Que sont-ils devenus ? #21- Patrick Magaud



Avec une saison actuelle à l’arrêt, le moment est idéal pour s’intéresser à ceux qui vous ont émerveillé dans les années 2000, avec de jeunes pilotes aux dents longues mais aussi des pilotes aguerris, prêts à se dépouiller sur les routes des championnats de France asphalte et terre.

Encore plus qu’aujourd’hui, les formules de promotion étaient d’une densité folle avec des plateaux dépassant parfois la trentaine de concurrents au départ, tous prêts à se battre pour le moindre dixième. Parmi eux, certains ont atteint la gloire, avant de disparaître peu à peu des radars des rallyes et du public.

Ancien pilote officiel Citroën et Peugeot, Patrick Magaud est le vingt-et-unième pilote à répondre à notre invitation pour cette rubrique : “Que sont-ils devenus” ? 

Faits marquants en carrière

2000-2002Pilote officiel Ford
1997Vice-champion de France Asphalte (Citroën Saxo KC)
1997-1999Pilote officiel Citroën
1991Pilote officiel Peugeot
1985Début en rallye (Volkswagen Golf GTi)

Quelle est ton activité aujourd’hui ?

“Après ma carrière de pilote, j’ai toujours continué à travailler dans le rallye et avec Citroën. J’ai fait ouvreur de différents pilotes dont Sébastien Loeb (depuis la création du Sébastien Loeb Racing et l’arrêt de Dominique Heintz), mais j’ai aussi travaillé en relevant des informations météos sur les épreuves, validé des bases d’essais ou encore repéré de nouveaux rallyes.

Sinon, j’ai différentes activités commerciales comme la gestion d’un centre équestre à Digne-les-Bains.”

A quel moment as-tu senti que ta carrière était sur le point de se terminer ?

“Ma carrière s’est terminée par la force des choses.

En 1999, j’ai fait deux rallyes en Xsara KC, puis de la compétition clients avec une Saxo KC. Ford m’appelle alors pour faire quatre manches en Puma KC pour la saison d’après alors que du côté de Citroën, ils font rouler Puras et Bug sur les Saxo. En parallèle de mon programme avec Ford, je participe tout de même au développement de la Xsara T4.

Au Tour de Corse, je suis devant Bug et Puras avant d’abandonner sur un problème mécanique, ce n’était pas vraiment le plan prévu…

L’année suivante, j’ai un gros programme avec le championnat d’Angleterre et le JWRC avec la Puma S1600 et du développement. J’ai quand même eu une belle fin de carrière avec ce programme avec Ford. A 45 ans, il était difficile d’aller chercher les mecs de devant plus jeunes. On avait une voiture qui respectait un cahier des charges précis avec une valeur de 100 000 € alors que d’autres voitures étaient largement au-dessus. En plus, la voiture ne me convenait pas, notamment à cause de l’absence d’antipatinage (contrairement à la KC).

Après ça, je n’ai pas eu des propositions très intéressantes, ça sentait parfois vraiment le mauvais coup. Ensuite, je ne pouvais pas vivre sans sport automobile et j’ai donc travaillé dans différentes activités pour rester au contact du rallye.”

Quel a été le meilleur moment de ta carrière ?

“Ma saison complète avec la Saxo KC. C’était une voiture pas chère à la base mais Citroën a mis petit à petit les moyens avec des désirs de s’investir à long terme en rallye. Nous étions quasiment imbattables et nous arrivions à nous rapprocher des 2L à certaines occasions, comme au Touquet et à Antibes, c’était fantastique.

La voiture avait vraiment un potentiel extraordinaire et on termine deuxième du championnat cette année-là derrière Panizzi. Xavier Mestelan-Pinon avait super bien travaillé sur cette voiture.

Sinon, je me rappelle du Tour de Corse avec la Xsara KC et des chronos dans le top 3 sur le mouillé. C’est quand même sympa de faire des temps devant des McRae et des Mäkinen. Cette année-là, hormis sur ce rallye, il ne m’est arrivé que des merdes…”

Quelle a été la voiture préférée dans ta carrière ?

