D.Gagniere : l’Allemagne pour apprendre



Quand un jeune pilote français roule en Allemagne pour disputer une formule de promotion, cela suscite forcément notre intérêt. C’est le cas de Dylan Gagniere, âgé de 20 ans et engagé dans l’ADAC opel Rallye Cup cette saison.

Tout juste le permis en poche en 2017, le français a débuté par une demie-saison en France avant de s’attaquer à cet énorme challenge. Nous profitons de cette fin d’année pour revenir sur la saison 2018 de ce jeune pilote et se projeter sur une année 2019 qui promet d’être encore animée avec un retour en France !

Avant de parler longuement ta saison, peux-tu nous parler un peu de toi ?

“J’ai 20 ans, je suis technicien menuisier en Alsace. Je suis finalement sur les routes depuis tout petit, mon père roulait en Coupe de France pendant une quinzaine d’années et mon frère William, a débuté en 2015 avec le championnat de France Junior. Je suis plongé dans ce milieu depuis tout petit et j’ai rapidement eu l’envie de rouler pour retrouver l’ambiance, les bruits et tout ce qui fait que j’aime le rallye.

Pourquoi débuter au volant d’une Opel Adam ?

“J’avais un budget limité pour débuter, il ne faut pas se mentir. Opel a sorti pas mal de bons champions avec sa formule de promotion. Après l’achat d’une Opel Adam Cup, j’ai pu débuter en rallye alors que j’avais le permis depuis 3-4 mois.

Je voulais me faire la main avec la voiture en France avec en prévision une participation à l’ADAC Opel Rallye Cup en Allemagne pour 2018. Pour cette courte saison en France, j’ai notamment participé au rallye du Mont-Blanc, mais il était difficile de me comparer avec les autres R2 pour mes débuts.”

Pourquoi faire le choix de l’Allemagne ?

“Je suis frontalier déjà, donc c’est avantageux sur l’année pour moi. Cela représente un budget moindre par rapport à la 208 R2, il faut compter 30 000€/année sans l’achat de la voiture bien sûr.

J’ai vite été attiré par cette Coupe en Allemagne. Le niveau est vraiment relevé et c’est idéal pour se mesurer aux meilleurs. Ce championnat ne comporte que des manches asphalte, mais on a pu retrouver environ 15% de terre sur l’ensemble du calendrier mais on roulait malheureusement à chaque fois avec des pneus slicks. Cela m’a tout de même permis d’apprendre un peu la glisse.

En gagnant le trophée Opel, vous gagnez six manches du championnat ERC avec une Opel Adam R2 officielle, c’est un joli prix. Dans le passé, de bons champions ont eu une belle carrière après ce programme : Bergqvist, Tannert, Huttunen et Griebel que tout le monde connaît.

L’ADAC, l’équivalent en France de la FSSA, offre un gros suivi pour le vainqueur, et monte en quelque sorte une entreprise pour décrocher des partenaires.”

Quel était ton objectif pour cette saison 2018 ?

Je voulais faire le plus de kilomètres possibles, et progresser étape part étape. Les routes étaient totalement inconnues pour moi. Le format des week-ends est également particulier avec le shakedown jeudi soir, les reconnaissances avec 2 passages le vendredi matin jusqu’à 12h, et le début du rallye à partir de 14h. Pour la première étape, il était donc impossible de travailler avec les vidéos, le timing est vraiment serré, mais c’est formateur.

Raconte-nous un peu ta saison dans ce championnat.

“Dès le premier rallye, j’ai été assez surpris car on jouait des chronos dans le top 3. On pense tout de suite à d’autres objectifs après des chronos comme ça, mais sans s’enflammer. Sans une minute de pénalité pour une erreur de pointage, le podium était bien jouable.

Sur les deux rallyes suivants, on manque de réussite avec une casse de direction assistée puis des problèmes de boîte alors que l’on nous étions en tête après quatre spéciales.

A la mi-saison, on avait au programme le rallye d’Allemagne avec une épreuve en deux étapes. J’avais préparé à fond cette épreuve avec un gros travail de vidéo, mais avec le recul, j’ai peut-être trop travaillé justement…

Sur la première étape, je sors dans Mittelmosel dans des conditions compliquées avec des averses de pluie. La voiture n’avait rien et on a pu repartir pour l’étape du lendemain. Cette fois, on joue le top 3 mais on abandonne, support de boîte cassé.

Sur le rallye suivant, après quatre abandons consécutifs, j’ai eu du mal à me remettre dedans (7e). C’est souvent très serré dans cette coupe, donc il faut être complètement engagé pour arracher des secondes et gagner quelques places.

Sur la dernière épreuve enfin, les trois candidats au championnat étaient vraiment sur un rythme très élevé. On avait pas le même objectif et finalement on décroche la quatrième place pour quelques secondes après avoir connu des problèmes de freins sur la fin. Pour nous, c’était une bonne note finale pour cette saison.

Je précise que cette année, j’ai changé quatre fois de copilotes, souvent par manque de disponibilités car ils avaient des programmes en France. J’ai pu finir la saison avec Patrick Chiappe, sauf sur un rallye pour un problème d’agenda et Samuel (Passtemps) a fait un très bon boulot.”

Et maintenant en 2019 ?

“Opel devrait arrêter son programme dans un avenir proche et ne plus forcément offrir un volant à gagner. Comme on dit, “une année pour apprendre, une pour gagner”, mais avec ce changement, on ne va pas repartir en Allemagne, tant pis.

Donc pour 2019, on va partir sur la 208 Rally Cup avec Patrick Chiappe si tout va bien. On louera la voiture à un team, reste à finaliser notre saison avec une équipe. Il y a un beau programme à gagner en ERC avec six manches pour le vainqueur Junior (-23 ans).

Il faudra forcément découvrir la terre et je vais essayer de préparer au mieux cette surface avec des séances d’essais. On aurait voulu faire le Var en fin de saison pour découvrir l’auto, mais à moins d’un miracle, ce ne sera pas possible.

Je suis assez réaliste et je sais qu’il faut arriver à percer très tôt pour avoir une chance. A 25 ans, cela me paraît déjà trop tard pour gagner une formule de promotion et faire quelque chose ensuite. Tout le monde se focalise sur le WRC, mais l’ERC est aussi un beau championnat avec de belles structures. Sans argent, il est de toute façon impossible ou presque d’arriver en WRC.

Dans cette intersaison, il va falloir s’acharner pour trouver le budget, déjà boucler les 3/4 premières manches. Je vais me concentrer aussi sur ma préparation physique, je pense que le sport est très important dans la réussite en rallye.”




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Megane
Megane
5 années il y a

T’as l’air de bien t’y connaître en matière de sport auto Buzz
Bien souvent les sponsors ça payent mais bien souvent aussi ils ne viennent pas toquer à ta porte
Alors à toi d’en chercher ou pense à la reconversion professionnelle…
C’est tout ce qu’on peut t’expliquer

Lo Joanòt
5 années il y a

Buzz………..tu portes bien ton pseudo. Moi, ce qui m’ intéresse, c’ est de voir de beaux passages, pas les comptes en banque des pilotes.