Que sont-ils devenus ? #5- Benoît Rousselot



Avec une saison actuelle à l’arrêt, le moment est idéal pour s’intéresser à ceux qui vous ont émerveillé dans les années 2000, avec de jeunes pilotes aux dents longues mais aussi des pilotes aguerris, prêts à se dépouiller sur les routes des championnats de France asphalte et terre.

Champion de France asphalte 2002 et vice-champion en 2003, Benoît Rousselot est le cinquième pilote à répondre à notre invitation pour cette rubrique : “Que sont-ils devenus” ? 

Faits marquants en carrière

20044e Championnat de France Asphalte (Peugeot 206 WRC)
2003Vice-champion de France Asphalte (Subaru Impreza WRC)
2002Champion de France Asphalte (Subaru Impreza WRC)
2001JWRC en Ford Puma S1600
20003e Championnat de France Asphalte (Renault Mégane Maxi)
19994e Championnat de France Asphalte (Renault Mégane Maxi)
19985e Championnat de France Asphalte (Renault Mégane Maxi)

Quelle est ton activité aujourd’hui ?

“Je suis principalement hôtelier à La Grande-Motte dans le Sud de la France. Je soutiens également mon papa avec le Fort Pélissier, qui est un parc de loisirs situé tout près de Nancy. Sinon, je fais du sport en permanence, et je promène mon chien tous les jours, surtout en ce moment !

J’aime également la moto. Je suis en effet l’heureux propriétaire d’une petite 750 GS, mais surtout de la bête 1290 Duke R.”

Comment s’est déroulé ton dernier rallye ? Savais-tu déjà que ce serait compliqué de rouler par la suite ?

“Depuis mon retour en France en 2011 (je suis parti au Costa-Rica pendant 4-5 ans), je n’ai roulé qu’en historique ou sur mon rallye à domicile au Lorraine. Donc, on va dire que ma carrière s’est surtout arrêtée au Dakar 2007 pour ma troisième participation à cette épreuve. Nous étions engagés avec un Nissan Pick-up du team Overdrive avec Gilles Mondésir à ma droite. Nous sommes 9e au général provisoire, notamment grâce à un 4e temps sur une étape. Mais on doit abandonner sur un problème mécanique et ma mésentente avec le patron de l’époque de chez Nissan, André Dessoude, a un peu tout foutu en l’air. J’étais vraiment dégoûté.

Cette expérience m’a donné envie de tout quitter, et c’est ce que j’ai fait en partant vivre au Costa-Rica. Cela m’a permis de réfléchir sur moi-même, c’était important après cette aventure, et en plus j’y ai aussi trouvé ma copine !

En championnat de France asphalte, c’est un peu un arrêt en deux temps. D’abord car Thierry Gillard, patron de Subaru officiel France ne voulait plus vraiment de moi. Je gagne le titre en 2001 avec eux et lors des reconnaissances des Cévennes 2002, alors que je suis en bagarre pour le titre, je vois une double page dans un journal “Et si c’était vous” avec une annonce pour engager un nouveau pilote Subaru et un point d’interrogation à ma place…sans que je sois au courant. Or, on savait très bien que le concours était pipé et que Sarrazin allait être choisi. Je précise d’ailleurs que Stéphane est un copain et un très bon pilote que j’admire.

Après avoir perdu ma place, j’ai débarqué chez BSA avec la 206 WRC car j’avais envie de rouler contre Subaru...Donc j’étais au service de Bengué chez BSA mais malheureusement Alex n’a pas eu une superbe année. J’ai au moins réussi à devancer 3 fois Stéphane Sarrazin sur 5 rallyes, donc l’objectif était bouclé de mon côté. Et cette dernière saison m’a donné envie de changer d’air et rejoindre le rallye-raid. Côte budget, le Dakar représentait un budget de 400 000 €, soit l’équivalent ou un peu plus cher qu’une saison en championnat de France avec une WRC à l’époque.”

Tu as roulé en historique également, pourquoi ?

“Ça donnait beaucoup envie à mon copilote de rouler en Historique, avec un climat plus détendu mais toujours de la glisse avec une 4 roues motrices comme la Subaru.

J’ai craqué sur la voiture et j’avais entière confiance en Willy Collignon de chez First. On a eu beaucoup de déboires et d’erreurs de jeunesse, mais nous sommes sur la bonne voie. J’ai pu essayer la voiture avant le confinement, et c’était juste parfait. Avec 300/320 cv et une boîte en H, je prends vraiment beaucoup de plaisir. J’espère faire le Tour de Corse dans les années à venir. Pour l’instant, je n’ai ni le budget ni le temps pour faire beaucoup d’épreuves.”

