Ce week-end au Touquet, la tâche d’Adrien Van Beveren, star du rallye-raid en deux roues, ne s’annonçait pas simple, le pilote nordiste découvrant totalement le rallye en compétition.
Sur un parcours terriblement piégeux cette année, le motard a pourtant su réaliser l’essentiel, à savoir rejoindre l’arrivée, non sans mal tout de même, au volant d’une Citroën C3 R5 du team PH Sport. Accompagné par Xavier Panseri, copilote d’expérience et souvent associé à Bryan Bouffier, Adrien a pris un plaisir fou, au point de se prendre au jeu pour tenter d’accrocher un top 10 en fin de rallye. A l’arrivée, le duo inédit Van Beveren/Panseri termine au 12e rang, à seulement trente secondes de ce fameux top 10.
A l’arrivée, sur la plage du Touquet, un endroit qu’il connaît par coeur pour avoir notamment remporté trois fois l’Enduropale, le pilote Hazebrouckois nous a confié ses impressions, avec une excitation encore bien présente dans cet interview.
Alors Adrien, comment s’est passé ce premier rallye ?
“C’était exceptionnel. Des conditions dantesques dès le début, des routes pleines de boue et très complexes. Je suis sorti de la piste, non de la route, c’est l’habitude de la moto…plusieurs fois, mais heureusement, cela s’est bien terminé. Je n’ai pas envie de donner le nombre de sorties, mais c’était une paire de fois quand même. On a réussi à sauver les meubles et terminer toutes les spéciales.
Dès la première spéciale, j’ai explosé une roue et on a perdu beaucoup de temps. À la fin, je suis quand même super content d’avoir eu des conditions sèches pour la dernière boucle, je me suis vraiment éclaté.”
Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour toi ce week-end ?
“D’écouter le copilote et surtout, le plus dur pour moi, en n’ayant jamais fait de rallye, de donner des bonnes notes en reconnaissances. Je lui donnais des angles de virage, mais j’avais franchement beaucoup de mal à estimer tout ça et à quelle vitesse j’allais arriver dedans. Tout a été de la découverte. La plupart des fois où je suis sorti, c’est que ma note était trop optimiste. Après, Xavier m’a quand même vraiment beaucoup aidé, heureusement qu’il était là, il m’a apporté énormément. S’il n’avait pas été là, et avec un copilote moins expérimenté, je serai certainement sorti de la route. “
Qu’est-ce que t’as apporté Xavier justement ?
“Il a su surtout m’apprendre plein de choses. Il n’a pas fait que me freiner, il a vraiment joué le jeu à 200%, il s’est engagé. Quand il me disait que ça passait à fond, je lui faisait totalement confiance. C’était top d’avoir quelqu’un d’expérimenté et puis surtout, il est calme, il est serein, il ne met aucune pression, pour moi c’était super comme je ne connais pas la discipline. C’était super agréable d’avoir un gars comme lui.”
Donc si tu fais le Dakar sur 4 roues un jour, tu sais déjà qui appeler.
“Oui exactement. J’espère faire le Dakar en voiture un jour, ce serait une superbe suite, mais pour l’instant, c’est objectif moto à fond.”
Peut-t’on déjà t’imaginer sur le Touquet 2020 ?
“Oui pourquoi pas, j’ai pris une superbe expérience ici et j’aimerais bien revenir avec plus d’expérience et voir ce que ça peut donner. Mais chaque chose en son temps, je suis content de l’avoir terminé et je me suis vraiment beaucoup amusé. Je remercie énormément, Jean-Marc Roger, l’organisateur qui m’a permis de vivre ce rêve, PH Sport et Bertrand Piallat qui ont joué le jeu à 200% et tous mes partenaires présents sur la voiture, je pense notamment à Nicolas du restaurant Le Matisse, ici au Touquet, qui a tout de suite répondu à mon appel pour m’aider à financer un rallye comme ça.”
Quelle comparaison peut-on faire entre du rallye-raid sur 2 roues et un rallye comme ce week-end ?
“Déjà, quand il fait ce temps là, il fait quand même meilleur dans une voiture. Même si ça glisse et tout ce qu’on veut, on est chaud, sans se faire mouiller, bien mieux que sur une moto à l’Enduropale par exemple. Je suis dans un lieu (l’interview est en bord de plage du Touquet) que je connais vraiment très bien et j’ai en souvenir l’Enduropale, donc c’est top.”
