Arrivée en Croatie en tête du championnat WRC3, Yohan Rossel est reparti dans la même position à l’issue de cette course en signant son deuxième podium de la saison.
Associé à Alexandre Coria pour la première fois de sa carrière, le jeune gardois avait le rythme pour jouer la victoire, mais une sortie de route le deuxième jour l’a écarté de cette première place, terminant finalement en 3e position. A l’issue de cette épreuve, Yohan est revenu avec nous sur ce week-end croate.
Tu termines à la 3e place du WRC3…en ayant dominé une bonne partie de la course. Explique-nous le déroulement de ta course ?
“On a été en tête dès l’ES1, honnêtement c’était loin d’être évident sans ouvreurs. On a forcément essayé d’avoir des informations au niveau de la météo et des conditions mais ce n’était pas simple. Au final, nous n’étions pas si loin des WRC2 donc c’était top comme début de course (0,2 s/km dans les ES4 et ES5 par exemple).
Le premier jour, tout a bien fonctionné, aucun problème à signaler. Le deuxième jour, après avoir bien démarré, on arrive trop vite dans un grand droite (peut-être 3/4 km/h de trop) et on fait 2 tonneaux. Heureusement, on a pu repartir mais on avait un bras du triangle “tordu”. On a essayé de le réparer sur la liaison ou du moins le consolider mais ce n’était pas possible. On avait une roue folle dans la spéciale suivante et on perd au final trois minutes.
Dans l’après-midi, on repart en signant deux scratchs avec un remontée vers Ingram pour la troisième place. Le dimanche, on a attaqué fort pour aller chercher le maximum de points dans la Power Stage, ce que l’on a fait. On avait pourtant 3 Soft et 1 Hard sur la voiture car nous avions un problème de valve sur le pneu soft qu’il restait.
Au final, je suis super content de la performance, on termine devant certaines WRC2 et il y avait moyen de faire un faire top 3 en Rally2 sur cette épreuve. Nous étions devant les autres WRC3 en performance pure.”
En tant que concurrent WRC3, est-ce que tu regardes constamment les performances des WRC 2 qui ont droit aux ouvreurs contrairement à toi ?
“Oui bien sûr, à chaque arrivée de spéciale ! Je pensais honnêtement qu’on serait plus loin qu’eux (WRC2) sans ouvreurs. J’estime que ce n’est pas normal de ne pas avoir d’ouvreurs quand nous investissons de telles sommes, environ 60 000 € sur un rallye. Nous ne sommes pas à 1 000 € près pour engager des ouvreurs. De mon côté, j’aurais fait appel à mon frère par exemple. C’est dangereux de rouler sans ouvreurs en essayant de rivaliser avec les autres Rally2. Donc je ne comprends pas pourquoi nous ne sommes pas tous mélangés. En plus, c’est vraiment difficile d’expliquer aux partenaires les différences alors que les WRC2 possèdent exactement les mêmes voitures que nous.
Je préférais faire 3e Rally2 que gagner le WRC3 en étant 4e ou 5e Rally2 par exemple. Avec ces histoires de classements, parfois cela nous bride car nous ne devons pas oublier le classement de notre catégorie alors que nous avons envie de se bagarrer avec les WRC2. Nous avons le soutien de la structure Citroën et nous n’avons rien à envier aux équipes inscrites en WRC2, donc pour moi, c’est incompréhensible.”
Quel est ton bilan en terme de performances ?
“Tout le monde est assez content de nos performances avec Alex. L’écart au kilomètre est moins élevé par rapport aux meilleurs en comparaison du Monte-Carlo et je trouve que la performance est globalement meilleure.”
Comment s’est passé cette première avec Alexandre Coria à ta droite ?
“Alex était super motivé pour cette épreuve et on a pu se découvrir dans la voiture pendant une journée de développement dans l’Aveyron, puis une journée d’essais en Croatie. On a travaillé pas mal ensemble en amont de la course pour préparer tout au mieux.
Il a fallu tout de même que l’on se cale un petit peu au shakedown. Avec le stress de la compétition, il y avait des petites choses à revoir sur le tempo ou le ton notamment, mais rien d’anormal. Pendant la course, tout a été nickel. Il est hyper pro, cela a été top pour moi.
Avant de le confirmer à mes côtés, j’avais demandé des avis à Citroën et la Fédération, et c’était la bonne solution pour moi. En plus de ça, il est à côté de chez moi, donc c’est parfait et idéal pour travailler.”
Qu’as tu pensé de ce rallye de Croatie globalement ?
“C’est un beau rallye. J’ai l’impression que la Croatie avait vraiment très bien préparé cette épreuve et le renouvellement pour deux ans le prouve. J’étais tout de même bien content que le terrain soit sec. C’est très surprenant car il y a très peu de grip, mais c’est vraiment un truc assez hallucinant ! Nous étions obligés de partir en Soft alors qu’il faisait chaud. C’est bien de rouler sur de nouvelles spéciales, surtout pour moi qui a moins d’expérience que les autres sur des rallyes plus anciens.”
