Que sont-ils devenus ? #7- Charles Martin



Avec une saison actuelle à l’arrêt, le moment est idéal pour s’intéresser à ceux qui vous ont émerveillé dans les années 2000, avec de jeunes pilotes aux dents longues mais aussi des pilotes aguerris, prêts à se dépouiller sur les routes des championnats de France asphalte et terre.

Encore plus qu’aujourd’hui, les formules de promotion étaient d’une densité folle avec des plateaux dépassant parfois la trentaine de concurrents au départ, tous prêts à se battre pour le moindre dixième. Parmi eux, certains ont atteint la gloire, avant de disparaître peu à peu des radars des rallyes et du public.

Faits marquants en carrière

2017Championnat de France Asphalte en Peugeot 208 T16 et Skoda Fabia R5
2016Vainqueur trophée Renault Clio R3T
2015Championnat ERC (Peugeot 208 T16)
2014Vainqueur volant Peugeot (Peugeot 208 R2)
2012Vainqueur trophée Renault Twingo R1

Vainqueur de trois formules de promotion (Peugeot en 2014 et Renault en 2012 et 2016) et ancien pilote officiel Peugeot, Charles Martin est le septième pilote à répondre à notre invitation pour cette rubrique : “Que sont-ils devenus” ? 

Quelle est ton activité aujourd’hui ?

“Je travaille dans les assurances dans la région parisienne. Quand j’ai arrêté de rouler, je voulais passer un DE au Mans pour être coach mais je voulais aussi trouver un “vrai” travail avec un CDI pour acheter une maison par la suite, et ce n’était pas possible dans le sport auto. Grâce à une boîte d’intérim, j’ai pu trouver une place et m’engager dans un nouveau milieu professionnel.

Je pratique toujours en sport mécanique puisque je participe au Sodiwseries (courses de karting dans le monde). Il y a un niveau super intéressant et plus de 9000 équipes dans le monde. On a pu participer à la finale mondiale l’an passé en Italie.

Dans le passé, j’ai débuté en karting mais je me suis vite aperçu que mon budget était nettement insuffisant pour rivaliser avec les meilleurs. J’ai pu tout de même faire des essais en Formule Renault 2.0 avec de bonnes performances, mais là encore, et après discussions avec Frédéric Vasseur (actuel directeur du team Alfa Romeo en F1), le budget était vraiment trop élevé pur continuer et mon rêve de la F1 s’est vite évanoui.”

Savais-tu déjà que ce serait compliqué de rouler après ta dernière saison en 2017 ?

“Depuis 2015, c’était toujours difficile, je suis passé de réfléchir d’année à année, à me projeter de rallye en rallye. J’y croyais encore au Var, le budget était raisonnable par rapport au programme visé, comparé aux budgets demandés à d’autres pilotes. Mais c’était encore trop important pour moi. La proposition était intéressante pour 2018 avec Skoda, Yacco, Michelin et FJ, mais en février, c’était le coup de massue, on avait tout essayé. C’était un programme complet ou rien.”

As-tu eu des opportunités de revenir ? Cherches-tu encore à rouler d’ailleurs ?

“Avec mon travail, j’ai déjà eu une grande période de formation avec des congés forcément limités. Ce n’était pas possible de rouler sur asphalte en tout cas. Si je fais une super rencontre avec une personne qui a le budget, je serai partant forcément mais sinon c’est impossible.”

Quel a été le meilleur moment de ta carrière ?

“Cette question n’est pas simple. La dernière spéciale du Var 2016 me rappelle vraiment de bons souvenirs avec la Renault Clio R3T. J’avais déjà le trophée en poche et Jérôme Chavanne avait 30s d’avance sur moi.

Je me suis dit que je ne pouvais pas le laisser gagner, j’avais envie de faire un gros truc. On gagne finalement pour 3s et Jérôme me dit à l’arrivée : “Putain, toi, t’es un Audirac”. C’était vraiment une super belle spéciale.”

Quelle a été la voiture préférée dans ta carrière ?

“La R5 évidemment. La Skoda est la meilleure voiture que j’ai piloté. Elle est beaucoup plus facile que la T16 avec des différentiels bien meilleurs. On fait des temps sans forcer avec cette voiture.

J’ai un gros regret sur cette saison 2017, c’est d’avoir bêtement crevé aux Cévennes alors que la victoire était jouable avec la Skoda. Cela aurait pu m’aider pour la suite.

La 208 m’allait bien aussi quand j’ai débuté au Touquet pour la première fois, elle était facile à amener. Ensuite, je n’ai pas réussi malheureusement à retrouver ce feeling avec la voiture du Sébastien Loeb Racing. Pour l’anecdote, pour ma première expérience rallye, je suis monté à côté de Sébastien Loeb avec une Citroën C2 S1600 lors d’une séance d’essais. Et j’ai ensuite pris le volant d’une Citroën C2 R2 Max, la voiture de mes débuts.”

