Catalogne 2001 : la Costa Brava Française



Pour cette troisième chronique de Jeff, nous prenons la direction de la Catalogne pour une édition 2001 particulière où les français ont brillé avec Didier Auriol, Philippe Bugalski, Gilles Panizzi, mais aussi un petit nouveau, Sébastien Loeb.

Il y a 18 ans, nous quittons l’Auvergne et partons en direction de la Costa Brava. Nous n’imaginions pas que le bitume de ce Catalogne 2001 serait marqué de nouvelles traces. Nous basculions dans une ère naissante et formidable.

23 mars 2001, 12 Français prennent le départ de ce 37ème Catalunya. Parmi eux, Auriol et Panizzi sur 206 WRC, Bugalski avec la nouvelle Xsara, Delecour et sa Focus, tous vont viser la victoire. La manche inaugurale de la Coupe FIA Super 1600 a également fière allure avec 22 partants dont 5 tricolores : Bernardi et Robert avec des 206, Magaud et Rousselot au volant de Puma et la nouvelle pépite tricolore, Loeb, sur Saxo.

En 1999, Philippe Bugalski et Citroën décrochaient ici une première victoire en WRC qui avait définitivement convaincu la marque aux chevrons de s’impliquer. La Trona ouvre la cérémonie et c’est le messie local, Jésus Puras, équipier de Bug’ chez les rouges qui s’impose devant Didier Auriol. Makinen et sa Lancer dominent l’ES2 puis Bugalski gagne l’ES3. Didier riposte dans l’ES4 devant Bug’ et un impressionnant Marcus Grönholm qui tient le rythme des Tarmac – Masters au volant de sa 206… avant d’arracher une roue. Philippe se fâche tout rouge dans les deux derniers chronos et au soir de la première étape, il se retrouve second à 8 sec de Puras et 3 sec devant Auriol.

L’histoire retiendra que Cédric Robert a remporté la toute première spéciale du championnat S1600 ! Bel exploit quand on sait que sa 206 a été finie de monter la veille sur un parking… Cédric a fait un sacré bout de chemin depuis la Course de Côte d’Ambert 1991 ! Dans l’ES 2, le p’tit Robert confirme mais échoue de 7sec4 en 21km face à Sébastien Loeb qui prend la tête de la catégorie. Le 3ème chrono voit l’Alsacien récidiver, cette fois face à la Puma de François Duval tandis que Cédric rencontre de récurrents soucis de direction. Festival du jeune Duval dans l’ES 4, le prodige Belge claque un gros temps devant la Fiat de Basso et le Suisse Cyril Henny (Saxo). François vole le leadership à Sébastien qui réagit en survolant Alpens. Puis, dans l’ES6, Sébastien devance un super Patou Magaud et le prometteur Nicolas Bernardi. En fin de journée, avec plus de 30 sec d’avance, Loeb peut commencer à rêver de châteaux en Espagne. Citroën aussi. A froid, Basso dégaine le premier le samedi matin et prend les rênes de la catégorie. Loeb?… Il perd 2min15 à cause d’un capteur de papillon. Nous le rencontrons avant la spéciale d’Escaladei. Serein, l’Alsacien nous explique qu’il se retrouve maintenant 5ème à 1min33 de la Fiat et qu’il n’a pas d’autre choix que de sortir la grosse attaque sur les (4) chronos restants du jour. Depuis les Cévennes 97, Sébastien, pour nous, c’était « E.T ». Depuis la Ronde Cévenole 98, la question n’était pas de savoir s’il serait un jour champion du monde mais plutôt… quand ! Ahhh ce droite à fond au départ d’Alzon, je crois que Daniel s’en souvient encore…Souvenir immortalisé.

La suite vaut bien une messe. Nous voilà maintenant postés dans les courbes de la dernière descente qui mène à l’arrivée d’Escaladei. Bugalski fait une belle partition et un joli scratch. Quelques dizaines de minutes plus tard, le moteur rageur de la Saxo fait entendre sa musique. On comprend, de concert, que nous allons assister à un récital… Le rythme cardiaque s’accélère brutalement quand cette mélodieuse petite Citroën déboule. La Super 1600 aux couleurs Champeau est à l’agonie, comme débordée par son pilote, elle ne sait plus si elle doit sousvirer ou survirer, on dirait plutôt qu’elle décide de voler… Les pneus font tout ce qu’ils peuvent pour assurer la liaison au sol mais les énormes appuis infligés par le petit Alsacien déforment leurs pauvres carcasses qui laissent de larges traces noires sur le tarmac. Bel autographe ! Il y a tout, l’engagement, la maitrise, la précision et surtout, la vitesse: 21ème temps scratch, 26 sec devant le 2ème S1600 en 14km. 2 sec au kil’ quoi ! Basso a crevé et les favoris connaissent diverses fortunes, Sébastien en profite et se retrouve… déjà second. ES 9, la Riba, Loeb 19ème temps et 32 sec reprises en 36km à la Fiat du nouveau leader, le local Vallejo qui ne compte désormais que 11 sec d’avance. ES 10, Pratdip 2, la symphonie continue. Escaladei 2, dernière spéciale du jour, nouvelle démonstration du virtuose, 16ème temps scratch 18 sec devant Basso. Le soir, nous retrouvons Sébastien à Lloret de Mar :
Alors là Sébastien, chapeau bas ! Quelle attaque !! T’en es où ?
Ben on a attaqué et nous avons repris la tête, 1min43 devant Basso …

