B.Piallat : “Je ne suis pas inquiet pour le futur”



Comme la grande majorité des entreprises de France, PH Sport est à l’arrêt depuis plusieurs semaines, confinement oblige.

Pour cette entreprise référence de l’hexagone en sport automobile, la situation est évidemment délicate mais Bernard Piallat, le boss de chez PH Sport, se veut rassurant face à toute l’inquiétude ambiante.

Comment s’est fait l’arrêt de l’activité chez PH Sport ?

“On a fermé les ateliers au lendemain de notre arrivée du Touquet (Lundi 16 Mars). Nous nous sommes regroupés à 7h30 avec mon associé pour décider des suites de notre activité. On a réuni tout le monde à 8h00 pour annoncer la fermeture des ateliers et leur dire qu’ils pouvaient rentrer chez eux.

Maintenant, tous les vendredis, on envoie un mail aux employés pour donner quelques nouvelles et les tenir informés.”

Avant même l’annonce du confinement, vous avez fermé vos ateliers. Pourquoi ?

“Déjà, on ne maîtrise rien du tout dans cette situation, donc on a préféré ne prendre aucun risque. Cela a permis à tout le personnel de rentrer sereinement chez soi.

Les 42 employés vont être mis au chômage partiel. Ma seule activité, avec mon associé, est d’ailleurs de remplir la paperasse pour finaliser ça, ainsi que d’étudier des aides financières. On pense entrer totalement dans les conditions puisque toutes les activités rallyes sont arrêtées dans le monde. Au moins, de notre côté, toutes les voitures restent intactes pendant ce confinement et ne s’abîment pas, contrairement à des entreprises d’autres secteurs avec des problématiques bien différentes.”

Es-tu inquiet pour la pérennité de notre sport ? On a pu lire l’énorme inquiétude d’Hugues de Chaunac par exemple, qui évoque une “grosse claque” pour le sport auto. Es-tu du même avis ?

“Je ne suis pas historien, mais depuis la nuit des temps, l’être humain a besoin de se défouler. Dans l’empire romain, il y avait bien des courses de chars. Le sport auto ne va pas s’arrêter de vivre.

Le rallye, c’est une drogue pour beaucoup de monde. Tôt ou tard, les personnes y reviendront même si tout va prendre plus ou moins du temps à redémarrer. On verra des épreuves annulées, d’autres reportées. Mais je suis persuadé que tout le monde aura besoin de se défouler et de revivre après tout ce qu’on a pu traverser. Les concurrents s’engageront peut-être sur des programmes réduits, en rétrogradant de voitures par exemple, mais tout le monde sera extrêmement motivé à l’idée reprendre. Le sport auto va continue à exister, je ne suis pas en accord avec les propos alarmistes d’Hugues de Chaunac. Les gens auront encore plus envie de s’amuser et j’ai “peur” qu’ils deviennent plus cigales que fourmis.

Je me rappelle de la crise de 2008 où tout le monde s’inquiétait énormément. Finalement, on a jamais autant travaillé que l’année suivante.

Je ne suis pas inquiet pour le futur. De notre côté, on va peut-être être amené à ajuster notre personnel, mais je suis conscient que nous faisons partie des privilégiés par rapport à bon nombre d’entreprises en France. C’est forcément un coup d’arrêt pour tout le monde. Des programmes vont être reportés, d’autres annulés. On verra si des clients sont impactés ou non par tout ça, et dans quelle mesure.

Aujourd’hui, j’ai toujours des clients qui me demandent quand ça va re-rouler. J’ai même reçu une demande pour effectuer des essais dans les jours à venir…que j’ai refusé poliment même si j’étais très surpris !”

Dans un scénario optimiste, disons que PH Sport peut ré-ouvrir le 1er juin prochain. A partir de quand la saison de rallyes pourrait reprendre selon toi ?

“En France, un rallye doit tenir une commission départementale de sécurité routière, un mois avant le départ de l’épreuve. A la fin du confinement, la priorité de ces personnes ne sera pas de permettre l’organisation d’un rallye, ils auront d’autres choses à faire.

Donc pour moi, il faudra compter au moins deux mois avant une reprise des rallyes après l’ouverture des ateliers, mais ce n’est que mon avis personnel. Dans le cas du championnat de France, les délais seront peut-être plus courts.”

Parlons un peu de sportif quand même. Comment se présentait la saison 2020 chez PH Sport avant tout ça ?

En 2020, c’est vraiment le plus beau programme que je n’ai jamais eu avec l’équipe. On avait des autos partout avec les C3 R5 en Mondial pour Ostberg et Rossel, en France pour Franceschi et Wagner. Cinq nouvelles 208 Rally4 doivent rouler, sans oublier le rallye-raid avec 3 Zephyr, ou encore la Coupe de France avec Foulon, Viana et Vaillant !”

Comment était le début de saison, que ce soit en rallye-raid, mondial ou en France ?

“Pour nous, tout allait vraiment bien. Le Dakar s’est très bien passé pour nous, on avait prévu de rouler avec Kris Meeke sur deux épreuves ensuite avec le Zephyr, mais aussi avec Conrad Rautenbach pour prendre de l’expérience en vue du Dakar 2021. Un troisième Zephyr allait rouler également.

En mondial, Ostberg a gagné deux épreuves et est en tête du championnat, donc c’est parfait. Aucun souci mécanique non plus à déplorer ni gros accident. C’est la première fois chez PH que tout était ficelé dès le mois de décembre, on avait plus de place. En ce début de saison avant cet arrêt total, ma seule préoccupation était de vendre des Zephyr.”

Quel est le parc actuel chez PH Sport ?

“On a cinq C3 R5 qui vont rouler pour Ostberg, Rossel, Franceschi et Wagner notamment. On hésite à en prendre une sixième. On a également cinq 208 Rally4 qui vont toutes rouler en Coupe. Deux DS3 WRC sont encore là pour le championnat 2e division et enfin trois Zephyr.

On travaille avec 14 personnes sur des déplacements en mondial (2 C3 R5), même chose sur un championnat asphalte avec trois voitures, ou encore avec cinq 208 à gérer.”




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jmb17
jmb17
4 années il y a

Lappi alla en 2020 chez M Sport,
Et quand survint le virus, Lappi piailla
Mais Bernard aussitôt le rassura
Le Pi allat n’est pas inquiet pour M et PH Sport
Alors toute contente la pie s’envola
Rassurée elle reviendra, après, plus forte encore !

Nismo
Nismo
4 années il y a

La crise de 2008 et celle de 2020 n’est absolument pas comparable, du côté économique.
En 2008, il y avait des craintes sur une récession, mais l’activité économique tournait. Là , on est à l’arrêt.