Quel copilote t’as le plus apporté ? 

“J’ai eu la chance de débuter avec Denis Giraudet. Avant le premier rallye, pour montrer à quel point je n’y connaissais rien (!!!), je lui ai demandé ce qu’était une spéciale dans un rallye. Il m’a répondu calmement et m’a expliqué ! En terme de prise de notes, il m’a appris une tonne de détails. C’est une perfectionniste avec une rigueur énorme. Son rôle était en plus particulier car il formait mon futur copilote, donc on effectuait les reconnaissances à trois.

Pour l’histoire, je me suis retrouvé chez PH Sport grâce à quelques relations avec Dominique Heintz (patron de l’équipe SLR). Et derrière, PH m’a amené Denis.

Je dois aussi forcément mentionner Maxime Vilmot avec qui j’ai fait mon dernier rallye au Var. En plus d’être le plus grand passionné de rallye que j’ai croisé dans ma vie, c’est le copilote de référence. C’est incroyable de voir à quel point ce mec est passionné. Il a été exceptionnel, je savais que je devais absolument faire un rallye avec lui. Il peut apporter des choses à n’importe quel pilote sur n’importe quel rallye.”

Si tu devais refaire un rallye aujourd’hui ? Ce serait lequel et avec quelle voiture ? (Budget illimité)

“Je roulerais sur la terre car cela fait un moment et avec une WRC d’aujourd’hui.”

Que penses-tu globalement du rallye français aujourd’hui, du championnat asphalte avec les R5 mais aussi des formules de promotion ?

“Je trouve qu’il n’y a pas assez de pilotes pour jouer la gagne. C’est trop cher pour quelqu’un de “normal”.

Il faudrait mettre en place des primes pour auto-financer ceux qui arrivent à monter sur le podium scratch, c’est une idée comme ça, je ne sais pas trop à vrai dire.

Pour les formules de promotion, ce sont vraiment mes meilleures années. Le niveau global est plus intéressant que dans le championnat de France avec plus de pilotes en lice pour la gagne. Mais cela reste très cher.”

Enfin, as-tu des conseils à donner à un petit jeune qui débute en rallye et veut grimper les échelons ?

“Passer par une formule de promotion obligatoirement. Il faut avoir tout le budget en début de saison et même se projeter sur un programme de deux ans. C’est important psychologiquement d’avoir cette assurance pour avoir un esprit libéré.

Il ne faut pas chercher à gagner dès la première année mais bien prendre de l’expérience pour viser le titre ensuite.

Sinon, il faut se dire qu’au lieu de faire un dossier de sponsoring, autant jouer au Loto. C’est une réplique de Vincent Ducher (actuel team manager chez Saintéloc Racing). C’est le meilleur coordinateur que j’ai rencontré, il est trop fort. C’est en grande partie grâce à lui que j’ai gagné le Volant Peugeot.”

As-tu des regrets par rapport à ta carrière ?

“À un certain moment, je pense avoir trop penser au résultat plutôt qu’aux performances, surtout en ERC lors de la saison 2015. J’ai un regret particulier par rapport à cette saison là. En Irlande pour ma première manche en ERC, j’avais le scratch dans les mains en qualifications mais je fais une erreur et je termine tout proche du meilleur temps. J’étais tellement déçu et en plus ça m’a bloqué le dos ! Heureusement, j’ai bu une Guiness le soir et ça allait mieux. 

Sur cette saison là, j’étais trop focalisé à ne pas faire d’erreurs. A la fin de cette année là, j’ai clairement manqué de budget pour continuer à ce niveau là malgré une belle proposition de Peugeot.

Mais j’ai vraiment eu une chance extraordinaire d’avoir pu faire tout ça. J’ai roulé en championnat d’Europe en direct sur Eurosport, c’est dingue quand même. Comment pourrais-je me plaindre ?”




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Jean Luc VARE
3 années il y a

Et nous parlions de celui qui est devenu champion de France junior en 2012,Jérémie Serieys !!!

albe
albe
3 années il y a

Encore un avion de chasse, c’est plutôt normal dans cette rubrique, qui n’a pu atteindre le firmament et pourtant quel coup de volant !
Je l’ai vu à l’œuvre quelques fois et son style « à la limite » est impressionnant. Dommage qu’il n’ait pas piloté plus souvent la Skoda, beaucoup plus aboutie que la 208 T16.
Il est encore « frais » et tout espoir n’est peut-être pas perdu pour lui, même en ces temps difficiles. Il a aussi le mérite de clairement mettre en avant le rôle du coéquipier, cet éternel oublié !