A.Fourmaux : “La voiture a fait un gros pas en avant”



Toujours troisième du championnat pilotes après la Croatie, Adrien Fourmaux a connu un week-end un peu plus mouvementé que les précédents.

Alors que son rythme était supérieur, au point même de signer le meilleur temps dans la Power Stage, le Français a perdu quelques points à cause d’une erreur le dimanche matin.

Après deux podiums en Suède et au Kenya, tu marques encore de bons points grâce à un bon début de course et à la Power Stage. Tu préfères plutôt retenir cette vitesse ou ton erreur du dimanche matin ?

“Pour moi, j’ai eu quatre beaux rallyes depuis le début de saison. On a vu beaucoup de sorties et d’erreurs ce week-end, c’était un peu la loterie. Je fais une petite erreur qui nous coûte très cher. C’est une erreur con. Je suis un peu trop dans la poussière avec l’arrière-gauche, et quand je braque, je ne m’attends pas à ce que la voiture tourne aussi vite et on percute le poteau. C’était un virage sur une crête et je manque d’un petit peu de précision. En caméra extérieure, on a l’impression que je suis complètement dessus, mais en embarquée, ça se joue à rien finalement.

Malheureusement, on casse la biellette de direction dans l’impact. Si elle avait été simplement tordue, on aurait pu finir la spéciale en perdant quelques secondes, puis changer la biellette en liaison, et garder des chances de marquer des points sur le super-dimanche. Mais j’ai vite senti que c’était cassé. Ça aurait pu aussi se terminer plus mal avec plus de dégâts.

Mais il ne faut pas retenir que ça, ce serait dommage et injuste selon moi. Car on a encore eu une belle bagarre avec un des meilleurs pilotes du championnat (Ott Tänak) pendant deux jours. Au Monte-Carlo, l’écart en performances était assez important sur asphalte, et on a clairement réduit cette différence en Croatie. La voiture a fait un gros pas en avant. Le vendredi, on arrive à faire un 2e temps, un scratch le samedi, et bien sûr le meilleur temps dans la Power Stage. Pour le dimanche, on avait moins à perdre qu’en Suède ou au Kenya où l’on défendait alors un podium. Cette fois, on avait le désir d’attaquer un peu plus et de montrer aussi notre vitesse.”

Sur ce rallye, l’ensemble des piquets dans les cordes (anti-cuts) étaient absents lors des reconnaissances. Comment s’adapter à ça ?

“C’est bien le problème de ces anti-cuts, c’est qu’il n’y en a aucun lors des reconnaissances. Ce sont les ouvreurs qui peuvent nous préciser leurs placements. On a seulement des marques jaunes au sol pendant les reconnaissances, et assez souvent malheureusement, il y a des petits décalages par rapport aux marques, parfois vers l’intérieur, parfois à l’extérieur. Du coup, on a des notes un peu particulières par rapport à ça, et ce n’est pas toujours évident.”

Quand cet incident arrive, vous restez calmes et cette réparation semble bien maîtrisée.

“On a essayé, oui. C’est grâce à l’expérience acquise avec la gestion des émotions. Mon réflexe, c’était de me dire qu’il fallait sécuriser les points du samedi. J’ai senti que ce n’était pas trop grave, mais il fallait quand même regarder de près et réparer en fonction. Et je trouve qu’on a été assez efficaces avec Alex. Il y a deux ans, on aurait pu changer cette biellette, mais on aurait pris plus de temps, c’est certain.”

Après cette faute, tu as montré que tu avais vraiment beaucoup de rythme avec cette Puma sur asphalte en réalisant ton premier scratch sur une Power Stage.

Je crois que je n’ai jamais autant attaqué avec la Puma, ou alors c’était le cas dans des spéciales plus faciles avec moins de risques à prendre. Cette PS était quand même très technique. On sait que la voiture est moins bien dans certains secteurs que d’autres, et on savait qu’on pouvait faire un truc sympa dans cette spéciale, comme dans l’ES9 la veille. En fonction des secteurs, et avec l’aide des intermédiaires, on a maintenant bien identifié nos faiblesses et nos forces, et on va essayer de travailler avec l’équipe sur les points à améliorer. Bien sûr, j’ai conscience qu’on ne peut pas être au top partout car chaque voiture a ses spécificités.

