Stéphane Sarrazin, 28 ans après



À moins d’un mois de la finale du championnat de France Asphalte au Var, Jeff vous offre un nouveau récit avec les débuts en carrière de Stéphane Sarrazin, puis ceux d’un jeune pilote, Thomas Chapuis, présent au prochain Var avec la structure Sarrazin Motorsport.

Le 25 novembre 1994, Stéphane Sarrazin, 19 ans, se retrouve au départ de sa première spéciale chronométrée du côté de Roquebrune, lors du 40ème Rallye du Var.

Le jeune Stéphane n’est pas « n’importe qui ». C’est le fils de René, rallyman amateur doué, maître dans les Cévennes (vainqueur du Lozère 1982)… et ailleurs. Après cinq saisons de Karting, de nombreux lauriers et un tout récent titre de Champion de France de Formule-Renault, le “petit” Sarrazin dispose d’une Clio Williams N3 engagée par la Filière Elf. À sa droite, le Volant Elf 93 Sébastien Boulet a la lourde responsabilité d’annoncer les notes. Face au « pistard », Jo Barroso qui croit en la jeunesse et aux espoirs, confie une autre Williams à Xavier Fressoz, révélation du Challenge AX GTI.

Stéphane démarre prudemment dans le sillage du leader de classe Eddie Mercier puis réussit le 2ème temps du GRN à Bormes, derrière l’intouchable Escort Cosworth de Rémi Samuel, mais devant toutes les autres N3. Dans la Môle, le gardois récidive et termine la journée leader de classe. « Morceau de bravoure » pour attaquer la seconde étape : Collobrières et ses 33,6 km. Dans ces interminables appuis, ces longues courbes rapides, ces portions étroites, bosselées, et la vertigineuse descente sur l’arrivée, le novice continue d’y dominer les autres Williams puis claque même le scratch du GrN dans l’ES8, ex-aequo avec Rémi Samuel ! Après 9 ES, Sarrazin possède 15sec d’avance sur Fressoz qui n’amuse pourtant pas le terrain puis le fils de René se fait piéger lors du second passage à Roquebrune, en tombant sur la voiture de Béguin qui bloque la route. Dommage…

Mais dans le Massif des Maures, pour le débutant Stéphane Sarrazin et tous les suiveurs, ce fut une révélation. C’est ça, un « juge de paix » ! La saison suivante, il continuera logiquement son chemin sur les pistes, en F3. On connaît la suite… Il reviendra sur les routes du Var en 2000 (7ème scratch et 1er GrN). L’année d’après, pour son 4ème rallye seulement, le prodige d’Alès remporte le 47ème Rallye du Var avec une Impreza WRC. A ce jour, avec 10 participations au compteur, 5 podiums dont une victoire, Stéphane Sarrazin est un des pilotes les plus expérimentés et redoutables du côté de Sainte-Maxime… et ailleurs. Il connaît l’exigence et la difficulté de ces routes varoises dégradées, bosselées, techniques, piégeuses, sélectives… impitoyables parfois ! Le rallye du Var est une ode au pilotage, un mélange de Cévennes et de Corse, en plus rapide. Etre performant ici ne peut-être le fruit du hasard. Le temps a passé mais le rallye demeure une formidable et perpétuelle découverte de régions et de routes. Une invitation au voyage. Le Massif des Maures et ses hauts-lieux, eux, demeurent immuables.

Le 25 novembre 2022, Thomas Chapuis, bientôt 22 ans, va se retrouver au départ de son premier rallye de Championnat de France, le 68ème Rallye du Var, au volant d’une 208 Rally4 du Sarrazin-Motorsport. Une opportunité extraordinaire. Un peu trop tôt diront certains, mais n’est-ce pas l’âge du nouveau Champion du Monde des rallyes Kalle Rovanperä, le « modèle » de Thomas? Et puis, s’il n’a que 5 rallyes régionaux au compteur, le jeune espoir de Haute-Loire a déjà marqué les esprits et affolé le chrono…

En 2017, l’ancien Champion de France des Rallyes 2004 puis pilote de WRC Stéphane Sarrazin crée le Sarrazin-Motorsport. Pour parachever 2022, après le titre de Champion de France des Rallyes décroché par son pilote Quentin Giordano dans les Cévennes, Stéphane va donc louer une 208 Rally4 à un -presque- débutant, Thomas Chapuis. Ayant attrapé le virus du rallye grâce à son oncle puis en assistant, enfant, au Rallye du Velay-Auvergne dans la célèbre spéciale « des Planchas », le jeune Thomas fait ses armes sur simulateurs ( !) puis en spectateur avant de franchir le pas. Il dispute son premier rallye, le Baldomérien 2020, avec une 106 S16 N2 louée à Jérôme Exbrayat. Le néophyte de Queyrieres ; magnifique petit village de montagne situé au milieu des Sucs ; se découvre alors un feeling étonnant et signe, un peu surpris, un 14ème temps scratch dés la 3ème spéciale de sa vie, devant de grosses autos et quelques pointures… En 2022, en 3 courses seulement, le talent de Thomas explose littéralement. Lors du Baldomérien, au volant d’une Saxo A6 de location, il signe un 9ème temps scratch au milieu des grosses autos et finit 2ème de classe. Thomas rencontre ensuite Jules Russier, lui aussi « du 43 », qui va devenir son copilote. Ensemble, sur le rallye Haute-Vallée-de-la-Loire puis lors du Velay-Auvergne, avec une 208 R2 de location, le Haut-Ligérien et son coéquipier s’imposent dans leur classe mais surtout, parviennent à signer des performances extraordinaires dont un fabuleux Top 5 final sur les hauteurs du Velay… Dans les « Planchas », là où tout a commencé, Thomas et Jules claquent un « météorique » 4min06… les connaisseurs apprécierons ! Suite à ces prouesses, alors que le seul leitmotiv de l’équipage est le plaisir et qu’ils espèrent participer à une dernière épreuve cette année, ils sont remarqués puis contactés par un autre Altiligérien, Romain Garel. Grand passionné, copilote émérite (Habouzit, Guigou, Millet…) et coordinateur au Sarrazin-Motorsport, Romain « manage » un peu Thomas et Jules et leur fait rencontrer… Stéphane Sarrazin ! Dans la vie et en rallyes, il y a aussi, parfois, de belles histoires !

Comme Jo Barroso en 1994, Stéphane Sarrazin mise sur le talent et la jeunesse. Bravo ! En plus d’être incroyablement rapide, Thomas est un garçon intelligent, calme, humble, il semble imperméable à la pression et mesure bien la chance incroyable qui se présente et lui et à Jules, son copilote. Les objectifs de leur participation lors du prochain rallye du Var, sur ce terrain tellement exigeant, seront le roulage, la fiabilité, l’expérience, sans impératifs de performance. Surtout, il faudra rallier Sainte-Maxime, le 27 novembre 2022, et garder la confiance de celui qui a marqué les esprits, ici, 28 ans plus tôt.




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SPECTATOR
SPECTATOR
1 année il y a

T’as raison David, Stéphane est humble, jamais avare de conseils, hyper pro, il fait confiance aux jeunes, son équipe vient de battre une structure officielle et un super pilote de CF, ses voitures sont tip-top, c’est un des rares à suivre et vraiment encadrer un pilote pour le conduire au plus haut, ex avec Giordano, il prend le volant il est devant moi je dit bravo, après il y a tjs des gens pour critiquer mais bon les résultats sont là

David07
David07
1 année il y a

Toujours humble Stéphane même à sa grande epoque