Quel a été le meilleur moment de ta carrière ?

“Ma première avec le Lorraine 1996. J’étais accompagné par l’excellentissime Pierre-Bernard Guérin. Nous étions entourés de nos partenaires, amis et famille. C’est un moment fort, très marqué dans ma mémoire…et à l’époque, on pouvait faire les cons dans le parc fermé à l’arrivée et je ne m’en étais pas privé !

Le titre de champion asphalte est très fort aussi bien entendu. 3 mois avant ce titre, Pierre-Bernard Guérin est décédé et je suis tombé amoureux des Cévennes grâce à lui. Et on remporte justement ce titre chez lui.

Mon plus mauvais souvenir par contre, c’est cette sortie en BMW M3 groupe A au Mont-Blanc. On avait une erreur de fabrication de notes avec une distance trop courte pour une épingle. On s’est fait très peur en prenant un rocher de face mais heureusement nous étions indemnes. J’ai beaucoup appris après ça, mais mon copilote n’a ensuite plus jamais roulé.”

Quelle a été la voiture préférée dans ta carrière ?

“La Subaru Impreza S7 avec le titre au bout. Une voiture super facile à piloter, j’étais vraiment hyper à l’aise avec et je m’amusais beaucoup. Quand je vois des vidéos de l’époque, j’étais vraiment en glisse de partout !

La Mégane était également une sacrée voiture, il fallait les avoir bien accroché, j’ai pris énormément de plaisir aussi. Et lors de l’année 2000, j’ai peut-être fait 5000 km d’essais avec en développant un nouveau train arrière notamment.”

Quel copilote t’as le plus marqué ? 

“Mon Gillou (Gilles Modésir) évidemment. Il m’a dépanné à l’Yonne 1997. On s’est vraiment marré lors des reconnaissances, on a rigolé comme des abrutis mais bizarrement, nous ne nous sommes pas revus pendant deux ans. Et puis, lors d’un voyage au Canada, je l’ai recroisé à un aéroport à la surprise générale. On a renoué contact et on s’est retrouvé à rouler en JWRC la saison d’après avec Ford.

Dans ma carrière, Gilles a réussi à canaliser mes énergies, me faire relativiser et à passer au-delà de détails parasites.”

Si tu devais refaire un rallye aujourd’hui ? Ce serait lequel et avec quelle voiture ? (Budget illimité)

“(Longue, très longue réflexion) ! Déjà, le Rouergue ! Et avec une WRC d’aujourd’hui, ce serait fabuleux. Voir au moins ce que ça peut donner.”

Que penses-tu globalement du rallye français aujourd’hui, du championnat asphalte avec les R5 mais aussi des formules de promotion ?

“Je ne suis plus vraiment le championnat actuel ni les formules de promotion. Mais je regrette un peu les WRC qui ont été supprimés au détriment des R5 alors que ces dernières coûtent maintenant aussi chères que les WRC.

Je regrette de ne plus voir de constructeurs engagés et que notre FFSA richissime n’aide pas plus les jeunes pilotes à réussir. Mais ça reste la plus belle discipline sportive à mes yeux évidemment.”

Enfin, as-tu des conseils à donner à un petit jeune qui débute en rallye ?

“Justement oui. J’ai un regret dans ma carrière. J’ai eu la chance de piloter de belles voitures tout de suite, mais je n’ai jamais su vraiment où me situer. D’abord en étant derrière les usines comme Panizzi ou Bugalski, et ensuite en étant dans un tout petit groupe devant. Donc si c’était à refaire, je m’aiguiserai en me battant à armes égales en formules de promotion et je conseille forcément à tous les jeunes pilotes de passer par là.”




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cvn30
cvn30
4 années il y a

bon pilote tres sympatique il etait chaud!!!! chaud!!!!!! bouillant, un vite, belle carriere auto et qui a conduit que de belles autos de la bonne epoque bravo ben .

Sylsyl
Sylsyl
4 années il y a

Sa façon de parler, j aime bien. Au parc de fin d étape au Rouergue, un journaliste lui a demandé ce qu il pensait de sa 206wrc, et il a répondu :” c est une véritable pompe à feu”. Ça m a marqué cette expression. Merci Benoît