Que sont-ils devenus ? #9- Noël Tron



Avec une saison actuelle à l’arrêt, le moment est idéal pour s’intéresser à ceux qui vous ont émerveillé dans les années 2000, avec de jeunes pilotes aux dents longues mais aussi des pilotes aguerris, prêts à se dépouiller sur les routes des championnats de France asphalte et terre.

Encore plus qu’aujourd’hui, les formules de promotion étaient d’une densité folle avec des plateaux dépassant parfois la trentaine de concurrents au départ, tous prêts à se battre pour le moindre dixième. Parmi eux, certains ont atteint la gloire, avant de disparaître peu à peu des radars des rallyes et du public.

Faits marquants en carrière

20172 rallyes en Championnat de France dont 1 victoire (Citroën DS3 WRC)
20123e du Championnat de France Terre (Mitsubishi Lancer Evo X)
2003Pilote officiel Citroën en championnat de France Mixte (Citroën Saxo S1600)
2002Vainqueur du Citroën Challenge Saxo T4

Ancien pilote officiel Citroën et vainqueur du Challenge Saxo T4, Noël Tron est le neuvième pilote à répondre à notre invitation pour cette rubrique : “Que sont-ils devenus” ? 

Quelle est ton activité aujourd’hui ?

“Je travaille dans le bois depuis toujours et je possède une scierie depuis 15 ans en vue de charpentes, terrasses et autres. Depuis peu, j’utilise les déchets de bois pour  faire des granulés pour du bois de chauffage.

Je remercie toutes les personnes qui m’ont soutenu pour m’aider dans une affaire contre des riverains et qui m’ont permis de sauver mon entreprise. Je pense notamment à Daniel Elena et Mathieu Baumel.

A quel moment as-tu su que ton rêve d’être pilote pro était terminé ?

“J’ai été un peu écoeuré de ma saison 2003. C’était une année fantastique, la S1600 est une voiture mythique mais avec la Saxo, nous étions en bout de développement et nous n’étions pas vraiment à armes égales avec les autres. 

En 2004, j’ai eu une proposition de Citroën pour continuer mais le budget demandé était trop élevé. J’ai de très mouvais souvenirs du rallye des Cardabelles où je fait une erreur à cause d’un gros rocher sur la piste qui n’était pas présent au passage de l’ouvreur…alors que j’étais en tête. J’ai été déçu de voir que Citroën n’avait rien dit à ce moment là. Cette tricherie m’a un peu écoeuré du rallye à l’époque.

Après la saison super 1600, j’ai repris le guidon de ma 450 CRF en motocross (ma passion première) pour finalement réussir à finir champion de Provence en vétéran.

Je suis revenu 7 ans après cette expérience. J’avais toujours cette passion du sport auto et cette adrénaline. J’ai pris beaucoup de plaisir avec la Mitsubishi sur la terre puis aussi en formule de promotion en 208 R2. Je me suis bien fait plaisir avec les jeunes et avec une voiture qui montait dans les tours !

Et en 2017 enfin, grâce à Cyrille Féraud, j’ai vécu un rêvé éveillé en pilotant une Citroën DS3 WRC. Après une victoire au Diois, je l’ai malheureusement cassé après contre un arbre au Terre de Langres. Il n’y avait que la première place qui m’intéressait et j’étais en bagarre avec Julien Maurin.

As-tu l’objectif de revenir prochainement ?

“J’espère bien revenir oui ! Mais pour un programme complet avec une R5, je vais absolument y arriver et pour viser le titre de champion de France Terre. Ce ne sera pas en 2021 mais peut-être après.”

Quel a été le meilleur moment de ta carrière ?

“J’ai eu de très bons moments comme ma victoire en Espagne avec la Mitsubishi même si le plateau était réduit. Celle du Diois avec la DS3 WRC était énorme également.

Enfin mes victoires en Coupe Peugeot face à des mecs comme Bengué et Bouffier, c’est aussi que quelque chose. Sur le moment, tu ne peux pas t’en rendre compte mais quand tu vois les palmarès des mecs ensuite, tu réalises que c’était pas mal !”

Quelle a été la voiture préférée dans ta carrière ?

“La DS3 WRC. En fait, plus tu montes en gamme, plus ça a l’air facile. Je ne pensais pas pouvoir maîtriser la puissance aussi facilement. C’est vraiment le pied.”

Quel copilote t’as le plus apporté ? 

“Tous ont apporté quelque chose. Mon premier copilote, Alex Vidal, m’a énormément appris et c’est celui qui m’a fait progresser le plus. J’ai roulé à deux reprises aussi avec Mathieu Baumel, il est très bon et je le connais bien. Et aussi Jacques-Julien Renucci qui est un très grand copilote et perfectionniste. Ça faisait un équilibre avec moi qui suit toujours très cool.”

Si tu devais refaire un rallye aujourd’hui ? Ce serait lequel et avec quelle voiture ? (Budget illimité)

“Bizarrement, j’habite au pied du Monte-Carlo, mais ce rallye ne me fait pas rêver et je ne regrette pas de ne l’avoir jamais fait. J’aimerais faire un beau rallye terre à l’étranger, avec la voiture la plus performante possible. Une WRC dernière génération tant qu’à faire…ou plutôt une Audi Quattro S1 finalement, une voiture pure, sans artifice.”

Que penses-tu globalement du rallye français aujourd’hui, du championnat asphalte avec les R5 mais aussi des formules de promotion ?

“J’ai assisté au dernier Var et je trouve que les voitures se ressemblent toutes, il n’y a pas assez de spectacle. Pour le plateau par contre, il n’y a rien à dire mais les voitures sont de plus en plus aseptisées. J’aimais bien aussi quand il y avait des WRC.

Pour les formules de promotion, ce ne sont plus vraiment des formules de promotion pour moi. A mon époque, j’avais les mêmes primes qu’aujourd’hui mais les voitures coûtaient largement deux fois moins. Dans ma saison en T4 où j’ai gagné la majorité des manches, j’ai réussi à m’auto-financer, et en vendant la voiture à la fin de l’année, la saison ne m’avait rien coûté ! A cause de ce système, de très bons pilotes sont mis de côté.”

Enfin, as-tu des conseils à donner à un petit jeune qui débute en rallye ?

“Il n’y a pas une meilleure école que Rallye Jeunes. Ça ne coûte rien, c’est le meilleur moyen d’y arriver. On peut aussi débuter par des petites régionaux comme ce que j’ai pu faire, avant de partir en formules de promotion.”

As-tu des regrets par rapport à ta carrière ?

“Je n’ai aucun regret, avant tout du plaisir. Vivre la saison S1600 en 2003 a été un rêve. Avec le recul, on se rend compte de l’ampleur de ce championnat. Le championnat mixte était exceptionnel. Je n’avais pas forcément conscience de mes capacités. C’était déjà un aboutissement pour moi et un rêve accompli. Je m’excusais presque d’être là.”




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jmb17
jmb17
3 années il y a

Le champion du monde préféré de Noël : Ott

Krys
Krys
3 années il y a

Noel, une C3 R5 pour le titre c’est l’une des meilleurs R5 du moment (je dis ça, je dit rien …)