Que sont-ils devenus ? #13- Pierre Marché



Avec une saison actuelle à l’arrêt, le moment est idéal pour s’intéresser à ceux qui vous ont émerveillé dans les années 2000, avec de jeunes pilotes aux dents longues mais aussi des pilotes aguerris, prêts à se dépouiller sur les routes des championnats de France asphalte et terre.

Encore plus qu’aujourd’hui, les formules de promotion étaient d’une densité folle avec des plateaux dépassant parfois la trentaine de concurrents au départ, tous prêts à se battre pour le moindre dixième. Parmi eux, certains ont atteint la gloire, avant de disparaître peu à peu des radars des rallyes et du public.

Faits marquants en carrière

2010Vice-champion Volant Peugeot (Peugeot 207 R3T)
2008Pilote officiel Suzuki (3 rallyes dont le Tour de Corse)
2007Vainqueur Suzuki Rally Cup (Suzuki Swift Sport)
2006
2005
Vice-champion en Clio Cup (Renault Clio Cup)
2001Début en rallye

Véritable globe-trotter des formules de promotion (Renault, Suzuki et Peugeot), Pierre Marché est le treizième pilote à répondre à notre invitation pour cette rubrique : “Que sont-ils devenus” ? 

Quelle est ton activité aujourd’hui ?

“Depuis 18 ans, je travaille dans l’aéronautique sur le site de Safran en région parisienne. Je m’occupe aussi de mon fils âgé de 5 ans. En ce moment, je profite de cette pause imposée à cause du COVID-19 pour énormément travailler sur ma maison.

Je n’ai pas le temps, ni l’argent pour le sport auto. Je ne fais plus beaucoup de sport non plus, car je manque aussi de temps pour ça.”

A quel moment tu as senti que ta carrière était sur la fin ?

“Déjà, quand la 207 a brûlé sur le Terre de Langres fin 2011, ce n’était pas bon. Cela a été un bon coup de frein. Heureusement, on avait pu rouler avec la Subaru 2HP sur trois rallyes cette saison-là.

L’année suivante n’a pas été bonne, nous étions mal préparés et ça ne servait à rien de continuer, donc j’ai fait seulement deux rallyes en volant Peugeot. En 2013, je n’avais pas le budget pour rouler.

En 2014, j’ai participé à la Coupe Opel. Au Touquet, j’étais en tête avant de casser la tringlerie de boîte et je termine sixième. Au Charbo, je m’envole dans la spéciale de Marchampt, je termine la spéciale comme je peux et je dois renoncer ensuite.

Au Limousin, c’était bien, je termine 2e. Et au Rouergue, je suis en bagarre pour la gagne, mais un temps forfaitaire plombe totalement ma fin de course (3e à l’arrivée). A ce moment là, je me suis dit qu’il ne fallait pas forcer le destin. J’ai quand même eu l’opportunité de rouler sur une Clio R3T en fin d’année grâce au team de William Oddoux sur deux rallyes.”

As-tu eu des opportunités de revenir ensuite ?

“Je n’ai pas vraiment cherché même si j’ai toujours envie de rouler évidemment. Mon gamin m’a pris tellement de temps au début déjà, j’avais envie de construire ma vie finalement et ma famille. Sur certaines saisons, je pouvais faire près d’une quinzaine de rallyes, le rythme était totalement différent.

A part de trouver des gens qui dont des sous, c’est trop compliqué pour revenir. Je vais peut-être rouler au rallye de l’Yonne en octobre, si le rallye a lieu bien entendu. J’ai un de mes meilleurs amis qui a l’objectif de gagner avec moi donc possiblement en R5 si nous réunissons le budget.. Ce serait un bon moyen de remettre le pied à l’étrier et d’espérer avoir un vrai programme par la suite.”

Quel a été le meilleur moment de ta carrière ?

“C’est un sport qui te procure tellement d’émotions qu’il y a beaucoup de très bons moments. Mais quand tu progresses et commence à faire tes premiers scratchs, c’est vraiment appréciable. Fin 2002, quand on a commencé à faire des temps au Var, c’était top. En 2003, un premier scratch au Lyon-Charbonnières et ensuite un podium au Rouergue. C’était du sport et la liste des engagés faisait rêver.

Un autre temps fort également, c’était au Monte-Carlo 2007 avec une Mitsubishi Lancer groupe N. Je suis passé par toutes les émotions sur ce rallye même si notre voiture était un peu dépassée par rapport aux autres. 

Et puis mon pire moment, c’est l’incendie du Terre de Langres.”

Quelle a été la voiture préférée dans ta carrière ?