“Clairement la Xsara KC. Un moteur rageur, un vrai kart. Ce sont des voitures comparables aux WRC d’aujourd’hui. On se dit que ça ne va jamais passer, mais si, ça passe. Cela va toujours plus vite que ce que l’on imagine. J’ai pu monter avec Loeb lors d’une séance d’essais pour le Monte-Carlo, et j’ai vraiment eu le sentiment que cela correspondait à la KC de maintenant. 

Le rapport poids/puissance de la KC était génial et il n’était pas étonnant que cela soit plus rapide que des WRC.”

Quel copilote t’as le plus marqué ? 

“Après avoir couru très longtemps avec ma femme, Michel Périn a été mon copilote à partir de la saison 1997 avec Citroën. Il m’a permis de gravir un échelon grâce à son expérience. Il était écouté par Guy Fréquelin et on a fait de très belles choses ensemble. Il a quand même été un peu dur à vire de temps en temps.

Avec Guylène, c’était très bien aussi, mais elle ne pouvait pas avoir l’impact de Michel. Etant ma femme, elle n’avait pas le même poids et influence sur moi. L’équipe ne parlait qu’à une seule personne dans l’habitacle et non deux.”

Si tu devais refaire un rallye aujourd’hui ? Ce serait lequel et avec quelle voiture ? (Budget illimité)

“Déjà, tout le monde me parle de VHC mais je ne me trouve pas assez vieux pour en faire. Je trouve que la réglementation est hyper dangereuse et pas assez encadrée. 

Donc, si j’avais le budget, autant rouler avec une des quatre WRC actuelles. Si j’étais politiquement correct, je dirais la Hyundai i20 WRC mais les quatre voitures se valent et ont le potentiel pour remporter le titre. Selon moi, la Ford est comme souvent la voiture la plus facile à conduire. La Toyota est la meilleure sur asphalte car plus agile. Alors que sur la terre, je pense que la Hyundai est mieux.

Sinon, j’aimerais rouler sur un Monte-Carlo. C’est le rallye à la maison, et tu peux arriver à faire de bonnes choses.”

Que penses-tu globalement du rallye français aujourd’hui, du championnat asphalte avec les R5 mais aussi des formules de promotion ?

“Tout d’abord, j’aimerais vraiment qu’un championnat mixte soit créé. On pourrait retrouver les meilleurs jeunes français se bagarraient pour avoir ensuite un programme en Mondial.

Je verrais un calendrier avec 3 terres : Cardabelles, Haut-Var et Langres. Pour l’asphalte, le Touquet, Charbo, Antibes, Cévennes, Mont-Blanc et aussi Rouergue qui est un rallye toujours plaisant à faire. Pour la terre, je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi il n’existe pas des épreuves régionales sur cette surface. Cela permettrait aux jeunes de démarrer sur la terre avec des coûts faibles.

Sinon, le gros problème se situe au niveau des constructeurs et l’absence de volants officiels intéressants ensuite. Je pense naturellement à deux personnes que j’apprécie, Benoît Nogier (directeur commercial Renault Sport Racing) et Didier Clément (responsable de la compétition clients chez Citroën Racing) . Ils doivent parier sur un pilote officiel à faire rouler, comme à notre époque où il y avait de nombreux officiels dans le championnat, même si ce sont avec des voitures intermédiaires (Rally4 par exemple). Les voitures doivent être plus abordables et les primes plus conséquentes.

Une carrière comme celle de Paolo Andreucci peut faire rêver certains, pourquoi pas en France. Il faut donner aux pilotes de quoi bouffer ! 

Pour la 208 Rally4, qui va trouver un tel montant pour rouler avec cette voiture ? Pour la Clio Rally5, je trouve le format plus sympa avec des primes pour s’auto-financer. L’idéal serait de permettre aux cinq premiers de s’auto-financer justement. Et j’enlèverais la limite d’âge. Si un gars comme Yoann Bonato est encore devant des jeunes, cela est justement valorisant pour ces derniers qui doivent progresser et s’arracher pour avoir ce volant officiel.

D’autre part, j’imagine une sorte de redistribution vis à vis des licences avec une part pour financer les formules de promotion et venir aider les constructeurs.”





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Seb73
Seb73
3 années il y a

Ouf
On a retrouvé le magaud

jmb17
jmb17
3 années il y a

Encore un p’tit effort Julien
Dur à vire => “Dur à vivre”, je pense
Bonne journée