Vidéaste WRC : Partager sa passion en images



Dans notre quête de découverte des métiers du WRC, la vidéo était évidemment au centre de nos priorités, et pour évoquer ce métier, nous avons eu l’occasion d’échanger avec un vidéaste officiel du WRC.

Nous avons ainsi fait appel à Benjamin Montavy, vidéaste à plein temps du WRC, et actuellement engagé par Hyundai sur l’ensemble de la saison.

Cet interview fait suite à ceux réalisés avec un responsable de communication, un mécanicien, un ouvreur, et dernièrement un photographe.

En quelques mots, peux-tu te présenter ?

“Je m’appelle Benjamin Montavy, j’ai 37 ans et je travaille pour Hyundai depuis cinq ans. Je suis un peu un couteau-suisse, puisque je suis monteur, cadreur et aussi réalisateur sur certains projets.”

Quel est ton parcours avant le WRC ?

“Avant d’arriver en WRC, j’ai pu travailler dans d’autres disciplines du sport automobile avec le WEC pendant des années ou l’ELMS où je bosse encore actuellement.

J’ai réussi par chance, à rencontrer les bonnes personnes. Cela m’a permis de commencer avec Auto-Moto à l’époque où le rallye était intéressant pour eux, c’est à dire avec Sébastien Loeb. J’ai pu tourner avec Fabien Gérard, un journaliste à qui je dois beaucoup de choses  ​et Sacha Le Coroller, le producteur d’XTREM Productions qui m’a fait confiance. J’ai fait mon premier rallye avec Hyundai en 2014 au Pays de Galles, et j’ai bossé également en Fun Cup et sur le trophée Andros.

Et cette année 2019 est ma première saison complète avec Hyundai, auparavant, je faisais dix manches du calendrier en gros.”

Quelles études as-tu fait pour arriver à ce métier ?

“J’ai fait un BAC STi qui ne m’a pas servi à grand chose à vrai dire, j’étais un peu un cancre. Gamin, je voulais faire réalisateur de cinéma. J’ai fait une école de cinéma privée (EICAR à Paris) pendant trois ans où je me suis vite aperçu que c’est l’image qui m’intéressait le plus, c’est à dire raconter une histoire avec le montage. 

En sortant d’étude, j’ai bossé dans le cinéma, pour Game One et du jeu vidéo pendant 3-4 ans.

Tu m’as dit avoir trois métiers différents finalement. Comment cela se passe ?

“Je suis réalisateur sur des projets importants comme pour l’ETCR avec Gabriele Tarquini se transformant en Docteur Frankenstein ou l’Espagne avec Halloween pour citer les vidéos récentes. Et sur tous les rallyes, je suis cadreur et monteur.”

Quelle est ta journée type chez Hyundai ?

“Cette année avec Hyundai, on fait un format instantané. On vise la plupart du temps la première spéciale de chaque journée, et on fait 1 ou 2 spéciales dans la matinée. Je monte directement les images dans la voiture alors que le cadreur qui m’accompagne conduit.

Grossièrement, on publie 1 ou 2 vidéos le matin sur Instagram, 1 vidéo l’après-midi, et 1 vidéo le soir avec l’interview de chaque pilote, toujours sur Instagram. Sur Facebook, on a une preview avant l’épreuve et un review le dimanche soir avec le résumé du rallye.

Cela représente en moyenne 3h de montage par jour, et avec en tête, de réaliser tout ça le plus vite possible.”

As-tu des anecdotes ou des préférences sur des rallyes ?

“Je m’éclate toujours de filmer des mecs qui vont à 200 km/h alors que nous on roule à 50 pendant les reconnaissances. Finalement, les meilleurs rallyes sont pour moi ceux où Hyundai gagne. Quand on filme après l’arrivée d’une Power Stage, il y a une euphorie de dingue dans l’équipe, tout le monde vient en plus nous remercier alors que l’on a pas fait grand chose finalement. Il y a un vrai côté famille dans l’équipe.

Pour l’anecdote, je pense au Pays de Galles 2016 ou 2015. J’ai la caméra ralenti qui prend l’humidité et tombe en panne. Je donne la 5D à mon cadreur et moi je me dépanne avec mon iPhone perso. En revenant à la voiture, je tombe dans un trou plein d’eau et mon téléphone avec. J’ai eu beau essayé de le refaire redémarrer, cela n’a pas marché. Finalement, on a sauvé le truc en reprenant quelques plans envoyés par WRC TV.”

Qu’est-ce qu’un bon plan ?

“Bonne question. Être au endroit au bon moment. Trouver le bon axe pour filmer. 

Sur les jumps, c’est toujours un peu une surprise, j’ai le souvenir d’un saut de Neuville en Finlande où ma cadreur a eu peur alors qu’il était bien placé. Sur la terre, c’est vite impressionnant et plus simple, car ça bouge tout le temps. Sur l’asphalte, il n’y a presque pas de réactions de la voiture, donc il faut absolument trouver un endroit avec de l’action, une épingle ou une bosse par exemple.”

Reconnais-tu l’ensemble du parcours ?

“Non pas du tout. On arrive le mardi soir sur le rallye. On fait généralement deux/trois spéciales le mercredi, et on échange avec différents photographes même si leur point de vue est différent du nôtre en terme d’images.”

 

Quels conseils peux-tu donner pour devenir un jour vidéaste en WRC ?

“Être persévérant est la première qualité, il faut y croire. Il faut avoir beaucoup de chance pour rencontrer les bonnes personnes. Il faut savoir tenir le stress également avec des journées à rallonge où vous pouvez partir le matin à 4h sans avoir trop le temps de manger.

Et pour arriver à maintenir ce rythme de travail important, c’est important d’être maintenu sous pression et Thomas (déjà interviewé ici) le fait très bien. C’est hyper agréable de bosser avec lui, il sait exactement ce qu’il veut, mais écoute aussi notre point de vue.

Il faut être passionné également, mais j’ai la chance d’être entouré d’une superbe équipe, et de côtoyer des super pilotes comme Thierry, Dani et Seb, et d’être au milieu des actions, donc c’est que du bonheur.

Est-ce que le matériel a une importance ?

“Non plus vraiment, c’est vraiment la façon de faire ce travail. De notre côté, nous sommes sur un montage hyper dynamique, peut-être trop. L’importance, c’est vraiment le placement et être au bon endroit au bon moment.”




S’abonner
Notification pour
guest
2 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Joebarf16
Joebarf16
4 années il y a

Rhâââ, encore un métier de m… !
– gag –
C’est vraiment le top de la vie réussie de “travailler” dans la passion.

Bruno
Bruno
4 années il y a

Bravo RS Et à ben pour ça pasion et reportage tjrs très intéressant