Que sont-ils devenus ? #11- Guillaume Canivenq



Avec une saison actuelle à l’arrêt, le moment est idéal pour s’intéresser à ceux qui vous ont émerveillé dans les années 2000, avec de jeunes pilotes aux dents longues mais aussi des pilotes aguerris, prêts à se dépouiller sur les routes des championnats de France asphalte et terre.

Encore plus qu’aujourd’hui, les formules de promotion étaient d’une densité folle avec des plateaux dépassant parfois la trentaine de concurrents au départ, tous prêts à se battre pour le moindre dixième. Parmi eux, certains ont atteint la gloire, avant de disparaître peu à peu des radars des rallyes et du public.

Champion de France asphalte 2009, pilote officiel Citroën en 2005 et Peugeot en 2007, Guillaume Canivenq est le onzième pilote à répondre à notre invitation pour cette rubrique : “Que sont-ils devenus” ? 

Faits marquants en carrière

2009Champion de France Asphalte (Peugeot 207 S2000)
2007Pilote officiel Peugeot en Championnat de France Terre (Peugeot 206 RC A7)
2006Vainqueur Volant Peugeot (Peugeot 206 XS)
2005Pilote officiel Citroën en Championnat de France Asphalte et Vice-champion de France Terre (Citroën C2 GT)
2004Vainqueur Citroën Challenge (Citroën C2 R2 Challenge)

Quelle est ton activité aujourd’hui ?

“Je suis contrôleur technique dans deux centres de l’Aveyron. Je suis marié et j’ai deux filles.

Je suis toujours autant de passionné de rallyes et je regarde les résultats chaque week-end. Sinon, Je pratique le modélisme au 1/8e et j’ai bien progressé au cours des années. Je fais de la compétition avec 4-5 week-ends dans l’année. Il y a des pistes terre bosselées et je m’amuse beaucoup même si mes yeux n’arrivent plus à suivre à la fin tellement ça va vite !”

A partir de quel moment tu as compris que ce serait difficile de continuer en rallye ?

“J’y ai toujours un peu cru, j’ai des personnes derrière moi mais financièrement, c’était trop juste. Après la grosse saison 2009, j’étais très énervé et je n’arrivais pas à concevoir que j’allais arrêter de rouler.

2009 n’est clairement pas l’année où j’ai pris le plus de plaisir. Il y avait trop d’enjeux financiers, le budget était précieux et on devait rallye par rallye avec la caution en tête. J’espérais aller plus haut forcément.

En fin de saison, on a cherché des partenaires pour rouler en Europe avec un programme complet. Total devait nous apporter la moitié du budget, mais un gars de chez Total m’a banané et a préféré miser sur Stéphane Sarrazin. A la base, j’avais 280 000 € à trouver pour compléter le budget, nous les avions, mais sans Total, c’était impossible de continuer.

En 2010, c’était une saison très difficile, que j’ai mal vécu. J’ai quand même été ouvreur en Mégane au Var et j’ai fait deux courses en Ford Fiesta R2. Ensuite, le budget a été le gros problème pour rouler. J’ai quand même participé au développement de la Mégane RS mais sans possibilité de rouler en compétition.

J’ai refait un rallye en 2016 avec mon épouse pour le plaisir. Dès la première spéciale, j’ai vu que j’avais encore beaucoup d’envie et l’adrénaline est revenue d’entrée. Le rallye, c’est comme une thérapie en fait.”

Et cette année, tu vas revenir sur un beau programme en championnat de France si la situation sanitaire le permet bien sûr.

“Oui. La nouvelle coupe Clio m’allait bien avec un programme et un budget cohérents. J’ai toujours quelques partenaires et mes entreprises commencent à bien marcher, donc tout se présentait parfaitement.

Je voulais reprendre avec mon fidèle copilote Sébastien Grimal, mais il travaille chez Motul et a l’interdiction de rouler avec des marques partenaires d’autres huiles, et comme Castrol est partenaire de Renault, c’était impossible. Donc je vais rouler avec un jeune de 24 ans, Bastien Dumas.”

Quel a été le meilleur moment de ta carrière ?

