À l’occasion du rallye du Chili, Grégoire Munster a eu la fantastique opportunité de rouler en Ford Puma Rally1, et malgré de nombreuses péripéties, le Luxembourgeois a emmagasiné un maximum d’expérience en parcourant l’ensemble des spéciales.
Après cette grande première, le pilote M-Sport est revenu avec nous sur ce week-end riche en surprises plus ou moins faciles à gérer.
Avant d’évoquer les nombreux problèmes que tu as eus ce week-end, quel est ton bilan pour cette première en Rally1 ?
“Pour résumer, j’ai pu rouler normalement sur la majorité des spéciales le vendredi. Le samedi était pas mal sans mon erreur en début de journée. Et le dimanche, les deux premières spéciales se sont passées normalement.
Avant le départ, il est très difficile de se fixer un objectif au kilomètre. Cela peut varier énormément en fonction du rallye. Il va être plus important en Sardaigne sur un tracé sinueux qu’en Finlande par exemple. L’objectif était plutôt d’avoir une bonne progression au cours du rallye. Et je suis plutôt content du niveau que l’on avait, même en ouvrant la route. Au final, je pense qu’on a montré de belles choses quand on le pouvait.
Du côté des réglages, nous n’avons pas touché à beaucoup de choses. Quand on découvre une voiture comme ça, il faut déjà s’y habituer avant de vouloir changer des choses importantes.
Globalement, l’équipe était satisfaite et ils m’ont juste dit qu’il aurait fallu que je m’arrête un peu plus tôt dans l’ES12 avec ma double crevaison. Mais comme nous n’avions pas de capteurs de pression sur notre Puma, ce n’était pas évident à ressentir. J’avais à la fois du survirage et du sous-virage.”
Afin d’analyser un peu ta course, il semble important d’énumérer les différents problèmes que tu as eus sur ta Ford Puma Rally1. Tu peux nous faire un résumé ?
“Le premier jour, le rallye a mal démarré puisqu’à dix minutes du départ de l’ES1, Louis, mon copilote, a remarqué qu’il n’avait pas son carnet de notes. Sur la Rally1, l’agencement est différent de la Rally2 et c’était une chance, car avec la Rally2, il aurait remarqué cet oubli qu’au dernier moment. Du coup, on a eu le temps de demander et de recevoir les photos des notes sur WhatsApp. Le carnet était en fait resté dans la chambre d’hôtel. Malheureusement, on avait qu’un téléphone pour lire les notes et ce n’était pas sur un iPad comme le fait Yannick Roche par exemple. Du coup, ce n’était pas évident car il y a eu plusieurs bugs et on a loupé quelques pages.
Mais honnêtement, au final, on a perdu beaucoup plus de temps à cause de la réponse du turbo qui était désactivé. On pense que l’erreur a été commise lors du chargement de la voiture pour la cérémonie de départ. Un “bouton rotatif” était tourné dans la mauvaise position, et comme je ne connaissais pas trop la voiture, je n’ai pas pu régler le problème. J’étais surtout concentré sur mes problèmes de turbo plutôt que de regarder les informations au dashboard et de tenter quelque chose.
Le lendemain, au départ de la première spéciale, j’ai eu un problème de launch control à cause du mapping. Il a donc fallu jouer avec les boutons du mode “stage” et “road” pour démarrer. Ensuite, dans l’ES9, j’ai eu une délamination d’un pneu et c’était quelque chose de nouveau et surprenant pour moi. Dans la dernière spéciale de l’après-midi (ES12), nous avions des pneus très usés. Ce qui était surprenant ici, c’est que les gars de derrière semblaient avoir moins d’usure que nous. C’est habituellement l’inverse. Mais comme il y avait tellement de balayage, on avait beaucoup de patinage et donc de surchauffe. J’avais deux pneus morts dans le coffre. Dès le premier vrai freinage de la spéciale, je me fais surprendre et je tape deux fois un talus sur le côté droit. Je pensais avoir endommagé le train arrière, mais c’était en fait une double crevaison. On perd beaucoup de temps pour changer les roues. En terminant la spéciale, on s’aperçoit qu’un pneu était délaminé. On a donc roulé à environ 45 km/h pour rejoindre le parc du soir. Et en nettoyant la voiture en entrée de parc, le pneu était à plat, mais nous étions quasiment arrivés, heureusement !