La leçon de Saxo !

Alors que Loeb se montre stratosphérique chez les petits, la course voit un impérial p’tit Bug dominer la journée des grands. Malmené par Puras dans Pratdip « notre p’tit Bug’ » à l’image de son compatriote Alsacien, met une calotte à tout le monde dans Escaladei. A la Riba, 36 bornes, Philippe devance Didier à bloc de chez à bloc de 8sec4… Tommi Makinen qui coupe tout et partout accuse 20 sec et un sévère coup au moral. A ce moment là, le fils du garagiste de Busset prend les commandes de l’épreuve et personne ne semble en mesure de riposter. Il en a encore sous le pied, dans Pratdip 2 il crucifie même Jésus… qui abandonne en fin d’étape suite à des problèmes d’alimentation. Auriol se retrouve second au soir de cette folle journée, à 27sec7 de la Xsara, Panizzi est 3ème à 1min10. La France en marche !

En Super 1600, Loeb se contente de dérouler le dimanche. Robert lui, va rouler, enrouler les courbes et affoler le chrono. Cédric s’offre deux 15ème temps scratch et autant de MT en Junior. A l’image de François Duval, le vainqueur du Volant 106 – 1998 n’a pas été épargné par les soucis mais a démontré toute l’étendu de son talent.

Lors de l’entame dominicale, Panizzi s’offre – enfin – son premier scratch. C’est Freddy Loix en transe qui réalise le troisième temps de l’ES 13 avec sa Mitsubishi, nous laissant le souvenir d’un passage chaud, très chaud sur l’arrivée. Toujours sous un beau soleil, Auriol réagit dans Osor devant son équipier et la Lancer d’un solide Makinen. Bugalski laisse 9sec, seulement, mais passe brutalement de la lumière aux ténèbres… Il connait des soucis d’embrayage qui stoppent sa marche en avant. Pour le pilote de l’Allier et Citroën le rallye est perdu. Mais quelle démonstration ! En délicatesse avec ses pneus Pirelli, Delecour ne peut faire mieux que 6ème. Auriol hérite du commandement, il affirme être à fond partout depuis le départ. On croit volontiers celui qui possède 30 sec d’avance sur les frères Panizzi et 1min sur Tommi Makinen. Quatre spéciales plus loin, Didier Auriol triomphe en Catalogne. Ce 25 mars 2001, le français décroche une 20ème et dernière victoire en WRC. Son copilote Denis Giraudet, s’offre, quant à lui, son 5ème et ultime succès à ce niveau de compétition. Les frangins Panizzi montent sur la 2ème marche du podium devant Tommi Makinen. Journée bleu – blanc – rouge à Lloret de Mar. Le bleu de la mer et de l’horizon infini que symbolise l’avènement de Loeb. Le blanc de la royauté avec le sacre sur ces routes du seul champion du monde français à cette date. Le rouge de la marque aux chevrons et de cette redoutable Xsara WRC avec laquelle un grand P’tit Bug’ a réussi 8 temps scratch. Sur les ruines de la défaite, Citroën va bientôt construire un château et y installer son nouveau roi.
Le couple Sébastien Loeb – Daniel Elena remporte ici sa première victoire majeure en championnat du monde. L’étoile de Didier Auriol brille une dernière fois alors que la nouvelle étoile filante de la discipline semble se diriger vers une destinée que l’on pressent exceptionnelle. Il y a des jours comme ça où, à notre insu, l’histoire bascule. Une page se tourne, nous quittons la Costa Brava. Il y a 18 ans.




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Sx24
Sx24
5 années il y a

J ai lu tardivement, mais article exceptionnel qui retranscrit la passion au bord des routes à l époque. C était les années 2000, il y a bientôt 20 ans…putain 20 ans!!!

Bernie
Bernie
5 années il y a

Énorme! c’était effectivement une bien belle époque.
Les articles de Monsieur Jeff me paraissent trop court tellement on “rentre” dedans.
Merci RS, vous êtes sur la bonne voie.