A.Fourmaux : “Une chance de rouler autant avec la 2022”



En ce mois d’août, et malgré un rallye d’Ypres rapidement écourté, Adrien Fourmaux a eu l’occasion de beaucoup rouler, principalement avec la Ford Puma Rally1 en France.

Avant de partir pour de nouveaux défis en Grèce avec la Fiesta WRC, le pilote nordiste a fait le point avec nous pour évoquer l’ensemble de ses sujets, avec la Puma donc, Ypres, mais aussi son avenir. Cet interview remplace ainsi l’habituelle chronique d’Adrien après chaque épreuve WRC.

Après Ypres, tu as enchaîné avec deux journées d’essais avec la Ford Puma Rally 1 en France sur asphalte. Comment cela s’est passé ?

“C’était une bonne chose de remonter dans la 2022 quelques jours après l’accident d’Ypres, sans avoir la pression de la compétition. C’est une chance pour moi d’avoir déjà pu rouler autant avec cette voiture et c’est un gage de confiance de M-Sport. C’était très intéressant pour les premiers essais de la voiture sur asphalte. La voiture ne peut pas être nickel tout de suite, c’est normal, mais j’ai senti une belle évolution au cours des deux journées. Matthew Wilson a pris la suite derrière moi pour deux autres journées…on peut en parler maintenant, avec toutes les personnes présentes, les photos et les vidéos, je ne vais pas le cacher (rires).”

Que penses-tu des performances de cette voiture ?

“C’est encore trop tôt pour voir vraiment le niveau de performances, d’ailleurs on a pas encore fait de comparaison directe avec la Fiesta WRC, je ne sais pas si c’est au programme. La voiture est forcément plus lourde, mais comme la puissance est supérieure avec l’hybride, ça donne un bon coup de pied au cul quand tout est en route ! Sans l’hybride, on ressent un manque de puissance par rapport à la WRC actuelle. La réduction de l’aéro est l’autre point le plus important. Avec le différentiel central en moins, on peut aussi avoir un peu plus de mal à faire tourner la voiture dans certaines conditions.”

Avez-vous cherché plus de performances sur cette séance par rapport aux précédentes ?

“Le but du développement, c’est de passer le plus de choses possible sur la voiture. Et pour cela, il faut voir aussi comment tout se comporte en cherchant la performance.

Je n’étais jamais venu en Ardèche, et c’était vraiment sympa. Une voiture de rallye est toujours plaisante, et celle-ci également évidemment. Mais avec l’hybride, ça reste un gros challenge en plus. La FIA est toujours en pleine discussion pour la modalité d’utilisation de cette puissance supplémentaire. Je ne peux pas trop évoquer ce sujet car chacun aura peut-être des solutions différentes. De ce que je comprends, la FIA veut rendre cela le plus imprévisible possible et éviter que les équipes fassent des différences techniques là-dessus. Mais avec le fonctionnement actuel et l’arrivée soudaine de la puissance, je trouve ça potentiellement dangereux. Dans le sens que la FIA et les équipes sont en train de bosser ensemble pour éviter l’armement à la stratégie ou technique mais qu’ils essaient aussi de rendre cela le plus prévisible possible. On peut comparer cela à l’époque des turbos.”

Revenons maintenant quelques jours en arrière avec le rallye d’Ypres et une sortie de route en tout début de rallye. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

“J’ai regardé la video de l’extérieur peu de temps après alors que j’étais encore dans le champ. J’ai analysé là où je suis sorti et je suis remonté sur la route pour comprendre. J’ai regardé également les caméras des autres pilotes. Après ça, je suis vite passé à autre chose, il ne faut pas tout remettre en question.

J’étais vraiment désolé pour l’équipe. On a pu voir que la sécurité avait vraiment réalisé des progrès énormes depuis de nombreuses années. L’évolution est énorme et en prenant 28G, je n’ai eu aucune contusion ou fracture, mais seulement des hématomes. J’ai quand même demandé à faire un check-up avec un médecin, mais il n’y avait aucun problème.

Je suis allé en Angleterre 2/3 jours après, et j’ai vu l’état de la voiture ! Le rôle de protection de l’habitacle a bien été rempli. L’équipe va pouvoir récupérer quelques pièces qui peuvent parfois coûter très chères !”

Mais comment as-tu été piégé ?

“Dans ma note pour ce virage, j’avais un gauche ferme 140- et avec un point d’interrogation pour noter les traces du tracteur. Le soir à la vidéo, on a mis Trace, une note que je n’avais jamais mis auparavant, mais on a également enlevé le – pour ce virage.

Quand j’ai entendu Trace, cela m’a interpellé et je n’ai pas su réagir. Il aurait fallu mettre Glisse par exemple. Je suis passé à fond dans ce virage et cela ne l’a pas fait. En regardant les autres caméras, tous les autres pilotes ont fait un petit frein soulagé pour ce virage. Ma note initiale était donc la bonne et il ne fallait rien corriger avec la vidéo  !