La voiture, il y a des sensations de freinage et d’adhérence que l’on retrouve également en moto, des sensations de glisse, d’accélération, de contrôle de l’accélération et toutes les commandes en fait. Le passage des vitesses également, je passais la vitesse au son, sans regarder le compteur. Il y a quand même des choses nouvelles en rallye. Comme on a reconnu, on va chercher davantage les limites que sur un Dakar par exemple où l’on ne peut pas se permettre d’arriver sur un sommet où l’on ne sait pas ce qui arrive derrière. Il y a beaucoup moins d’improvisation qu’en rallye raid. On ne se retrouve jamais avec d’autre, j’aime quand même bien la bagarre, mais d’un autre côté, j’ai quand même eu une belle bagarre avec Laurent Bayard sur la fin. On a attaqué tous les deux pour finir devant l’autre et faire des chronos, et c’était fun.”
Pour compléter notre interview, Xavier Panseri, le copilote d’Adrien ce week-end, a également répondu à nos questions.
Est-ce que c’est plus intéressant de co-piloter un débutant ?
“Oui clairement, surtout si c’est un mec sympa (rires). J’ai vraiment une valeur ajoutée dans ce genre de challenge. En plus, on avait un point commun avec le Dakar, donc ça facilite les échanges.
Quand ce sont des débutants comme Adrien, ils partent vraiment de zéro et ne comprennent pas forcément l’intérêt d’être précis dans les notes. Ils pensent que piloter à vue peut suffire mais ils se rendent vite compte que ce n’est pas le cas. Comme je connaissais certaines spéciales, j’ai pu le rassurer parfois sur des virages à prendre à fond par exemple.
En plus, avec Adrien, et comme Steve Chainel l’an passé au Vosgien, ce sont des sportifs de haut niveau. Et ils ont un état d’esprit adapté à la compétition. Ils apprennent vite et il n’y a pas besoin de leur dire 40 fois la même chose pour qu’ils comprennent.”
Tu es habitué à jouer la gagne et évoluer au haut niveau en rallye. Qu’est-ce que ça change pour toi d’être un peu au second plan finalement ?
“Avec Bryan ou un gars comme Adrien, les enjeux sont bien différents. Ici, ce n’était pas pour la victoire, il n’y avait pas de tension sur les choix de pneus, et du travail avec les ouvreurs par exemple…et d’ailleurs, nous n’en avions pas avec Adrien.
L’objectif initial était d’être à l’arrivée, mais finalement, nous nous sommes pris au jeu et on visait le top 10 sur la fin. On a eu une belle bagarre face à Laurent Bayard qui est quand même une référence dans cette région. C’est une approche différente, un plaisir différent, mais l’envie est la même pour moi.”
Adrien a loué ton calme dans l’habitacle. Est-ce que c’est une qualité impérative pour être copilote ?
“Il faut être le plus serein possible dans la voiture, c’est certain. Au Dakar par exemple, même si tu es plus ou moins perdu, il faut montrer que tu n’es pas stressé. En rallye, c’est pareil, dans certaines situations, tu es là pour canaliser et calmer le pilote. Copilote, c’est réfléchir avant d’agir comme dans tous les sports en fait.
Il a aussi dit qu’il aimerait rouler sur 4 roues au Dakar un jour, et qu’il accepterait de rouler avec toi. Qu’en penses-tu ?
“Oui pourquoi pas. Mais il a encore une carrière à faire avant d’être en voiture. S’il a besoin, on verra bien ce qu’il se passera, mais ça peut être intéressant. Adrien a l’énorme avantage de connaître le Dakar et de savoir naviguer. Quand tu lui parles de cap par exemple, il sait à quoi tu fais mention, et comme on a vu pour Peterhansel, Despres ou Roma, un motard peut vraiment bien s’adapter et être performant en voiture après.”
Adrien a tenu le rythme de Mathias Vaison tout le week end… Pas mal quand même pour un tout premier rallye!
X. Panseri a oublié de lui dire que quand le point stop était passé, il pouvait relâcher la pression sur la pédale de droite :
http://www.lavoixdunord.fr/554065/article/2019-03-18/adrien-van-beveren-perd-son-permis-en-rentrant-du-rallye-du-touquet?fbclid=IwAR1DLZfKRVYJOBAG4vGfUr5e6893A1pPQNESSdgsA530iOuuHfyn1ommEeM#utm_medium=redaction&utm_source=facebook&utm_campaign=page-fan-etaples