Le dimanche matin, en sortant du parc d’assistance, on a eu un accident en liaison. En mode électrique, nous n’avons pas de direction assistée et ce n’est pas évident de “manoeuvrer”. J’ai légèrement élargi ma trajectoire et une voiture est arrivée vite sur moi et ça a tapé à l’avant-droit. J’avais peur d’avoir arraché quelque chose, mais les vibrations ressenties dans la première spéciale étaient plutôt provoquées par l’état de la route et le passage des buldozers.
Enfin, j’ai terminé le rallye avec des problèmes de freins. Une projection de pierres a sectionné le tuyau de frein avant-droit. Et comme on avait peu de temps pour mécaniquer sur les liaisons, on a condamné l’avant-droit. Avec du temps, on aurait pu purger le liquide de freins et avoir encore trois freins. Finalement, on a continué en s’aidant du frein à main.”
Tu as pris une amende pour ne pas avoir laissé passer Rovanperä alors que tu étais reparti devant lui après ta double crevaison. Quel est ton avis là-dessus ?
“J’ai payé l’amende et c’est normal. Quand il y a un geste anti-sportif, il faut le sanctionner. Mais je ne pense pas être quelqu’un d’anti-sportif et on a manqué d’informations à ce moment-là. Que je perde 7 minutes ou 9, cela n’aurait pas changé grand chose pour moi.
Quand on a un drapeau rouge, c’est impossible de le louper, et il faudrait le même type d’alarme quand nous sommes rattrapés avec un drapeau bleu, comme en Formule 1. Ce serait beaucoup plus clair. En fait, on a reçu une notification blanche avec un texte noir, mais pas d’alarme. En plus, la notification n’était pas claire car il y avait une erreur de caractères dans le message. Sans oublier que l’on a reçu cette information dans la toute fin de la spéciale alors qu’on l’a apparement gêné pendant 15 km quasiment. Après cette spéciale, j’ai été voir Kalle pour m’excuser.”
Avec tes débuts en Rally1, tu as forcément été sous le feu des critiques. Comment as-tu géré ça ?
“Je ne regarde pas beaucoup les commentaires sur les réseaux. Par contre, après avoir gêné Kalle, j’ai reçu plein de messages privés avec toutes sortes d’insultes, sur Instagram et WhatsApp, tout en me disant que j’étais un amateur par exemple. “
Tu vas pouvoir poursuivre ton apprentissage au rallye de l’Europe Centrale à la fin du mois. Que sais-tu de cette épreuve pour l’instant ?
“Pas grand chose à vrai dire, car j’ai plutôt préféré me concentrer avant tout sur le Chili. On a reçu quelques images et des cartes, en sachant aussi que les spéciales en Allemagne ont déjà été disputées en partie lors d’un rallye national. Je n’ai rien vu de l’Autriche et de la République Tchèque par contre.
J’appréhende pas mal le pilotage sur asphalte avec la Rally1. Heureusement, on aura une journée d’essais pour préparer cette épreuve. Je pense qu’il est plus facile de prendre en main cette voiture sur la terre. Sur l’asphalte, il faut être beaucoup plus précis et chercher tout le temps à exploiter au maximum le grip. Sur la terre, on peut davantage jouer avec le grip. Après l’Europe Centrale, je devrais être au Japon, mais pas avec la Rally1, plutôt avec la Rally2.”
Comme tu l’as rappelé pendant le rallye, tu n’aurais pas pu avoir un tel programme sans Jourdan Serderidis.
“C’est ça. Jourdan a tout mis en place pour que ce programme se fasse. Si mon programme en WRC2 se passait bien, j’avais une chance d’être en Rally1 et c’est ce qu’il s’est passé. C’est une chance incroyable pour moi.”
Cette année, tu as eu un programme conséquent jusque là avec du JWRC, du WRC2 et maintenant du Rally1. Est-ce que tu as pu poursuivre tes études ?
“En fait, j’ai pu terminer mes études en fin d’année dernière en marketing/communication. Je ne suis pas au chômage et je me concentre à 100% sur le rallye cette saison.”
Content pour lui qui en un rallye fait aussi bien que Heller en ramenant tout les deux leurs pumas pour une premier en WRC R1….
3 sur quatres avec une victoire en plus, c’est bon pour le moral et pour M-Sport.
Moi j’l’aime bien ce p’tit Munster. Contrairement à enzo, j’adore les “fils de”.