Que sont-ils devenus ? #8- Alex Bengué



Avec une saison actuelle à l’arrêt, le moment est idéal pour s’intéresser à ceux qui vous ont émerveillé dans les années 2000, avec de jeunes pilotes aux dents longues mais aussi des pilotes aguerris, prêts à se dépouiller sur les routes des championnats de France asphalte et terre.

Encore plus qu’aujourd’hui, les formules de promotion étaient d’une densité folle avec des plateaux dépassant parfois la trentaine de concurrents au départ, tous prêts à se battre pour le moindre dixième. Parmi eux, certains ont atteint la gloire, avant de disparaître peu à peu des radars des rallyes et du public.

Faits marquants en carrière

2006Deux rallyes en Peugeot 307 WRC en Mondial (Catalogne et Corse)
2005Pilote officiel Skoda en WRC (4 rallyes)
2004Vice-Champion de France Asphalte (Peugeot 206 WRC)
2003Champion de France Asphalte (Peugeot 206 WRC)
2002Vice-champion de France Asphalte (Peugeot 206 WRC)
1999Vainqueur Rallye Jeunes

Ancien pilote officiel Skoda et champion de France asphalte 2003, Alexandre Bengué est le huitième pilote à répondre à notre invitation pour cette rubrique : “Que sont-ils devenus” ? 

Quelle est ton activité aujourd’hui ?

“J’ai toujours la chance de conduire des voitures de rallye aujourd’hui car je suis pilote d’essais PSA Motorsport depuis 2012. J’ai un contrat avec les 3 marques, Peugeot, Citroën et DS. J’ai eu ce poste après un drame avec le décès de Bug’.

J’ai par exemple participé à tout le développement de la nouvelle 208 Rally4. J’ai pu faire de vraies séances d’essais spécifiques. En théorie, je peux tout faire sans être prétentieux, un peu comme si j’étais un pilote d’astreinte.

J’ai aussi le statut de travailleur indépendant en étant instructeur de pilotage. J’ai aussi une activité de coaching. J’ai notamment aidé Stéphane Lefebvre dans sa carrière.”

A quel moment as-tu su que ton rêve de faire carrière en WRC était terminé ?

“J’ai senti le vent tourner en 2006. En 2005, c’était ma première année avec Skoda en WRC, je voyais ça comme un vrai tremplin avec un contrat de deux ans. D’abord, une première année avec quelques manches et une seconde avec un programme plus complet. C’était l’opportunité de ma vie. Malheureusement, cela a été de courte durée et mon contrat est devenu caduque à la fin de la première année, Skoda se retirant du WRC.

Cela a été très difficile de rebondir derrière, j’avais plein d’espoir, plein de rêve et tout était terminé. J’ai pu rouler grâce à mes partenaires historiques sur deux épreuves du WRC avec une Peugeot 307 en 2006.

C’était frustrant car je me sentais prêt, j’étais si près du but et tout a capoté. Mon tour était passé malheureusement, il y a eu quelques années difficiles à passer. J’ai profité un peu de quelques épreuves ensuite comme en 2008 avec quelques résultats sympas avec la 307.

Après ça, je ne voulais plus entendre parler de rallye, j’avais des opportunités mais sur des voitures moins sympas comme des R2/R3. J’étais projeté sur de nouveaux objectifs et je n’avais pas la tête à repartir en spéciale. Actuellement, je me sens privilégié.”

Quel a été le meilleur moment de ta carrière ?

“Je vais peut-être surprendre mais je pense à mes deux épreuves privées en WRC, le Tour de Corse et le Catalogne. J’ai fait deux courses consistantes et j’ai pris beaucoup de plaisir avec la 307.

Au Monte-Carlo 2005, c’était sympa de faire des meilleurs temps, c’est toujours quelque chose de remporter des spéciales même s’il y a plein de paramètres qui font varier les performances sur une épreuve comme ça.”

Quelle a été la voiture préférée dans ta carrière ?

