Sanremo 2001 : Un premier podium renversant pour Loeb

En arrivant au Sanremo début octobre, Sébastien Loeb n’avait encore jamais roulé dans la catégorie reine avec Citroën en championnat du monde, ni avec la Xsara WRC d’ailleurs en compétition. Auparavant, l’alsacien alors âgé de 27 ans, s’était forgé une petite expérience avec une Toyota Corolla WRC la saison précédente, au Tour de Corse et au Sanremo déjà.

Sur cette édition 2001, 36 WRC sont au départ avec une liste qui fait rêver avec sept constructeurs au départ : Subaru, Mitsubishi, Peugeot, Ford, Citroën, Hyundai et Skoda !!!

Au départ, les voitures françaises sont clairement attendues aux avant-postes, alors que les Ford apparaissent comme leurs adversaires principales. Côté Lion, Gilles Panizzi, auteur d’une grosse saison 2000, s’annonce redoutable, ainsi que Didier Auriol malgré une saison bien délicate avec Peugeot, tout comme Marcus Grönholm. Côté Chevron, Philippe Bugalski et Jesus Puras ont fait forte impression en Catalogne avec une Xsara encore toute jeune. De son côté, Sébastien Loeb mène une drôle de saison avec le JWRC et le championnat de France asphalte en parallèle. Pour cette seule apparition de l’année en WRC, l’alsacien n’a franchement rien à perdre, et ne pourra que surprendre.

Le vendredi 5 octobre 2001, les voitures françaises font déjà un carnage avec un affrontement fratricide entre les Xsara et les 206. Seules les Ford parviennent péniblement à s’accrocher. Dans cette première boucle, deux hommes se détachent : Panizzi avec 3 scratchs en 5 spéciales, et Puras, qui confirme déjà son excellent Catalogne. Derrière ce duo regroupé en une demi-seconde, Grönholm s’accroche bien aux spécialistes de l’asphalte alors que Auriol, Bugalski, Loeb, Sainz et enfin Delecour sont à une vingtaine de secondes ! Les Subaru de Solberg et Märtin sont alors à plus de quarante secondes alors que Mäkinen, leader du championnat, est à plus d’une minute !

Dans l’après-midi, les Xsara sont intouchables avec un duo Puras/Bug’ étincelant alors que Panizzi résiste admirablement face à l’attaque des rouges. Au soir du premier jour, l’espagnol est en tête, suivi à 1s5 par la Peugeot des frères Panizzi. Au troisième rang, Bug’ est en embuscade, tout comme Didier Auriol, Sébastien Loeb et Marcus Grönholm, tous relégués autour de la demi-minute.

Samedi matin, les Xsara WRC montrent encore leurs muscles et c’est un surprenant Sébastien Loeb qui marque déjà les esprits dans le chrono de Molini (25,29 km). S’il n’avait pas pu faire mieux qu’un quatrième temps la veille, le pilote de Haguneau devance cette fois tout le gratin mondial et remonte directement au deuxième temps…puisque Citroën a perdu Puras sur touchette alors que Bug’ a plongé, avant de commettre une erreur fatale dans la suivante.

Pour Panizzi, tout va bien, avec une avance de plus d’une demi-minute sur Loeb, alors qu’Auriol est déjà à cinquante secondes après “seulement” dix spéciales. En bataille face au champion du monde 1994 et même devancé par ce dernier après l’ES14, Loeb fait encore mal dans le deuxième passage de Molini. L’alsacien avale les 25,29 km de cette spéciale en 16:43.7, collant près de huit secondes à toutes les 206 WRC. Au terme de la seconde journée, le pilote Citroën est pris en sandwich par les Lionnes, Panizzi largement en tête (34s5), Auriol troisième en embuscade et Grönholm quatrième. A noter que dans la 12, Petter Solberg est parvenu à signer le premier scratch d’un pilote non Citroën ou Peugeot !

Dimanche, quatre spéciales sont seulement au programme avec 87 “petits” kilomètres à parcourir. En deux spéciales, Loeb protège parfaitement sa deuxième place. Panizzi est bien trop loin (33s5), mais l’alsacien fait le boulot pour se protéger face à Auriol.

Au deuxième passage du chrono de San Romolo (28,64 km), Loeb est sur un nuage, au contraire de Gilles Panizzi qui montre de gros signes faiblesses en lâchant 21s7 sur son jeune rival sous une pluie battante ! Le pilote Peugeot va se présenter au départ de la dernière spéciale avec seulement 11s8 de marge sur l’alsacien.

Dans la 20, Panizzi tient le choc et s’impose sur ce rallye Sanremo pour la deuxième fois de sa carrière, mais les regards sont néanmoins tous tournés vers Sébastien Loeb, le nouveau phénomène de Citroën et bientôt du WRC. Comme un symbole, l’alsacien devance à l’arrivée un autre monstre du rallye français : Didier Auriol. Avec quatre scratchs à l’arrivée, le protégé de Guy Fréquelin fait aussi bien que le vainqueur Panizzi dans ce domaine.

Dix-neufs ans après ce podium en carrière, la performance de Sébastien Loeb sur ce Sanremo 2001 reste l’une des plus impressionnantes performances du championnat du monde des rallyes. 

“Pour être honnête, je m’attendais à faire un bon résultat, j’avais presque égalé les chronos de Philippe Bugalski lors des essais. Après la première spéciale, j’avais quatre secondes de retard sur le temps scratch tout en ayant l’impression de ne pas avoir encore tout donné (…) Avant le rallye, j’avais envoyé des fax à tous les constructeurs pour les prévenir de ma présence. Et après San Remo, ils m’ont tous appelé pour essayer de me faire signer une saison. Mais même si ce n’était que pour une demi-saison en 2002, je ne voulais pas aller ailleurs que chez Citroën.” avait commenté Sébastien Loeb après course.

Classement FINAL