Au lendemain de la publication de la première partie de l’interview de Julien Ingrassia, cette seconde partie est consacrée aux moments les plus marquants de la carrière du français.
Et même s’il est impossible de résumer 15 années d’entente avec Sébastien Ogier en une interview, nous avons essayé, avec Julien, de revivre quelques instants particuliers de cette aventure remplie de joies, mais également de quelques déceptions.
Après avoir parlé du présent et de ton avenir, parlons un peu du passé. Malgré ton énorme expérience, avais-tu toujours la crainte d’effectuer une grosse erreur, comme au rallye de Chypre 2009 ou celui de Sardaigne 2018 par exemple ?
“Entre guillemets, faire des erreurs ne me fait pas peur. En 2009, c’était une période très complexe et l’erreur n’avait pas sa place. Depuis cette période-là, l’objectif pour moi est de ne faire aucune erreur sur l’ensemble d’un championnat. Gagner sans faire d’erreur, c’est important ! Mais faire de grosses erreurs comme à Chypre, ça peut arriver et ça marque au fer rouge. Sur le coup, on a eu beaucoup de chance car si Seb n’arrive pas à éviter le 4×4, on aurait pu le percuter et le conducteur aurait pu être gravement touché ! (vidéo en bas de l’article)
Aujourd’hui encore, mes copains me renvoient souvent à ça, en me sortant “Salut l’ami, elle est où la spéciale” (ce que Sébastien Ogier lui a dit à ce moment-là).
Ensuite, l’histoire du carnet en Sardaigne est évidemment marquante. D’abord, il faut savoir que beaucoup de copilotes et teams mettent beaucoup de pare-feux au niveau de leur communication dans la voiture avec l’équipe (envois de message imposés pour une zone de refueling ou aux différents pointages par exemple). De mon côté, je préfère travailler de manière autonome sans avoir à tout confirmer à l’équipe. Si j’ai un souci de téléphone ou de réseau, je n’ai aucun problème pour travailler. Cette façon de travailler m’a peut-être sorti de quelques situations. Lorsque j’ai fait des erreurs, j’ai toujours été voir mon team ensuite pour m’expliquer et assumer la responsabilité en tant que copilote.
Pour revenir à la Sardaigne, c’est une bourde impensable, c’est complètement ma faute. Sur le moment, tout est une question de concentration. J’ai pensé à récapituler tout ce que j’avais à faire en repartant de cette spéciale. Je donne mon carnet, on me retend une bouteille d’eau ensuite à la place du carnet. Je n’ai fait pas attention à ce que j’ai pris et j’ai dit à Seb de repartir.”
Quel est l’endroit le plus insolite où tu as pu travailler ?
“Je pense à quelques séances d’essais dont une en Finlande il y a quelques années. En plein été, au milieu des forêts, un local nous a mis à disposition un endroit pour manger et aller aux toilettes. Il faisait vraiment chaud et les membres de l’équipe se faisaient défoncer par les moustiques et les taons. Pour le repas du soir, le gars nous a sorti des écrevisses d’une petite mare pour nous les préparer à manger le soir. On découvre finalement que le gars a deux nanas chez lui…, c’était assez surprenant !”
Le rallye que tu aimerais refaire ?
“Je n’ai jamais mis un rallye au-dessus de l’autre, ils ont tous quelque chose de particulier. Mais même si les routiers sont interminables avec des départs très tôt le matin et des arrivées tard le soir au parc, j’ai vraiment bien aimé le Pays de Galles. J’aime le caractère de ce rallye, sa nature, son authenticité. C’est un endroit très spécial. En reconnaissances, tu ne comprends rien sur les panneaux, il n’y a que des voyelles. À l’hôtel, tu te retrouves sur une moquette épaisse et un parquet qui grince. Tu as l’impression d’être chez Harry Potter.
C’est un rallye relativement vite, et malgré la boue, il y a du grip. La spéciale de Sweet Lamb, c’est vraiment du kiff !”
Quel est ton abandon le plus marquant ?
“Le rallye du Mexique 2011 (avec la Citroën DS3 WRC). C’est le dimanche, nous sommes en tête du rallye et il y a déjà des tensions au sein de l’équipe (Sébastien Loeb et Daniel Elena sont leurs coéquipiers). On ouvre la route ce jour là et on prend une buse en béton en sortant large. On abandonne et Loeb gagne. (vidéo en bas de l’article)
Et ta sortie la plus marquante ?
“La Finlande 2017. Même si la voiture n’était pas trop endommagée et que le choc n’était pas très fort, c’était vraiment marquant pour moi ! J’ai vraiment eu peur de prendre l’arbre dans la porte. Et j’ai pris pas mal de temps pour m’en remettre, c’était perturbant niveau mental. Il a fallu enchaîner avec l’Australie ensuite. En 15 ans de roulage ensemble, j’ai un grand respect en vers Seb pour le peu de sorties que nous avons eu.” (vidéo en bas de l’article)
Et une victoire plus marquante qu’une autre ?
“Non car elles ont toutes leurs saveurs. Il faut tout le temps se bagarrer pour les avoir, même si certaines sont plus faciles que d’autres. Pour les 54 victoires, il a toujours fallu se battre pour être en position de gagner.”
Par le passé, tu as pu participer à quelques rallyes au volant. Est-ce que c’est prévu à l’avenir ?
“Ce n’est pas du tout un projet de rouler à gauche. Quand j’ai roulé par le passé, c’était seulement pour le fun et sans aucune prétention de résultat. Je roulerais peut-être avec des amis, il faut voir. Le plaisir de piloter est bien là en tout cas et j’ai d’ailleurs acheté un Cross Kart et je compte bien rouler avec davantage à l’avenir.”
RS avez-vous des projets d’articles pour nous occuper d’ici le début de la saison 2022 comme il pouvait se faire parfois (interview, explications …)
Où nous demander si on a des propositions d’articles
Cordialement !
Julien remercie seb pour son pilotage
“En 15 ans de roulage ensemble, j’ai un grand respect en vers Seb pour le peu de sorties que nous avons eu.”
On peut dire qu’il a eu de la chance de tomber sur ogier et pas sur qui vous savez …..
Nan?
Un vrai bon moment de lire son interview…
A quand un livre?