A.Fourmaux : “Une de mes plus belles courses”



Pour sa dernière épreuve au volant de la Ford Fiesta Rally2 cette saison, Adrien Fourmaux a réalisé l’une de ses plus belles courses en carrière, remportant pour la première fois la classe RC2 en mondial.

Alors qu’il avait déjà effectué ses sept manches réglementaires en WRC2, le Français a tout de même eu l’opportunité de rouler sur ce nouveau rallye de l’Europe Centrale, toujours avec M-Sport et la Ford Fiesta Rally2.

Là voila enfin cette victoire ! Est-ce que cela change quelque chose pour toi que ce soit un succès en RC2 et non en WRC2 ?

“Pour moi, le titre en WRC2 n’était plus jouable depuis la Croatie. Depuis, je donne le meilleur de moi-même sur chaque course. Ma mentalité reste la même et j’attaque chaque rallye avec l’espoir de gagner.

Après, certains vont dire que des pilotes jouaient le championnat sur cette manche et ne regardaient pas le classement en RC2. Mais en fait, Yohan (Rossel) et Mikkelsen sont sortis très tôt, alors que Greensmith était plus en retrait. Des gars comme Lindholm ou Ciamin étaient là comme moi pour jouer la victoire. 

On a réussi à remonter trois minutes après notre crevaison pour finalement gagner, c’est ça que je retiens !

Le samedi, on signe les six meilleurs possibles de notre catégorie. Ce n’est pas commun, surtout dans ces conditions changeantes où il est facile de faire des erreurs. Nous sommes revenus de très loin, c’est franchement top. Je m’amusais dans ces conditions et j’étais en osmose avec la voiture. J’arrivais à bien optimiser mon pilotage sur la boue. C’est assez dur à décrire comme feeling, mais j’étais dans mon élément. C’était un peu comme un Monte-Carlo sur la boue.”

Sais-tu où as-tu crevé le premier jour ?

“Oui. On a crevé au même endroit que les autres comme Ogier, Suninen, Greensmith et Suninen. Après les reconnaissance et le passage des voitures, mais aussi à cause de la pluie, de la terre s’est décollée du goudron et une petite pierre est ressortie en sortie de virage. On a pris la même trajectoire que les autres et on a senti l’impact tout de suite. Il restait neuf kilomètres à faire et nous n’avions pas le choix de changer la roue. Avec un pneu tendre, peut-être que ça l’aurait fait, mais le pneu pluie n’a pas résisté.”

Qu’as-tu pensé de cette épreuve ? Une ressemblance avec le Touquet peut-être ?

“Le Touquet à côté, ce n’est rien du tout. Pourtant, j’ai fait l’édition 2017 avec beaucoup de pluie et c’était quelque chose. La terre était différente et il y a plus de dégagements au Touquet. C’est ressemblant au niveau des cordes, mais c’est tout. Malgré ce terrain compliqué et toute cette boue, je me suis bien amusé. Je suis content d’avoir réussi à rester calme, j’étais assez détendu, et quand la conduite est fluide, la performance est souvent au rendez-vous. Sur les choix de pneus, nous avons été plutôt bons aussi.”

Peux-tu nous résumer un peu les différentes évolutions sur ta Fiesta Rally2 depuis le début de saison ?

“Alors, il y en a beaucoup et je vais peut-être en oublier certaines. Au Monte-Carlo, nouvelle boîte de vitesses avec un réétagement de tous les rapports pour avoir une courbe plus progressive. Après le Monte-Carlo, de nouveaux freins pour une meilleure endurance. Au Mexique, un berceau arrière qui était déjà disponible sur terre, mais que je découvrais. Ça a vraiment fait du bien avec un grip supérieur et plus de calage. En Croatie, une évolution moteur que j’ai vraiment ressentie tout de suite, mais aussi une évolution du différentiel arrière avec plus de progressivité, ou encore un nouveau set d’amortisseurs (on en a testé deux ou trois dans l’année). Et à l’Europe Centrale pour finir, un nouveau package de refroidissement avec un nouveau intercooler afin de ne plus avoir de perte de puissance sur une longue spéciale par exemple. Au final, on a bien travaillé pendant toute l’année. C’était un gros challenge de revenir avec cette voiture, elle n’avait pas une bonne côte. On fait 15 rallyes cette saison et on en gagne 8 (5 au scratch et 3 en RC2). Je pense que l’on peut dire que cette année est une réussite.”

