L’Alpine A110 Rallye a roulé en essais



C’est fait, l’histoire est bien en marche ! La belle bleue a fait chauffer le bitume pour la première fois la semaine dernière en spéciale. Avec Manu Guigou à son volant, en alternance avec Laurent Pellier, l’Alpine A110 Rallye a ainsi connu son baptême de feu.

Photo : Théo Mallet

Avant cette grosse semaine d’essais (4 jours dans le Loir-et-Cher), une séance de déverminage avait eu lieu dans l’Allier sur le circuit de Lurcy-Lévis, tout proche des ateliers de Signatech, en charge du développement de cette voiture. Pour évoquer ce gros mois d’août, Manu Guigou a répondu à nos nombreuses interrogations sur ce projet qui fait déjà hérisser les poils de beaucoup de fans, bercés ou non par les anciens exploits de cette marque légendaire.

Comment s’est déroulé le déverminage ?

“L’auto était juste tombée des chandelles, on voulait rouler avant d’attaquer réellement le développement. Tout de suite, j’ai bien ressenti qu’elle était légère et agile. On avait pu effectuer 150 kilomètres avec Alex Coria à ma droite. On a choisi le parcours le plus sinueux pour se coller plus au format d’une spéciale.”

Quelles sont les données techniques de cette Alpine A110 Rallye ?

” Elle développe plus de 300 ch, mais nous n’avons pas encore de chiffres exacts, la voiture n’est qu’au début de son développement. J’ai déjà roulé avec des anciennes WRC (206) en essais, et je peux vous assurer que ça pousse déjà très fort. C’est un 1800 Turbo comme sur le modèle de série. On a forcément un couple plus court que sur la Cup (modèle de circuit) et je ne connais pas la vitesse maximale.

Nous n’avons pas déployé toutes les capacités du moteur encore, notamment en roulant en SP98 plutôt qu’en essence de compétition, ce n’est pas utile pour le développement. Pour le poids, la fiche d’homologation n’est pas écrite mais on vise 1050 kg. Cela accélère clairement plus qu’une R5.

Photo : Théo Mallet

La voiture est issue de la Cup et de la GT4, avec certains éléments propres au rallye bien sûr comme les suspensions (3 voies butée hydraulique) et freins (AP). La boite provient de chez 3MO avec six rapports (palettes au volant) et un aileron arrière va bientôt arriver. Pour le début du développement, ce n’est pas si important. A partir de 120 km/h environ, cela aura une incidence, donc on verra ça.

Sinon, la voiture use très peu les pneus. Ce sont des 18 pouces avec la même taille pneumatiques au carré (comme l’Abarth mais pas comme la Porsche). A noter que l’on a une vraie roue de secours sous le capot.

Question bruit, c’est un moteur turbo, et il est bien sympa, mais on va travailler pour essayer encore de l’améliorer.”

Quel est ton avis sur le comportement de l’auto ?

“Dès les premiers essais, j’ai senti que la voiture était agile dans le serré et stable dans le rapide. Pour les essais, on roulait en Sologne, près des routes du Coeur de France. Le profil était vite et étroit, mais à peine sale. On a choisi parmi différentes régions de tests et c’était assez pratique en cas de problème, car l’atelier n’était finalement pas si loin. En 4 jours et 3 bases différentes, on a pu notamment comparer les temps établis par Pierre Roché (en Skoda Fabia R5) sur cette partie de spéciale lors du dernier Coeur de France : et c’est plutôt positif.

Pour ces essais, l’équipe FJ était en charge de l’organisation et j’ai découvert une équipe très sympathique et professionnelle, que je ne connaissais pas avant. On a été super bien accueilli.”

Pas de Mont-Blanc finalement.

“Non, on ne sera pas au Mont-Blanc, le délai est trop court, on manque de développement. On veut travailler très sereinement, on espère rouler au Coeur de France, c’est une possibilité.”

Photo : Théo Mallet

Et le plaisir est bien là déjà ?

“J’ai pris forcément du plaisir oui. C’est bête, mais elle pousse, elle freine, cela ressemble à un gros kart. C’est agile et léger, elle réagit bien aux changements de réglages. Quand je freine, elle plonge comme il faut. Dans le serré, elle se comporte aussi très bien.

Elle est équipée de toutes les nouvelles technologies comme le traction control (7 niveaux je crois), de l’ABS (avec également des niveaux) et d’une procédure de départ. Au départ, c’est comme un élastique, c’est bluffant.

On a modifié des réglages sur les barres stabilisatrices, les ressorts, les valvings et plein de petites choses. Pour résumer, elle est facile et conduisible pour tout le monde et déjà méga performante. Elle sera adaptée à tous. En terme de comportement, tu peux assez facilement la rendre survireuse ou sous-vireuse.”

Quel sera le coût de cette petite merveille bleue ?

“Je n’ai pas le prix prévu, mais on devrait se situer logiquement autour de l’Abarth 124. Le coût d’exploitation se rapprochera de celui d’une Renault Clio R3T. Il y a une vraie volonté de Signatech de maîtriser les coûts d’exploitation, en partie grâce au moteur turbo.

Je pense que l’âge des pilotes pouvant être intéressés par cette voiture sera d’au moins 30 ans, voire 35 ans. Mais je reste persuadé que des jeunes pilotes feraient de bonnes performances à son volant.

Dans ce projet, je tiens à saluer les dirigeants de chez Signatech avec Philippe Sinault et Lionel Chevalier. Ils ont réussi à monter, avec leur équipe, une voiture au mois d’août en France, ce qui n’est pas une mince affaire compte tenu de la fermeture de certains sous-traitants.

Pour conclure, c’est une voiture bien née, déjà performante, qui répond dans son intégralité à l’ADN Alpine.”




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martini29
martini29
4 années il y a

Beau projet, belle auto (pas mythique mais qui le refait un peu vivre…) et quel courage (audace ?) de se lancer dans un tel développement alors que la “Watt”ure va (très) prochainement nous être imposée…
Est-ce que des solutions hybrides seront possibles en alternative au tout électrique ? (période de transition)…

Albe
Albe
4 années il y a

Tout d’abord Aldo moi c’est albe et non Albert, tu es pardonné !
Pour être plus sérieux, si on raisonne en terme de rapport poids/puissance tu as raison avec 3.4 pour l’alpine imposé par le Gr RGt et environ 4 pour les R5 mais, outre le gros avantage en motricité, ces dernières ont aussi beaucoup évolué en châssis et moteur.
Ton avis se respecte et pour éviter de se perdre en conjectures, je préfère te donner rdv l’année prochaine lors des manches du CFR pour constater les écarts dans un sens…..ou dans l’autre !