La roue arrière est passée sur une trace d’un tracteur avec en plus, quelques morceaux de béton accrochés à la route. Cela nous a envoyé directement dans le fossé et je n’ai rien pu faire. La marge d’erreur à Ypres est vraiment tout petite.”

As-tu eu quelques douleurs après ce choc ? Et Renaud ?

“J’ai eu quelques hématomes, à une cuisse et à un pied à cause de contacts dans la voiture. Le lendemain, j’avais l’impression d’être passé sous un rouleau compresseur ou dans une machine à lever. J’ai bien pris 2h à me lever car j’avais des courbatures partout. C’était un choc bien plus important qu’au Touquet avec la Fiesta R5. Les impacts ont vraiment été violents, et c’est ça fait mal.

Le surlendemain, je n’avais plus qu’une douleur au pied avec un hématome encore présent. Pour Renaud, tout allait bien après une journée de repos.”

Avais-tu une approche différente sur ce rallye par rapport aux autres rallyes que tu as effectué en Fiesta WRC ?

“Un peu oui. C’est vraiment un rallye où je voulais bien faire. C’est le rallye à la maison et à part Breen et Neuville, personne n’en avait la même expérience. Donc je me suis dit qu’on pouvait cette fois viser des chronos dans le top 3 sur quelques spéciales, surtout que j’ai maintenant de l’expérience au volant de la WRC. Je pense que ça aurait pu le faire, mais on ne le saura jamais !”

Quelle sera ta préparation pour la Grèce ?

“Je pars le dimanche avant la course et je n’aurais malheureusement aucune journée d’essais pour cette épreuve. On a préféré privilégier d’autres essais de mon côté avec M-Sport en vue des prochaines échéances, et logistiquement, ce n’était plus possible de rouler en Grèce. Ce n’est forcément pas l’idéal. On va essayer de faire un bon shakedown et Gus (Greensmith) va nous ramener des informations des essais, cela pourra évidemment servir.”

Avec le départ de Suninen, on parle de toi pour rouler avec la deuxième Fiesta WRC pour le reste de l’année. Qu’est-ce que tu peux nous dire aujourd’hui ?

“Déjà, c’est toujours surprenant de voir un pilote partir en cours d’année avec un contrat. J’avoue que je ne comprends pas trop ce qu’il s’est passé et je ne sais pas si M-Sport a communiqué là-dessus. Maintenant, je n’ai pu à partager mon volant, en tout cas pas avec lui ! M-Sport m’a dit de me consacrer pleinement pour la Grèce actuellement et on verra ensuite. Cela m’offre potentiellement plus de chances de rouler avec la WRC, c’est normal.’

Est-ce que cela avance pour l’année prochaine ?

“Pour 2022, nous sommes en discussions. J’essaie aussi parfois d’aller vers l’avant pour avoir des informations. On discute bien en ce moment. Je suis entouré de personnes qui peuvent me conseiller pour tout ça.”

Comment se présente le rallye de Grèce ?

“Pour l’instant, c’est un peu pauvre en vidéos. Je suis allé regarder des images du rallye de l’époque, même si de nombreuses spéciales sont différentes. C’est toujours intéressant de voir la typologie d’un rallye avant de le disputer.

Il y aura principalement des parties assez lentes et étroites, même si certaines sont aussi larges et roulantes par moments. Le rallye promet d’être dur pour la voiture, il faudra voir les températures car la chaleur peut être importante. On a pu le voir avec cette canicule dernièrement et des incendies.

Ce rallye ne sera pas nouveau pour tout le monde, mais le parcours sera assez différent et c’est évidemment une bonne chose pour nous, tout comme notre position sur la route. On va essayer de garder cette position pour le lendemain !!!

Il y aura certainement beaucoup de balayage et de poussière. Ils sont en train de travailler les pistes et cela va aggraver le balayage. Je suis vraiment content d’aller là-bas, c’est un super pays. J’ai eu l’occasion d’y aller avec mes potes en FAC de médecine pour fêter la fin d’année. Ce sera bien différent cette fois !”




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Jean Dridéal
Jean Dridéal
2 années il y a

Mouais…. itw étonnante.
D’un côté on a l’impression que sa place n’est nullement acquise pour l’an prochain, d’un autre côté ce serait une aberration totale de donner le développement d’une telle voiture à un pilote qui ne la conduira pas… (OK, Citroën a fait pire à ce sujet #meeke).

SInon, la FIA qui sait toujours pas ce qu’elle va faire de l’hybride, à moins de 5 mois du début du Monte-Carlo……

jmb17
jmb17
2 années il y a

Quelques remarques d’Adrien me rappellent des souvenirs “… ça donne un bon coup de pied au cul quand tout est en route ! … avec le fonctionnement actuel et l’arrivée soudaine de la puissance, je trouve ça potentiellement dangereux.” Je me souviens parfaitement du pilotage des premières R5 Turbo et R5 GT Turbo du début de la décennie 1980. Le temps de réponse des “Turbo” lors de ces années là n’était pas une idée de l’esprit. C’était un fait. Tu accélérais, il ne se passait rien pendant un cours laps de temps, et puis d’un coup, la puissance arrivait assez… Lire la suite »