Apparue en début de saison dernière, la catégorie Rally3 est pour l’instant encore très discrète, la raison principale étant l’implication d’un seul constructeur avec M-Sport, mais la situation va changer l’année prochaine avec l’arrivée de la Renault Clio Rally3.
Après avoir développé la Renault Clio Rally5 en 2020, puis la Clio Rally4 en 2021, le constructeur français se lance donc dans un nouveau défi en s’attaquant à la catégorie supérieure. La saison prochaine, la Clio Rally3 deviendra même la première voiture de rallye à quatre roues motrices construite par Renault.
Afin de faire le point sur cette future Rally3, mais aussi sur les activités actuelles autour des Clio existantes, nous avons pu échanger avec Benoît Nogier, directeur commercial racing d’Alpine Racing.
Bonjour Benoît. Le développement autour de la Clio Rally3 se concrétise petit à petit, quelle est la situation actuelle ?
“Cette catégorie nous intéresserait depuis le début et la voiture sera homologuée au 1er avril 2023. Cette année, la FIA permettait encore deux périodes d’homologation possibles avec janvier et mars, mais pour l’année prochaine, et je ne connais pas les raisons de ce changement, les périodes seront janvier et avril, cette dernière étant donc prévue chez nous pour la Clio Rally3.”
À partir de quand sont prévus les premiers essais, et avec qui ?
“Ils sont prévus pour le mois d’avril prochain, peut-être début mai en fonction du développement. On a reçu deux coques et on a commencé l’assemblage de la voiture. Pour les pilotes, je ne les connais pas encore, c’est plus de la responsabilité de l’équipe technique, mais on va prilégier des pilotes expérimentés en 4 roues motrices.”
Est-ce que l’équipe technique va beaucoup changer par rapport à celle en place pour les développements des Rally5 et Rally4 ?
“Non pas du tout, on va garder les mêmes personnes. Nous sommes très satisfaits de ce qui a été fait avec les deux voitures citées et il est logique de faire confiance à la même équipe pour cette nouvelle voiture. D’autant plus que cette Rally3 est très proche d’une Rally4 finalement, et on va profiter de ce nouveau développement pour améliorer encore des choses au niveau du moteur et de l’électronique.
La voiture de base restera la Rally4, mais en plus de l’ajout des 4 roues motrices bien évidemment, on aura aussi une modification importante au niveau des suspensions grâce à une coque un peu différente. La suspension sera retravaillée avec une conception plus robuste et moderne, tout en visant une amélioration de la course des suspensions.”
Est-ce que Renault a toujours été intéressé par cette catégorie Rally3 ?
“Oui tout à fait. Renault a toujours été un élément moteur dans cette réglementation Rally3. Dans une large partie du monde, des pays sont demandeurs de voitures moins chères que les Rally2, et on pense que la Rally3 est une solution pour ces marchés.
À l’avenir, je pense que de nombreux pays dans le monde vont hésiter à maintenir la Rally2 comme la catégorie principale de leur championnat. Je pense surtout à l’Amérique du Sud où le champion est souvent un peu seul dans sa catégorie. En France, dans une moindre mesure, on peut aussi voir que peu de pilotes s’engagent pour une saison complète en Rally2.
Pour nous en plus, avec la Rally4 déjà présente, cela représente un coût de développement assez faible et ce n’est pas un énorme défi technique de dessiner cette nouvelle Rally3.”
Quel sera le coût de cette voiture ?
“Il suivra le prix décidé par la FIA, c’est à dire de 99 000 € HT. C’est un tarif qui a été discuté entre tous les constructeurs. C’est un tarif pertinent et on ne pousse pas du tout pour monter ce prix là.”
Avec la Fiesta déjà en spéciales depuis l’an passé, n’est-ce pas un peu dommage de n’avoir cette Clio que pour 2023 ?
“On est un peu frustrés, on aimerait bien l’avoir au catalogue c’est sûr. Mais lors des trois dernières années, on a déjà fait beaucoup avec l’arrivée d’une nouvelle Clio sur circuit, en Rallycross, et bien sûr en rallye avec la Rally4 également, tout en organisant des trophées dans chaque discipline. Nous n’avons pas eu le temps de nous ennuyer.”
Revenons un peu aux Clio existantes. Comment se présente cette saison 2022 ?
“Très bien, on projette d’avoir autour d’une trentaine de voitures au Touquet, des chiffres plus ou moins équivalents à l’an passé. On sera peut-être un peu mieux avec l’absence de championnat Junior cette saison. On va probablement commencer à 30-35 pour finir à 20-25, ce qui nous convient très bien ! On a limité le calendrier à 5 épreuves pour des raisons de budget.
Sur la terre, on pense se développer assez nettement. Je dirais autour des 20 inscrits, on est ambitieux et optimiste ! La première année, on a montré que la voiture était bien adaptée à la terre, sans avoir de problème technique.
Dans l’esprit, des gens ont fait la comparaison entre la Rally5 et les anciennes R1 mais ce n’est pas du tout ça, nous sommes très loins d’une Twingo R1 par exemple ! Lors de la saison terre, on a eu une belle bagarre devant entre Quentin Ribaud, Jean-Paul Monnin et John Laroche, c’était vraiment une bonne publicité pour notre voiture sur cette surface.”
Est-ce que Renault espère rouler en JWRC à l’avenir ?
“On verra ce qui est le plus pertinent de faire. À l’heure actuelle, je ne sais pas quelle est la durée de contrat entre M-Sport et JWRC pour l’exclusivité de la Fiesta Rally3. On peut imaginer un contrat conventionnel sur trois ans, donc jusqu’en 2024 inclus.
Ce que l’on veut, c’est un championnat ouvert, comme à l’époque des S1600, et si possible avec des pneumatiques aussi différents.”
Est-ce qu’un programme international est prévu pour la Clio Rally4 cette saison ?
“L’ERC est vraiment le meilleur championnat pour cette voiture. Nous nous sommes focalisés dessus en 2021 avec Jean-Baptiste Franceschi et on va recommencer avec Anthony Fotia en 2022. On part sur un programme de 5-6 rallyes cette saison pour l’ERC3 Junior, et peut-être qu’on poussera un peu plus comme avec Jean-Baptiste pour faire quelques rallyes en plus et jouer l’ERC3.”
Renault en R1 en 2025 ? 😉
Question d’un néophyte : que faut-il comprendre par “nous sommes très loin d’une Twingo R1 par exemple”.
C’est mieux et c’est moins bien ?