Grand spécialiste du Monte-Carlo avec déjà huit participations, Yohan Rossel a brillamment remporté la catégorie WRC2, mais aussi le groupe RC2 face à Nikolay Gryazin.

Avant de le revoir aux Iles Canaries, fin avril, le Français a partagé ses impressions après ce Monte-Carlo.
Pour cette première manche du calendrier, tu étais le seul gros prétendant au titre à marquer des points. Comment as-tu vécu ça ?
“Avant le départ, j’étais un peu déçu d’apprendre que Gryazin et Solberg ne marqueraient pas de points sur cette manche. Je trouve que c’est une stratégie un peu étrange, car quelle que soit la place sur le podium, c’est toujours un très bon résultat pour le championnat. Du coup, ce n’était pas forcément évident d’aborder ce rallye, car on savait que l’on avait une opportunité de marquer de gros points d’entrée, et qu’il ne fallait pas se louper. C’était donc difficile de savoir quel rythme il fallait adopter, sans forcément pousser à fond tout de suite comme habituellement.”
Au final, tu t’es quand même battu contre Gryazin pour la première place du groupe RC2.
“Ça restait sympa de se comparer à lui. On a fait zéro erreur tactiquement avec plus ou moins toujours les bons pneus. De son côté, il a fait quelques erreurs, et a été moins régulier que nous. On connaît tous sa pointe de vitesse, et c’est toujours un plaisir de se battre contre lui. Cette 3e victoire peut paraître plus simple que les autres, mais gagner au Monte-Carlo n’est jamais une tâche aisée. En plus, les conditions étaient vraiment difficiles cette année, ça m’a rappelé 2015, 2020 et 2021.
Toute l’équipe a fait un travail incroyable, à commencer par Arnaud, mais aussi les ingénieurs, mécaniciens, les hommes météos, et bien sûr les ouvreurs. Je tiens d’ailleurs à féliciter Benjamin Boulloud et Yoann Bonato pour leur travail exceptionnel. On a vraiment passé une bonne semaine avec, et en plus, ça fait trois fois que l’on gagne ensemble consécutivement.”
Est-ce que la C3 a progressé pendant l’intersaison ?
“Pour le Monte-Carlo, nous utilisons toujours une cartographie spéciale, donc certains ont remarqué que le son était peut-être un peu différent. Pour les évolutions, il faudra attendre les Canaries avec un peu plus de puissance sur le moteur. Mais on ne va pas gagner 10 cv d’un coup ! La C3 est un peu la petite mamie du WRC2, mais elle s’améliore d’année en année, et je tire mon chapeau à toutes les personnes qui travaillent sur cette voiture. On a pris un peu de temps pour être au niveau des autres sur la terre, mais depuis plus d’un an, nous sommes compétitifs sur tous les terrains.
La vraie nouveauté cette saison vient des pneus, qui exigent des réglages différents. Ils ont bien fonctionné dans l’ensemble, hormis un léger souci sur la neige et la glace. Cependant, sur un Monte-Carlo, on est toujours hors de la plage idéale d’utilisation des pneus. Il est donc difficile de tirer des conclusions après une épreuve comme celle-ci, où on n’a jamais les quatre bons pneus au bon moment.
Maintenant, il va falloir travailler sur les pneus durs, en espérant qu’ils ne changent pas les tendres d’ici là. D’ici fin juin, notre calendrier va être énorme avec du développement à venir, et trois rallyes qui vont s’enchaîner (Canaries, Portugal et Sardaigne). Je vais essayer de faire un rallye près de la maison pour me familiariser avec les Hankook et préparer les Canaries. Ce sera vraiment une période cruciale.”
Ce rallye a aussi été l’occasion de partager ton podium avec ton petit frère Léo. Tu étais particulièrement ému à l’arrivée de la dernière spéciale.
“Ce sont des moments exceptionnels. Gagner le Monte-Carlo est quelque chose dont on ne se lasse jamais. C’est un rallye tellement dur et exigeant, avec en plus beaucoup de monde autour entre la famille et les amis. C’est un peu le rallye de France même s’il n’a pas ce nom.
Cette année, partager cette expérience avec Léo a été une immense fierté. Il a d’ailleurs fait un super rallye avec d’excellentes performances. Il a découvert la charge de travail énorme que représente une semaine d’un Monte-Carlo. Tu es tout le temps la tête dans le guidon, et c’est une autre dimension par rapport au championnat de France.
En début de semaine, j’étais un peu déstabilisé de le voir là. On a fait tous nos essais ensemble, mais pendant le rallye, chacun était concentré sur sa course. Au final, on a fait les mêmes choix de pneus. En regardant nos caméras embarquées, on a vu que l’on avait également un style de pilotage très proche.
Léo a déjà apporté de la fraîcheur dans le team, et c’est bien d’avoir des jeunes qui ont envie, ça donne du peps à tout le monde.”
Tu viens donc de signer ta 3e victoire consécutive en WRC2 au Monte-Carlo. N’est-ce pas trop frustrant d’être limité à cette catégorie ?
“J’ai arrêté de me prendre la tête avec mon avenir, et celui du WRC. C’est sympa de se battre avec Gryazin et Solberg qui méritent de passer à la catégorie supérieure, comme moi je pense. Mais mon rêve ultime serait d’être coéquipier d’un gars comme Ogier pour se comparer au meilleur. J’ai appris qu’il hésitait à arrêter sa carrière en fin de saison. Du coup, je lui ai envoyé un message pour lui dire de m’attendre avant de se retirer.
Actuellement, tout est un peu à l’arrêt chez les constructeurs, car tout le monde attend des éclaircissements sur les prochaines réglementations. En ce qui concerne les Rally1 cette année, j’ai eu l’impression qu’elles étaient un peu plus rapides que les hybrides.”
Belle victoire, sans doute passée un peu au second plan pour tout un tas de raisons (Ogier, Fourmaux, etc), mais aussi parce qu’il était le plus fort. On savait qu’il allait prendre le maximum de points en wrc-2, et cet objectif étant le principal, personne n’était inquiet quand Gryazin était en tête parce qu’il était transparent au championnat. Mais voilà, c’est très dommage qu’une victoire superbe passe dans l’ombre. Le règlement ne devrait pas le permettre : il faudrait défendre les courses les plus mythiques du championnat. Bravo Rossel donc, en espérant de belles batailles plus avant dans la saison… Lire la suite »
Il a été brillant. Le frangin également…
Dans la catégorie reine, nous avons vu concourir ensemble les frères Solberg, et les frères Mc Rae, qui me viennent spontanément à l’esprit.
Ce serait super chouette de voir les frères Rossel suivre un destin identique !