Camilli : “Cela m’a déchiré le coeur”



Pour sa première apparition de l’année, Eric Camilli a longtemps fait forte impression lors de ce Tour de Corse, mais le pilote niçois a connu une fin de course brutale, voyant sa Polo R5 s’enflammer alors qu’il jouait la gagne.

Avant cela, l’ancien pilote M-Sport avait effectué une véritable démonstration, remportant les huit premières spéciales en WRC-2 ! Ralenti ensuite par une crevaison et un changement de roue, le français se relançait de suite avec deux nouveaux scratchs…avant de vivre l’impensable.

Après cette semaine émotionnellement très forte, Eric est revenu avec nous sur cette épreuve. 

Le Tour de Corse vient à peine de se terminer, comment te sens-tu après ce final si malheureux pour toi ?

“C’est bon, j’ai encaissé. J’essaye de ne retenir que le positif. Cela prend aux tripes de voir une voiture brûler comme ça. Je me dis que j’ai fait du mieux possible et qu’avant ce problème, je pouvais être satisfait de ce que j’avais fait.

J’ai eu de la peine vis à vis du team par rapport à l’énorme travail fourni par tout le monde. Je ne suis pas sur la photo du podium, mais si on m’avait dit que je ferai un rallye avec de telles performances, j’aurais pu signer avant, sans cette fin bien évidemment.

Cela a été très compliqué de monter ce programme. En arrivant le dimanche, j’étais lessivé comme mon copilote, c’était un soulagement d’être au départ et la pression retombait probablement. C’était fatiguant nerveusement.”

Avant ton abandon, tu étais en train de faire la course quasi parfaite, noin ?

“Honnêtement, je n’aurais jamais pu rêver de faire un début de rallye comme ça en enchaînant les scratchs. Même dans le shakedown, je fais les meilleurs temps à chaque passage. J’avais un super feeling avec la voiture, j’étais en osmose avec, elle était très bien réglée et préparée. Avec FX mon copilote “occasionnel”, tout était aussi parfait.

J’avais un sentiment de hargne, j’avais la grinta. J’avais mis tellement d’effort dans cet engagement, c’était quitte ou double, et c’était inattendu de démarrer comme ça.

Je m’attendais à ce que Bonato, Rovanperä et Ciamin soient mes principaux adversaires, sans oublier Loubet aussi. Yoann avait également un gros rythme quand même, lui aussi a fait un très beau vendredi. Mais au final, j’ai vraiment pris mon pied, c’était extraordinaire. J’en oublie notre crevaison maintenant où on prend une pierre sur le flanc en pleine trajectoire, et la crevaison est immédiate.”

Mais dans cette fameuse ES12, tout s’écroule avec l’incendie de ta Polo.

“A mi-spéciale, on roulait sur un bon rythme, sans plus, car j’étais un peu émoussé de ma journée et notre but était d’être à égalité avec Andolfi (le leader) avant la dernière journée. J’ai senti une odeur étrange dans la spéciale, j’avais l’impression que c’était à l’arrière, et j’ai dit à mon copilote “Fradé (fréro en corse), ça sent”. On a roulé encore 2 kilomètres, et on a mis le mode road (liaison). A partir de ce moment là, j’ai ralenti et mon copilote a vu des flammes venant de l’arrière-droit dans le rétroviseur. On s’est alors vite arrêtés, et le cockpit était rempli totalement de fumée, l’extincteur automatique s’est mis en route. Le feu a démarré à une vitesse incroyable, on a passé six extincteurs mais cela n’a pas suffit, il aurait peut-être fallu tout ça d’un coup et encore. Volkswagen est en train d’étudier l’origine du problème, je pense vraiment que c’est un concours de circonstances exceptionnel. Il n’y a pas d’explication, c’est quelque chose d’incroyable, d’impensable, et ça reste une voiture de course donc ce genre de choses peut arriver.”

Et comment as-tu réagit dans une telle situation ?

“J’étais vraiment impuissant, cela m’a déchiré le coeur, c’est un cas extrême. La voiture a disparu devant nos yeux. J’avais prévu de faire appel à un modéliste, mais là je n’ai vraiment pas envie, cette voiture n’existe plus, et rien que de la voir en photos, ça me fait bizarre. C’était un peu comme mon bébé pendant une semaine.

Après l’incendie, j’ai appelé l’ingénieur de chez VW qui était présent sur l’épreuve. Il m’a rassuré et a pris des nouvelles. Puis j’ai eu Bernard Munster, le boss de chez BMA. Il s’est donné à 250% pour que je sois au départ, la préparation de la voiture était incroyable, j’avais la même voiture qu’en Espagne, tout était nickel…et tout est parti d’un coup.”

Crois-tu en la malchance ?

“Je n’y crois pas dans le sens où malgré tous mes problèmes, j’ai toujours pu montrer ce dont j’étais capable. En Allemagne, je suis en tête mais j’ai un problème de courroie d’alternateur. En Grande-Bretagne, la performance est là mais je crève six fois, un truc incroyable en un week-end. En Catalogne, je suis en tête et j’ai un problème de tringlerie de boîte sur la Polo. Et là, encore un problème alors que je suis en position de gagner, c’est ainsi, c’est comme ça.”

Que peut-tu espérer maintenant après cette apparition en Corse ?

“On a fait le maximum pour se montrer, on ne pouvait pas espérer mieux. On va maintenant attendre que le téléphone sonne, je n’attends rien de précis, on est ouvert à tout. Cela va tellement vite en WRC, je suis arrivé très vite, et je me bats maintenant pour y rester. C’est la conjoncture du moment, tout peut se passer. C’est un fait, à mon âge, j’ai déjà une grosse expérience. Quand je vois Kris Meeke resigner un contrat à 39 ans, cela donne de l’espoir. J’espère que ma performance donnera envie aux constructeurs de WRC et WRC-2 de me proposer un programme, au moins avoir une série de quelques manches dans des conditions de pilotes officiels.

J’aurais des roulages avec VW dans les mois à venir, c’est toujours une bonne chose de rouler, même en essais. J’espère “rebondir définitivement” maintenant, je veux encore me battre.”




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giledouard
giledouard
5 années il y a

Pas de doute, malgré quelques problèmes de fiabilité (comme la C3 en 2018), la Polo tient la corde des R5 tant sur le plan commercial que sportif. Le R5 se résume en un duel entre Polo suivi des Fabia. Quid de la C3 et de la Fiesta ? Est-ce que PSA va monter une nouvelle 208 R5 ?

Xarena
Xarena
5 années il y a

Que d’éloges que d’éloges… C’est vrai que Camilli est rapide, et pas que sur l’asphalte. Il aurait mérité la victoire, c’est certain. Mais à y réfléchir, tout autre résultat aurait été insuffisant. La victoire aurait été normale. Retour sur le contexte: – les absents du tdc, habitués des R5: KOPECKÝ, GREENSMITH,BALDO, LEFEBVRE (quoi qu’on en dise…), KREIM, SUAREZ, Lukyanuk , Pellier, Sarrazin… Tous ces pilotes sont des bonnes bases de comparaison, certains pour simplement être plus rapide qu’eux, d’autres pour un écart/km, – les pilotes WRC absents qui auraient pu être dispo pour rouler: Ostberg, Paddon, Mikkelsen, Green… Des clients… Lire la suite »