Quelle est la suite de ton programme maintenant ?
‘Normalement le Portugal et la Sardaigne, mais c’est loin d’être gagné car il faut comme toujours trouver le budget. Avec les tonneaux en Croatie, cela me coûté 20 000€ de frais et je dois déjà payer ses frais avant de m’engager sur la suite ! Financièrement, cela représente un gros sacrifice et je mets de l’argent personnel pour faire ce programme. Pour une semaine de rallye et une séance d’essais, il faut compter sur un budget de 70 000 € et sans le soutien de Citroën et la FFSA, cela serait tout simplement impossible.
Après la Sardaigne, c’est flou pour l’instant, ce n’est pas le moment d’y penser mais notre position au championnat sera forcément déterminante à ce moment-là pour réfléchir aux manches suivantes. Donc on doit se montrer performant au Portugal et en Sardaigne. Ce sont à chaque fois des routes que j’aime bien et je n’aurais pas l’excuse des ouvreurs face aux WRC2 ! Je pense être capable d’être aussi performant sur la terre que sur asphalte. On va avoir une journée d’essais là-bas le lundi et on verra s’il est possible d’en faire une autre avant...Le budget estimé est de 10 000 € pour une journée d’essais en France.
J’avais prévu de faire le Touquet au mois de mars pour préparer la Croatie, mais maintenant ce n’est plus au programme, à moins qu’on m’amène le budget bien sûr.”
Enfin, peux-tu nous parler aussi du programme de ton équipe “Rossel Compétition” proposant de la location et préparation de voitures ?
“Nous aurons des voitures sur pas mal de programmes différents. Dans le championnat de France Junior, Sarah Rumeau sera présente. Elle a disputé le rallye Sanremo début avril, c’était son premier rallye et cela s’est super bien passé.
Dans le championnat de France des rallyes Terre, Lucie Reynaud sera engagée sur toute la saison en Peugeot 208 R2. Nous aurons deux voitures dans la Coupe Peugeot avec Réhane Gany et Hugo Louvel. Nous avons la C3 R5 disponible en location, pilotée notamment par Jean-François Succi au Sanremo au début du mois. Elle devrait être louée sur différents rallyes en Coupe de France ou 2e division. Enfin, nous serons également sur 4-5 épreuves du CFR Asphalte avec Grégory Fontalba et son Alpine.
De mon côté, je vais essayer de me déplacer au maximum pour accompagner l’équipe. Par exemple, je vais sans doute faire un double week-end Touquet/Giraglia avant de m’envoler en Sardaigne. Je serai également au Vosges.”
Est-ce que tu es satisfait du développement de cette activité ?
“Je ne pensais pas que cela allait démarrer aussi vite. J’ai une belle équipe de passionnés autour de moi avec de beaux projets et un esprit famille que je veux conserver. Le but est de se développer doucement, à notre rythme, et j’essaie vraiment de m’entourer de gens de confiance que j’ai cotoyé dans le passé.”
On passe également la parole à Alex Coria, copilote de Yohan pour la première fois lors de ce rallye de Croatie.
“C’était vraiment un beau rallye, c’est certain. Avec Yohan, on avait bien travaillé en amont sur les vidéos pour être préparés le mieux possible.
Il fallait rester les pieds sur terre car les spéciales étaient assez difficiles et avec un profil inconnu en France. Pour se caler avec Yohan, on avait eu deux journées ensemble en essais, mais ce n’est pas vraiment représentatif d’un rallye, rien ne remplace la compétition ! C’était d’ailleurs super d’avoir une première spéciale pas très longue pour se caler bien ensemble. On avait l’avantage de bien se connaître, notamment car j’ai roulé avec son frère Léo en 2018 où on avait partagé des gîtes ensemble. Cela aide forcément de se connaître personnellement, nous sommes des amis.
Personnellement, c’est le programme le plus important que j’ai eu jusque là, même si j’avais eu un programme international en JWRC avec Vincent Dubert en 2016. Il faut être le plus rigoureux possible quand on s’engage dans une telle aventure !
En plus de mon programme avec Manu Guigou en Alpine cette année, c’est évidemment une belle nouvelle pour moi d’être avec Yohan. J’aurais aussi la possibilité d’effectuer les stages avec l’Equipe de France FFSA, c’est évidemment une bonne chose pour la suite !”
Bravo à Yohan. Je suis content que la fédération ainsi que Citroen suivent ces jeunes. Si on veut remplacer les anciens.
Il est vrai qu’on aimerait qu’il rivalise avec les pilotes du WRC2 mais ces pilotes courent 1 voir 2 fois par mois tandis que eux ils n’ont pas eut de compétition depuis le MC
D’accord avec lui sur le fait de pas avoir droit aux ouvreurs est pas très logique
Néanmoins l’ecart avec des voitures similaires est trop grand de plus faire une performance en ayant fait des tonneaux et perdue autant de temps ca prouve la maigreur dù plateau