“La Maxi Mégane 2L. Grâce à l’aide de Jean-Pierre Champeau, j’ai pu rouler au Var 2001 avec cette voiture. C’est une expérience inoubliable, c’était un monde entre ma Peugeot 106 S16 A6 et cette voiture. Je conduisais une vraie voiture de course pour la première fois de ma vie. Ce n’est pas du tout aseptisé, c’est un vrai pur sang.

Quel copilote t’as le plus apporté ? 

“Caroline a été la meilleure copilote que je n’ai jamais connu, nous avons eu une progression commune. Lors des reconnaissances du rallye de la Sainte-Baume, mon copilote Bruno Brissart tombe malade et mes proches me conseillent de rouler avec ma copine Caroline Escudero, qui roulait en formule de promotion à l’époque. Franchement je n’y croyais pas du tout pour être honnête. Elle n’était jamais montée dans une grosse voiture, encore moins une WRC, et je ne savais pas du tout ce que notre duo allait donner. Et finalement, cela a été un vrai avantage de se connaître personnellement et le duo a tout de suite marché avec une victoire à la clé.” 

Si tu devais refaire un rallye aujourd’hui ? Ce serait lequel et avec quelle voiture ? (Budget illimité)

“Le RAC avec une C3 WRC. C’est une voiture que j’ai beaucoup piloté et qui n’a pas eu le palmarès qu’elle mérite.”

Que penses-tu globalement du rallye français aujourd’hui, du championnat asphalte avec les R5 mais aussi des formules de promotion ?

“Cette année, je vais pouvoir voir tout le championnat puisque je suis l’ouvreur de Jean-Baptiste Franceschi. Je trouve le format très bon avec ces R5. C’est vraiment ce qu’il fallait aux championnats nationaux car il y a une équité indéniable, c’est une super formule et un bon centre de formation.

Pour la formule de promotion, c’est un peu différent. Faire une coupe avec des R2 qui est déjà une très bonne voiture est discutable puisqu’elle est très chère aussi. Il faudrait une voiture intermédiaire entre R1 et R2 selon moi. Des jeunes talents passent à côté. A l’époque, j’avais ma 106 S16 prête à courir pour 20 000€ et des performances suffisantes pour tout le monde. Malgré tout, le plateau est bien garni.”

Enfin, as-tu des conseils à donner à un petit jeune qui débute en rallye ?

“GAGNER RALLYE JEUNES. Pour gagner, il faut forcément avoir un peu de talent et j’encourage tout le monde à tenter sa chance. Même si on peut avoir un regard moqueur avec cette sélection sur des parkings, elle a donné de très bons résultats et permet de ratisser très large. Sans ces formules, nous n’aurions peut-être pas pu voir des Loeb et Ogier en championnat du monde.”

As-tu des regrets par rapport à ta carrière ?

“Oui, c’est 2005 après l’arrêt de Skoda. On a voulu persister avec mes partenaires pour rouler en WRC et je pense que cela a été une erreur. L’IRC était en train d’éclore et j’ai eu des opportunités, notamment avec Peugeot. Mais pour moi, c’était un synonyme d’échec de dire aurevoir au WRC et de descendre finalement. Quand on voit les résultats de Meeke ou Vouilloz ensuite, il y avait peut-être quelque chose à faire.”




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Tophe RS
Tophe RS
3 années il y a

Alex Bengué aurait du aller plus loin mais malheureusement il en a été autrement et puis comme il le dit redescendre de catégorie dans une carrière est souvent vécu comme une régression ou un échec mais comme dit le dicton “Reculer pour mieux sauter” c’est ce qu’il faut faire. Le sport auto est un monde sans pitié ou il faut être bien entouré, connaitre les bonnes personnes au bon moment, c’est ce qu’a connu notre grand champion Sébastien Loeb au court de sa carrière.

jewel
jewel
3 années il y a

il faudrait demander au “Grizzly” mais il me semble quand 2002 Citroen avait longuement hésité entre lui et S Loeb pour disputer le championnat WRC (les 2 autres volants revenant à Sainz et McRae ) .
On ne sera jamais si le résultat aurait été équivalent .