T.Neuville : “Toujours le même amour pour ce sport”

Présent en Italie cette semaine pour participer au Monza Rally Show, le Belge nous a accordé une interview entre deux tours de démonstration avec sa Hyundai i20N Rally1.

Depuis le Japon à la fin novembre, tu as pu célébrer ce titre à de nombreuses occasions. Qu’est-ce qui t’as le plus marqué ?

“À vrai dire, je ne m’attendais pas à autant de fêtes et d’engouement autour de moi. C’était vraiment beau à voir, et je crois que ce n’est pas encore tout à fait terminé. On est en WRC depuis de nombreuses années, avec beaucoup de podiums et de victoires, et toute la Belgique était derrière nous.

Ce qui m’a le plus touché, c’est vraiment la fête en Belgique avec tous nos supporters (mercredi dernier à Saint-Vith). C’était assez impressionnant de voir cette salle de 2000 personnes qui était pleine. On aurait pu réserver une salle même un peu plus grande. Ils étaient limite plus heureux que moi, c’était une très belle fête. J’avais eu le temps de réaliser depuis le titre, et je ne m’attendais pas à voir autant de gens émus autour de moi.

Je continue de vivre mon rêve de pilote de rallye. J’ai encore pas mal de choses à faire cette année et j’ai encore quelques messages non lus à traiter ! On va avoir une journée d’essais en Finlande avant la fin d’année, et on aura ensuite une seule autre journée pour le Monte-Carlo en janvier.”

Depuis tes débuts en WRC, tu avais collectionné les victoires (21) et les podiums (69) sans pour autant avoir un titre de champion du monde. As-tu pensé que tu n’y arriverais pas ?

“On est passé proche à plusieurs reprises, et deux fois plus précisément (2017 et 2018). Dans les huit titres d’Ogier, il y en a plusieurs où il a pu profiter de nos erreurs, ou parfois simplement de notre manque de réussite. Je pense par exemple à la saison 2018 avec l’amortisseur qui passe à travers le capot en Turquie. Et ensuite, on arrive en Australie avec de bonnes chances de titre et on crève à l’atterrissage d’une bosse sans comprendre pourquoi.

On a continué à se battre en gardant toujours la même passion et le même amour pour ce sport, car je suis un passionné de sport automobile depuis ma naissance.

Cette année, on mérite ce titre après tant d’années de bagarre. Quand je suis arrivé chez Hyundai, on avait tout à faire et au début, on se battait plus contre nous-même que contre les autres constructeurs. L’histoire est belle avec Hyundai, même si on aurait bien voulu avoir un titre avant, et même plusieurs.

En étant fidèle à une seule marque, cela n’a pas forcément rendu les choses faciles. C’est assez exceptionnel de rester autant d’années au plus haut niveau en jouant toujours le titre. Ce titre est une case à cocher dans une carrière qui était déjà très bonne pour moi.

Il y aura beaucoup de nouveautés la saison prochaine avec principalement l’arrêt de l’hybride sur les Rally1. Quel est ton avis ?

“Je n’ai pas vraiment roulé dans la bonne configuration, car en Espagne, je n’avais pas la bride. Et ce week-end à Monza, ça ne sert à rien en termes de roulage, et en plus, il fait un temps pourri aujourd’hui !

En enlevant l’hybride, je pense que l’on va perdre un peu en compétitivité, il faudra voir en fonction du rallye. Je regrette ce changement, car c’est un pas en arrière pour tout le monde. On va avoir des voitures avec des technologies basiques. Avant l’hybride, on avait déjà enlevé les palettes pour les vitesses, les différentiels pilotés ou encore les suspensions actives. Je pense qu’il était possible de garder ces choses là, sans pour autant avoir un coût aussi élevé qu’aujourd’hui. Les voitures que les gens achètent aujourd’hui sont plus modernes et technologiques que les nôtres, c’est assez étrange.

En ce qui concerne l’arrivée de Fourmaux, c’est un beau line-up pour la saison prochaine avec trois voitures à plein temps. “

On dit souvent que le plus dur après un succès, c’est de confirmer. Qu’en penses-tu ?  

“On dit ça, mais dans mon cas, je pense que ce sera différent, car après tant d’années pour décrocher le premier titre, j’espère que le 2e sera plus simple ! Ce que j’ai fait cette année ne compte pas vraiment pour moi pour 2025. Nos ambitions seront les mêmes et la concurrence sera encore très forte.”

Comment vois-tu le retour de Rovanperä en 2025 ?

“C’est très bien d’avoir Kalle sur tout le championnat. Mais cette année, c’était aussi sympa d’avoir Ogier sur toute la fin de saison. À un certain moment de la saison, c’était devenu notre plus grand rival pour le championnat. On a été plus forts que lui en fin d’année, et c’est toujours plus valorisant de gagner un championnat contre une telle concurrence. Il y a une certaine rivalité entre nous, et pour l’année prochaine, je regrette qu’il ne soit pas là toute l’année.”

Quelle pourrait être la suite de ta carrière après le WRC ?

“Le Dakar serait très intéressant pour moi et je suis d’ailleurs la course chaque année. J’ai déjà quelques objectifs pour la suite avec les 24h de Nurburgring et les 24h de Spa qui me font rêver depuis que je suis tout petit. Chaque année, j’ai des propositions, et chaque année je dois refuser. Après le WRC, je me vois bien rouler sur ces épreuves. Et si Hyundai me propose de tester leur Hypercar en WEC, je vais bien évidemment accepter !”