai fait une quarantaine de kilomètres en tout. J’étais à 1s des temps de Tänak qui était champion S2000 et à 2s6 d’Hirvonen. Et aussi quelques dixièmes devant Novikov qui a été choisi pour un programme avec la WRC. En regardant les data, j’étais plus rapide que Hirvonen dans le lent mais bien plus lent dans le rapide. Au premier passage, j’ai failli me mettre dans les grumes en 6e. Après ça, j’étais tétanisé avec une direction très inhabituelle pour moi. C’était un truc de fou de voir les ingénieurs analyser les données, c’était tout nouveau pour moi, ce que j’ai retrouvé ensuite avec Peugeot et la S2000.”

Romain Renebon

Essais avec la Ford Fiesta WRC

Var 2016, 2e temps derrière Lefebvre et sa WRC

Valais 2013, Scratch ES9





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Néo
Néo
3 années il y a

On sera heureux de le voir passer sur les manches du championnat TT.

jmb17
jmb17
3 années il y a

Il s’est blessé, Jérémi en sciant.