“Toutes les voitures m’on plu. Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. J’ai toujours pris beaucoup de plaisir, surtout quand tu te dépouilles face à 30 ou 40 concurrents.

J’en profite pour parler de ma saison avec Suzuki. J’ai été très déçu de cette année là. J’avais un programme en peau de chagrin, et j’aurais espéré un petit effort de la FFSA. Mais en 2008, elle a tout misé sur Sébastien Ogier. Je respecte ce choix et ils ont eu raison car c’est un énorme champion. Je suis juste tombé au mauvais moment.

Avec la S1600, j’ai fait deux rallyes compliqués en championnat de France avec une voiture volontairement diminuée pour ne pas avoir de problèmes de fiabilité. Par contre, j’ai fait un bon Tour de Corse malgré de mystérieuses crevaisons avec une auto à 100% et une 4e place en JWRC.”

Quel copilote t’as le plus apporté ? 

“Ils m’ont tous apporté avec trois copilotes majeurs dans ma carrière. Anne Brahy a été la première copilote avec qui j’ai connu une première évolution significative. On a commencé à rouler fort ensemble et j’avais un bon feeling. Nous sommes montés en puissance jusqu’à la saison 2004.

Ensuite avec Julien Giroux jusqu’en 2008. Il sortait d’une belle année de formation avec Guigou et était d’un grand professionnalisme, c’était très carré. Il a été d’une très grande aide et a réussi à me canaliser. 

Jusqu’en 2010, j’étais avec Julien Rebut. C’était un gars hyper motivé et motivant. On a eu quelques performances remarquables comme au Limousin avec une 6e place scratch au milieu de S2000. Cela s’est très bien passé avec lui.”

Si tu devais refaire un rallye aujourd’hui ? Ce serait lequel et avec quelle voiture ? (Budget illimité)

“Je viserai une WRC de dernière génération ! Il serait compliqué de la prendre en main sur la terre, car c’est plus imprévisible. Donc l’asphalte serait plus à ma portée, et pourquoi pas sur un Tour de Corse.”

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Que penses-tu globalement du rallye français aujourd’hui, du championnat asphalte avec les R5 mais aussi des formules de promotion ?

“Déjà, je m’intéresse toujours beaucoup aux résultats en les consultant sur mon téléphone, et ce qui a le don d’agacer ma femme ! Je regarde même les splits en WRC.

Pour le championnat de France, il y a du bon et du moins bon. C’est bien d’avoir des R5 avec du monde pour jouer le titre, contrairement à l’époque WRC. Les voitures coûtent chères évidemment.

Il n’y a pas forcément beaucoup de pilotes de premier plan, même si le niveau reste bon.

Pour les formules de promotion, je trouve que cela a totalement changé par rapport à mon époque. Avec la Clio Cup, je roulais avec une auto autour des 30 000€. On avait des primes hyper conséquentes avec lesquelles tu pouvais payer ta participation sur 2 rallyes si tu l’emportais. Maintenant, les voitures sont trois fois plus chères, avec des primes deux fois moins grosses ! Sans une valise de billets, c’est difficile de s’engager et ce n’est pas le même jeu qu’avant.

Selon moi, il faudrait une petite voiture à 35 000/40 000. L’important est de devoir se dépouiller pour être le meilleur avec des primes conséquentes au bout. Comment tu peux attirer un jeune de 20/22 ans avec un championnat comme ça. Ils te demandent toujours plus d’argent et en plus, il faut toujours être de plus en plus jeune pour participer. Je trouve que ce n’est pas trop glorieux de se féliciter d’avoir une quinzaine de voitures au départ.”

Enfin, as-tu des conseils à donner à un petit jeune qui débute en rallye ?

“Il faut s’entourer de beaucoup de billets (rires). Prendre le temps d’apprendre et de ne pas mettre la caisse dans les arbres trop souvent. Peaufiner aussi son système de notes de bonne heure. Il n’y a rien mieux que de la terre pour ça.”

As-tu des regrets par rapport à ta carrière ?

“Maintenant, je ferais les choses un peu différemment. J’ai fait des boulettes au pire moment en formule de promotion. Peut-être que j’aurais eu des opportunités ensuite. Je me rappelle de la saison 2005 où” j’offre” la coupe Renault à Arnaud Augoyard en sortant de la route dans la dernière spéciale du samedi. J’avais alors une vingtaine de secondes d’avance et celui qui terminait devant l’autre était champion.”




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Pat
Pat
3 années il y a

Chatrio

Pat
Pat
3 années il y a

Perso,jamais entendu parler de lui,des articles sur chariot,béguin,ragnotti et autres grands pilotes peu parait plus constructif, ou alors j’ai zappé un truc