Avec le recul, cette rétrogradation en Rally2 semble t’avoir fait le plus grand bien. Es-tu d’accord ?

“En début d’année, c’était quand même difficile de repartir dans cette catégorie. On avait conscience que la voiture n’était pas forcément au niveau des autres, et en plus, Skoda avait sa nouvelle voiture. Avec la saison que l’on vient de faire, je n’ai finalement aucun regret. Cela m’a permis de travailler sur beaucoup de choses, de m’améliorer dans mes notes et dans notre travail avec Alex. D’améliorer aussi ma gestion de course et ma vitesse sur tous les terrains. Je regrette juste de ne pas avoir fait la Suède cette saison. J’ai pu discuter avec Elfyn Evans en début d’année. Il a connu aussi ce retour à la R5 et cela m’a montré que c’était possible. J’espère maintenant retrouver un programme en Rally1 pour l’imiter.”

Qu’est-ce que t’as apporté ta saison en Grande-Bretagne ?

“Je retiens forcément Ypres avec une grosse bagarre face à une référence comme Stéphane Lefebvre, le vainqueur en titre sur cette épreuve. Honnêtement, je ne pensais pas être à son niveau. Sur un terrain sec, la C3 paraissait redoutable. Au final, on a été dans le match tout de suite. Et c’était une revanche pour moi après deux rallyes compliqués les années précédentes. C’était un beau rallye, mais l’Europe Centrale reste ma plus belle épreuve de la saison.

Sinon, cette saison en BRC m’a bien été utile pour progresser sur beaucoup de choses dans mon pilotage. On a roulé sur des terrains différents, dans des conditions différentes, tout en faisant évoluer l’auto. Au Malcolm Wilson Rally, les spéciales sur terre sont superbes, certaines étant anciennement au programme du RAC. En Irlande, des routes super étroites avec de l’herbe au milieu, c’était vraiment sympa. Le Jim Clark en Écosse et la découverte d’Édimbourg, ce sont vraiment de bons souvenirs. On a montré que la voiture pouvait être performante sur tous les terrains.”

Comment as-tu appris que tu allais rouler au Japon avec la Rally1 ?

“Une ou deux semaines après mon titre de champion BRC, je crois, Malcom m’appelle et me demande de suite si je veux aller au Japon en Rally1. Il m’a dit que j’avais fait une super saison et que c’était une récompense pour tout le travail accompli. J’étais forcément ravi même si le challenge est énorme. Pour moi, ça n’a rien à voir avec la saison de Pierre-Louis (Loubet), on ne me l’a pas présenté comme ça.

Je ne vais pas avoir de journée d’essais, donc je vais redécouvrir la voiture au shakedown. Cette année, on a fait quelques essais avec la voiture pour homologuer des différentiels. On a pu rouler environ 300 km. Mais sur toute une année, c’est très peu, surtout par rapport aux autres.

Comme c’est une récompense de ce que l’on a fait cette année, on a aucun objectif particulier. On va rouler comme on sait le faire, et se faire plaisir. Je suis le seul à ne pas avoir roulé en Rally1 cette année, et en plus, je n’ai pas fait le Japon l’an dernier, contrairement aux autres. Il ne faut donc pas s’imaginer que je vais faire un podium là-bas. On y va pour faire la meilleure performance possible, mais il faudra aussi du temps pour reprendre nos marques. Je ne sais pas si l’on aura cette chance, mais il faut le voir comme une préparation de 2024.”




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Robin
Robin
5 mois il y a

Une très belle saison pour Adrien et une confiance retrouvée !
Il a su en collaboration avec M-Sport redonner ses lettres de noblesse à la Fiesta donnée en bout de course en début de saison…
Souhaitons lui le meilleur pour le Japon et pour sa saison à venir !

Jeff
Jeff
6 mois il y a

Fourmaux peut être fier de sa saison, avec un programme dense, un titre de champion UK et de nombreuses victoires ! Le fait qu’il ait fortement contribué au développement de la Fiesta et l’assurance acquise en course font d’Adrien un pilote plus qu’intéressant pour les 3 équipes du WRC1. Je pense que Wilson veut le garder et le fera courir en WRC1, mais il pourrait être un bon candidat pour un programme partiel chez Hyundai, voire Toyota (et sûrement mieux payé que chez Wilson). Wait and see !