Après, ça reste un temps surprenant pour nous car il y avait de gros points à prendre pour tout le monde, donc tout le monde est parti à bloc dans la PS. On ne savait pas ce que ça pouvait donner, mais on avait la détermination d’attaquer fort pour sauver un peu notre dimanche.”

Qu’est-ce qui explique ce gain de performances depuis le Monte-Carlo ?

“C’est une addition de plein de petits détails. On a fait des changements assez importants au niveau de la géométrie avant et arrière. L’aileron arrière a aidé forcément également, et ce sera aussi le cas sur terre. Niveau amortisseurs, on a progressé également. Pour moi, la voiture n’est plus du tout la même. On sait qu’on ne peut pas révolutionner la voiture, mais elle a peut-être gagné 2/3 dixièmes au kilomètre. Et comme tu es plus en confiance au volant, avec plus de feeling et de facilité, tu gagnes aussi de ton côté quelques dixièmes. C’est vraiment motivant de voir que le travail de l’équipe est en train de payer.

Je n’ai pas eu l’occasion de trop en parler jusque-là, mais le travail sur le simulateur est aussi très important. On fait pas mal de développement en amont des essais, puis en aval de la course. Environ 70% du développement se fait à Charlotte aux USA chez Ford Performance. On travaille sur un simulateur qui est notamment utilisé en Nascar et pour les voitures de série de chez Ford. Ces derniers temps, on a fait énormément d’essais sur les trois surfaces. Grégoire a pu y aller le mois dernier, et moi, je vais y retourner dans pas longtemps afin de préparer les rallyes rapides de cet été. Comme on a de moins en moins de journée d’essais, le simulateur est vraiment devenu capital. Et maintenant que j’ai plus de responsabilités dans l’équipe qu’en 2022, on m’écoute davantage pour le développement de la voiture et ça fait aussi une différence.

Pour la Suède par exemple, tout le setup que j’ai pu utiliser avait été défini sur le simulateur.”

Comment se présente le Portugal en étant troisième sur la route. Est-ce que ça change ta préparation ?

“J’ai encore deux jours chez moi avant de partir pour le Portugal où j’aurai trois journées d’essais, dont une pour Hankook comme en Suède il y a deux mois.

Il y a deux choses qui vont changer en partant devant : les réglages de la voiture et les choix de pneus. En partant à l’avant, on va avoir tendance à prendre plus de tendres afin de trouver du grip. Niveau réglages, le but sera le même pour essayer d’avoir un maximum de grip malgré la gravette.

Par le passé, on a pu voir qu’un gars comme Ogier demandait à utiliser deux bases différentes lors d’une seule journée d’essais. Comme ça, il pouvait simuler l’effet du balayage sur deux routes différentes. C’est logistiquement assez compliqué de faire ça, mais j’espère qu’on pourra au moins avoir trois bases différentes sur mes trois journées d’essais. Ce serait top.

L’objectif au Portugal sera de se battre avec trois gars. Les deux de devant au championnat, et le champion du monde (Ott Tänak) qui est derrière moi au classement. Si on peut reprendre des points à Neuville et Evans, tout en gardant notre avance sur Tänak, ce serait un très bon résultat. On sait très bien que Ogier, Sordo, Rovanperä ou Katsuta seront durs à battre.”




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Sylvain
Sylvain
8 jours il y a

Excellente interview, une fois encore. Il est extrêmement précis et détaillé, c’est une mine d’information sur le ressenti de ce pilote, surtout sur le travail en amont des courses, merci!

Un rallye de gros niveau de sa part, peut-être le meilleur pour Fourmaux cette saison en y pensant mieux. Ça méritait un top au net de l’anti-cut.

Aywé
8 jours il y a

Tanak toujours au bon endroit au mauvais moment
Maintenant ils ont plus besoin de lui ni chez n
Ford ni chez hyundai

Dernière modification le 8 jours il y a par Aywé