A.Fourmaux : “Je vais retenir la belle progression”



Pour son cinquième rallye en catégorie reine, Adrien Fourmaux a connu un week-end assez frustrant en Grèce, contrarié une bonne partie de l’épreuve par des réglages inadaptés sur sa Ford Fiesta WRC.

Bien parti pour terminer dans le top 5, comme au Kenya et en Croatie, le pilote M-Sport devait finalement se contenter de la septième place après avoir écopé d’une grosse pénalité de temps à cause de problèmes moteurs le dimanche en liaison.

De retour en France cet après-midi, le pilote M-Sport a répondu à nos habituelles questions d’après course.

Comment te sens-tu après cette semaine de rallye ?

“On avait vraiment un très très gros rythme sur ce rallye. Dès lundi, nous étions en reconnaissances à partir de 7h. Il n’y a que le jeudi matin où nous avons pu dormir jusqu’à 8h. On dormait en moyenne 5h par nuit et les journées étaient vraiment costaudes. On avait de longs routiers, ce que j’aime bien car on peut se reposer, et finalement peu de spéciales, mais longues, ce que je préfère.

C’était vraiment une semaine fatigante. On peut comparer ça à un Monte-Carlo par exemple avec notamment la liaison entre Gap et Monaco. Sur les autres rallyes, le format est plus classique avec de bonnes nuits.”

Est-ce que tu es satisfait de ta course ?

“Je n’ai fait que tâtonner dans mes réglages et dans mon pilotage pendant deux jours. Je n’arrivai pas à faire des temps, je voulais en faire plus, comme sur les rallyes précédents avec de jolis chronos. Je n’ai pas fait d’essai avant la course, cela m’a forcément pénalisé un peu et j’ai été un peu à l’envers pendant deux jours.

Samedi soir, on a fait un changement de réglages radical. Je me plaignais du patinage et de la traction, pour une fois j’avais trop de chevaux, un comble pour un pilote ! On a modifié énormément de choses sur la voiture, au niveau des ressorts, des amortisseurs, du carrossage ou encore des différentiels. Avec les changements, c’était le jour et le nuit. Dès les premiers kilomètres le dimanche matin, j’ai senti que j’étais plus à l’aise.

Dans la Power Stage, quand tu regardes les intermédiaires, on aurait pu marquer des points sans notre tête-à-queue. C’est une faute basique où je me fais avoir dans une corde molle et on perd environ 8s. C’est con car il y avait moyen de marquer un point ou deux, et c’est toujours sympa d’attaquer dans une Power Stage.

Je vais retenir la belle progression, je suis content de ça. Parfois, on a été à plus de 1s/km des meilleurs, et le dimanche, à seulement quelques dixièmes avec notamment un super 2e temps.”

Avec le recul, est-ce que ces changements auraient pu arriver plus tôt ?

“Déjà, pour la journée du vendredi, il n’y avait aucune assistance donc nos possibilités de changer les réglages étaient assez minces. Le lendemain, les conditions étaient très différentes du vendredi, donc j’ai voulu m’adapter, mais je suis allé dans le mauvais sens. On aurait finalement été plus rapide avec les réglages de la veille je crois ! Sur mon dernier rallye terre au Kenya, les spéciales se ressemblaient plus ou moins, alors qu’ici, chaque spéciale demandait des modifications sur la voiture, il y avait vraiment beaucoup de variations. C’était super formateur pour moi, on retrouvait différents terrains dans différentes conditions.”

Parle-nous des difficultés que tout le monde a pu rencontrer en reconnaissances ?

“Le mardi matin pour l’entame des reconnaissances, nous nous sommes retrouvés dans le brouillard. On n’y voyait pas à plus de 5 mètres ! C’était donc compliqué de prendre des notes, on pouvait difficilement évaluer les distances et voir plein de petites choses qui sont utiles d’habitude. On a donc décalé notre programme de reconnaissances pour passer plus tard mais cela n’a finalement pas changé grand chose.

On a pas forcément réussi à identifier les changements de terrains à chaque fois. Il y a des terres très différentes au sein même d’une spéciale, parfois meuble, parfois comme de la glaise ou plus rocailleuse.

On a travaillé davantage la vidéo que d’habitude avec ce brouillard pour avoir les notes les plus correctes possibles. En course, j’ai effectué énormément de corrections malgré tout. D’ailleurs, il faut que je trouve quelque chose pour que je sois plus performant dans les virages lents, inférieurs à 90°. Je dois m’améliorer pour être plus précis.”

Est-ce que la comparaison de tes performances avec ton coéquipier Gus Greensmith était particulièrement importante sur ce terrain nouveau ?