“Au Rouergue 2009, je me souviens bien de la spéciale de Sebrazac, avant-dernier chrono du rallye. Alors que Vigion était revenu tout proche, je sors une spéciale parfaite où je me suis vraiment lâché. Je n’ai pas eu besoin de regarder le chrono pour savoir que j’étais devant. J’ai alors mis un gros coup au moral de Vigion et je gagne le rallye derrière.

Un deuxième moment me vient en tête : le Mont-Blanc 2006 en Coupe 206. Il y avait un énorme brouillard dans la spéciale du Lac et on fait le meilleur temps de la Coupe. C’était un moment de dingue et cela m’a permis de prendre la tête. Et comme j’avais plus de gommes neuves que les autres, mais eux ne le savaient pas, je m’attendais à terminer très fort mais je n’ai pas eu besoin puisque le rallye a été écourté.”

Quelle a été la voiture préférée dans ta carrière ?

“La Peugeot 207 S2000 est une voiture fabuleuse. Si j’essayais une R5, je dirais sans doute que c’est encore mieux. C’est une quatre roues motrices, elle freine de fou. Même après avoir attaqué comme un dingue, tu as encore des freins et des pneus à l’arrivée.”

Quel copilote t’as le plus marqué ? 

“Sébastien évidemment. Humainement, nous sommes sur la même longueur d’onde. J’ai eu une confiance aveugle en vers lui. On s’entendait très bien. Mais je suis certain qu’avec Bastien tout va bien se passer.”

Si tu devais refaire un rallye aujourd’hui ? Ce serait lequel et avec quelle voiture ? (Budget illimité)

“Je prendrais clairement le volant d’une WRC dernière génération. En voyant les embarquées, je ne sais pas comment ils font, ils sont à la limite de partout mais ne sortent pour autant pas souvent. Et je roulerais sur le Rouergue, le rallye du coin. Avec une 306 Maxi, ce serait pas mal aussi, je ne pense qu’à ça depuis tout gamin. Peut-être que je pourrais rouler avec celle de Sébastien Loeb…”

Que penses-tu globalement du rallye français aujourd’hui, du championnat asphalte avec les R5 mais aussi des formules de promotion ?

“Il me semble qu’à mon époque, il y avait plus de monde et que le niveau n’était pas la même. Surtout, cela ne coûtait pas les yeux de la tête, il m’aurait été impossible de débuter aujourd’hui. En rentrant de bonnes primes, cela ne me coûtait rien. Aujourd’hui, le budget de location est triplé.

Donc à moins d’être fils à papa ou d’avoir de gros partenaires sans être méchant, je ne vois pas comment c’est possible.

En R5, je suis agréablement surpris de voir un tel niveau. Après, je pense qu’ils visionnement vachement et c’est un peu dommage par rapport au côté humain du rallye. Tu n’as plus le temps de boire 2-3 verres le soir. Dans l’ensemble, la vidéo enlève un gros charme au rallye.”

As-tu des conseils à donner à un petit jeune qui débute en rallye ?

“Autant parler des mes défauts du coup. Donc…il faut bien savoir parler devant les médias et savoir se vendre.

Après, le coup de volant, on l’a ou on l’a pas, même si on peut progresser bien sûr.”

Enfin, as-tu des regrets sur ta carrière ?

“Pas tant que ça. J’ai essayé de profiter un maximum quand j’étais pilote officiel avec Peugeot et Citroën. C’était quand même super de ne rien dépenser et d’être attendu sur les rallyes sans trop réfléchir à l’avance.

J’ai également pu faire quelques essais de développement pour la 207 R3 et la C2 R2, et j’ai eu l’occasion de croiser le fou Kris Meeke notamment !”




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Bouchon
Bouchon
3 années il y a

Le seul à avoir été champion de France en s2000?
Un tout bon ce Guillaume dommage qu’il n’ait pas la carrière qu’il méritait.
Les Cévennes 2009 ont été tout simplement mémorable avec duel avec Mourgues à côté de la maison après le Rouergue où il avait décroché les lauriers.
2 superbes rallyes a supporter l’enfant du pays !!!

Lega
Lega
3 années il y a

Cool, un “Modeleux”, ça fait plaisir de voir des pilotes échelle 1 rouler en 1/8 voir 1/10 (comme Dayraut, Teuil, Vouilloz,…)
😉