Lappi sait tout faire, à un détail près



Pour mieux comprendre la belle démonstration d’Esapekka Lappi cette année en Corse, il faut remonter à 2014 et à ses débuts sur l’ïle de Beauté.

Engagé alors par Skoda Motorsport, le finnois, âgé de 23 ans à l’époque, avait réalisé des débuts fracassants, signant dès la première étape, de deux deuxième temps face à de grosses références telles que Bryan Bouffier, Stéphane Sarrazin,Romain Dumas, Kevin Abbring, Julien Maurin, Craig Breen ou encore Eric Camilli !

Malheureusement pour le finlandais, sa fougue l’envoyait dans le décor dans le chrono de n°6. Un an plus tard, le petit Esapekka a changé de statut en étant promu au WRC-2, cette fois au volant d’une Skoda Fabia R5. Ce jour là, le natif de Pieksämäki, avait l’objectif de remporter cette épreuve qui sourit peu pourtant aux pilotes finnois. Battu à la régulière par Julien Maurin, auteur de quatre départs au Corse, Esapekka avait néanmoins devancé Eric Camilli et Craig Breen, particulièrement attendus sur ce terrain, sans oublier son compatriote Teemu Suninen, relégué alors à plus de quatre minutes de son compatriote.

Sortie pour sa première participation, podium pour sa deuxième, c’est au sixième rang qu’a achevé Esapekka, sa troisième participation à ce monument du WRC. 

Une cote pas énorme au départ

Malgré ce CV prometteur en Corse, beaucoup s’attendaient à voir Esapekka jouer une place dans le top 5 mais pas mieux face au quinté royal du week-end : Ogier, Loeb, Neuville, Meeke et Tänak.

Un départ prudent puis prometteur

Vendredi matin, le pilote Toyota débute mal dans des conditions humides (9e) mais éprouve pourtant de la satisfaction. Sa Yaris étant plus à l’aise dans l’autre spéciale, il s’offre déjà un remarquable performance avec le 2e temps. S’ensuit une spéciale de la Porta encore un peu difficile avec des traces d’humidité mais une dernière spéciale parfaite avec un setup finalisé et un scratch au bout.

Reparti au cinquième rang le samedi matin, le finlandais démontre d’entrée qu’il peut jouer parmi les grands, même sur des morceaux de bravoure tels que celui de Cagnano (35,61 km) nouveau chrono de cette édition marqué notamment par une descente magnifique en long de mer jusqu’à l’arrivée. Après ce deuxième temps, il enchaîne avec deux troisième temps, consolidant encore un peu plus sa cinquième place et restant surtout à une distance intéressante du groupe Neuville, Meeke, Tänak alors en bagarre derrière l’intouchable Ogier.

Les scratchs s’enchaînent et l’envie grimpe

Et là, dans l’après-midi, et avec fulgurance, Esapekka signe une énorme boucle avec deux scratchs dont celui de Cagnano, remontant ainsi directement au quatrième rang provisoire mais surtout à seulement dix secondes du duo Tänak/Neuville en bagarre pour la deuxième place.

Le samedi soir avant l’ES10, nous avons eu l’occasion de croiser Esapekka et il affichait encore ce sourire malicieux qui le caractérise. Pourtant, son discours restait très policé, glissant tout de même qu’il finirait “dans le décor” s’il attaquait davantage. Au vue de ses dernières paroles, Esapekka semble avoir été trop gourmand entre “attendre de voir” et “attaquer à la limite.”

Une seule erreur mais lourde de conséquence

Le lendemain, le chrono de Vero, long de 55 km, attendait les concurrents et comme annoncé après les premiers reconnaissances, ce chrono fût fatal à certains. Esapekka en a fait les frais.Dans le coup au premier partiel, et déjà bien devant Neuville, le finlandais commettait son unique faute du week-end en tapant un trottoir. Résultat, une crevaison directement liée avec cette touchette et tous espoirs de podium qui s’envolent. Après cet incident, Esapekka a reconnu que c’était “totalement de sa faute”.

Si le le finlandais termine évidemment son week-end àarv une mauvaise note, à l’image de son dernier Monte-Carlo, ses chronos ont marqué les esprits et ce genre de performances reste remarquable pour un pilote aussi inexpérimenté, de surcroît sur asphalte, un terrain où les finlandais n’ont que très rarement brillé ces derniers années.

Preuve de sa forte de caractère, un atout essentiel pour réussir au plus haut niveau, Esapekka a tout donné dans la Power Stage pour grappiller quelques points, remportant ainsi un nouveau scratch (le 4e), signé, comme un symbole, devant les deux plus grands champions de l’histoire du rallye : Sébastien Loeb et Sébastien Ogier.

Bilan du rallye – Communiqué officiel de Toyota

Dans le communiqué officiel produit par son équipe, Esapekka souligne les progrès effectués par son équipe et regrette évidemment son erreur, acquise au plus fort de la bataille.

“Je pense que nous avons beaucoup appris ici en tant que pilotes et en tant qu’équipe. Nous avons été en mesure de trouver de bons réglages sur la voiture. Samedi c’était vraiment parfait, et la vitesse était bonne aussi le dernier jour. Malheureusement, j’ai fait une petite erreur, dont je prends l’entière responsabilité. Je suppose que les pneus arrière étaient encore un peu froids et j’ai perdu un peu l’arrière et heurté un trottoir à l’extérieur. Nous avons cassé une partie de la jante et le pneu a commencé à se détacher, nous avons donc dû nous arrêter et le changer. Après ça, c’était bien de gagner la Power Stage: il y avait en fait plus d’adhérence que ce à quoi je m’attendais, alors j’ai juste poussé de plus en plus fort. “




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Jeff Boulet
Jeff Boulet
6 années il y a

Esapekka Lappi fait plaisir à voir! Curieusement, le finlandais a toujours eu un peu plus de mal à trouver le rythme sur asphalte alors qu’il avait remporté la Kart Cup Yamaha finnoise et même le championnat ICA finlandais… Rouler aux notes demande une autre approche mais je pense que pour lui, cette expérience là du karting à bon niveau paye aussi un jour ou l’autre, la preuve! Agressif, incisif, précis tout en restant fluide ( à l’image de son incroyable Power Stage en Corse) le nordique devrait rapidement être un gros client sur le goudron aussi! Je pense qu’il peut… Lire la suite »

Aywé
6 années il y a

Je souhaiterai que après seb ogie le prochain c est lui mais il y a encore bcp a apprendre