“Gus a exactement le même matériel que moi. C’est toujours bien de se comparer avec ce que fait son coéquipier mais je me compare aussi souvent avec les meilleurs. Être devant ou être derrière Gus n’était pas trop important, c’est l’écart avec la tête qui m’intéressait.”

Dimanche matin, alors que tu jouais la 5e place, tu as malheureusement eu de gros problèmes en liaison. Peux-tu nous expliquer ?

“C’est dommage d’avoir perdu la cinquième place sur ce problème mécanique, même si cela a permis de me lancer dans une bagarre face à Evans pour la sixième place avant la Power Stage.

Sur la liaison menant à la première spéciale du jour, j’ai eu deux petites coupures moteurs. Quand j’ai voulu me mettre en “mode stage”, la voiture tournait sur trois cylindres et j’ai rapidement appelé l’ingénieur pour savoir ce qu’il pouvait se passer, même si j’avais déjà quelques idées. J’avais eu le même problème avec la R5 et nous avons finalement changé l’ECU et les bougies. Mais pour cette réparation, je ne pensais pas que ça prendrait aussi longtemps ! On a perdu la 5e place à cause de ça et on ne pensait pas que Evans pourrait nous reprendre car il avait 2min30s de retard ! Maintenant, face à ce problème, on sera plus performant si cela se reproduit. C’est encore une fois de l’apprentissage de pris.”

Tu seras présent en Finlande le mois prochain. Est-ce que tu as d’autres informations pour la suite de ta saison ? Comment vas-tu préparer cette épreuve ? 

“C’est en bonne voie, ça avance dans le bon sens, on y va rallye par rallye, pour l’instant on se concentre sur la Finlande et on verra après.

Je n’aurais pas d’essais avant la Finlande car M-Sport a déjà effectué des tests sur un terrain comparable avec l’Estonie pendant l’été. Je n’aurai donc aucune connaissance de la voiture sur un tel terrain avant l’épreuve. On va accorder nos objectifs par rapport à ça, ils seront forcément différents des dernières épreuves. L’équipe est vraiment concentrée pour préparer 2022 et je ne peux pas leur en vouloir.

En reconnaissances, avec cette inexpérience, il y a de fortes chances que je sous-note. Mais M-Sport a une grosse connaissance de cette épreuve avec cette voiture. On a déjà eu un premier briefing en Grèce pour voir ce que l’on pourrait faire en terme de réglages. Pour moi sur cette épreuve, j’ai besoin d’avoir la voiture la plus souple possible pour avoir plus de traction et également une voiture me donnant plus de précision.. La voiture doit être très réactive avec un bon ressenti au volant. On peut voir habituellement également que la hauteur de caisse est différente par rapport à d’autres épreuves avec un arrière plus haut que l’avant, il faut aussi regarder de ce côté.

Il y a également un gros travail à faire pour réussir les sauts et ne pas avoir à freiner, ou au moins pas trop ralentir avant de les aborder pour ne pas avoir de mauvaise surprise.

Nous avons déjà planifié des choses à tester pour cette épreuve, et dès le shakedown, on pourra en savoir davantage !

Ma seule expérience sur ce rallye remonte à 2019 avec la Ford Fiesta R2T, donc les vitesses ne vont pas être les mêmes !!! Je vais être un peu plus humble sur cette épreuve que lors des précédentes.”




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Sylvain
Sylvain
2 années il y a

Fourmaux est sur une voie bien balisée, pas facile mais sûre. M-Sport l’a choisi, cela lui permet de voir venir, c’est le côté enviable de sa situation. Par contre en ce qui concerne son apprentissage, cette situation ne convient que parce qu’il parait très intelligent dans son approche. Sinon, faire des rallyes sans tests, c’est aller au casse-pipe dans tous les sens du terme. Rouler avec Gus comme équipier, idem. Fourmaux navigue à vue, dans son pilotage et ses réglages : c’est pas l’idéal pour progresser rapidement. Ce n’est pas comme si il était dans un team avec des tests… Lire la suite »

filovent
filovent
2 années il y a

Vraiment curieux de voir les prochaines années…avec peu d’expérience en rallye, je le trouve brillant, humble et TRÈS volontaire. Il est dans sa phase de découverte, avec une équipe moyenne mais qui lui correspond bien je trouve. A voir ce qu’il a déjà fait, sans grande expérience en WRC, je suis sûr qu’il va en surprendre plus d’un. Une pépite que je verrai bien se battre avec les Evans Neuville tanack et rovenpera d’ici 2/3 ans. Et en plus, il aura l’intelligence de course, je n’en doute pas…quand on voit qu’en phase d’apprentissage, il ose aussi bien changer tout le… Lire la suite »