Q.Gilbert : “La voiture a vraiment du potentiel”



En l’absence de compétitions en France depuis de nombreux mois, de nombreux pilotes français ont pris la direction de l’Italie ce week-end sur les spéciales du Sanremo, et notamment Quentin Gilbert, engagé sur la toute nouvelle Ford Fiesta Rally2 alignée par l’équipe française TM Compétition.

Longtemps en bagarre pour une place dans le top 10, le pilote vosgien n’a pas pu exploiter pleinement le potentiel de sa Ford, victime de problèmes pendant l’épreuve, et tout particulièrement dans le dernier chrono. A l’issue de ce week-end découverte en Italie, Quentin est longuement revenu avec nous sur sa performance, mais également sur la situation du rallye en France.

Comment s’est décidée cette participation au Sanremo ?

“Cette participation était prévue depuis longtemps puisque nous nous sommes engagés au Sanremo et au Touquet en même temps. On savait très bien que ça ne roulerait malheureusement pas au Touquet malgré la bonne volonté des organisateurs.”

Quel était l’objectif recherché de cette épreuve ?

“On a eu beaucoup d’essais avec la voiture, mais ça va bien cinq minutes, même si c’est une chance de rouler bien sûr. On avait besoin d’un rallye et pour plein de raisons, que ça soit pour moi qui n’avait pas roulé depuis le Coeur de France mais aussi pour l’équipe avec beaucoup de nouveautés. Il fallait remettre en route tout le monde. C’était véritablement un test grandeur nature pour nous.

Il y a beaucoup de nouvelles personnes dans l’équipe et nous avons de nouveaux locaux depuis cet hiver, donc tout est un peu nouveau. Il fallait tout mettre en place pour voir les bonnes choses mais aussi les mauvaises à corriger.

Mon garage est désormais à 500m des ateliers de TM Compétition et je passe les voir logiquement tous les jours…Cela me plaît aussi de m’intégrer de plus en plus dans le team et j’ai toujours voulu avoir un rôle comme ça dans une équipe. Maintenant, ma carrière de pilote est plus derrière moi et je pense forcément à la suite. Thomas (Anacleto), le dirigeant, veut que je sois de plus en plus à ses côtés, et cela me convient bien !

Thomas a beaucoup d’ambitions, mais tout seul ce n’est pas possible de les réaliser. Chacun a des facultés différentes. Le team est structuré comme une équipe professionnelle, c’est vraiment une belle structure.”

Pendant l’épreuve, tu as malheureusement connu quelques problèmes mécaniques, et principalement sur la fin. Quel était l’origine de ces problèmes ?

“Depuis hier soir et plus précisément ce matin, on sait justement d’où vient le problème. Cela provient de la cartographie utilisée avec l’essence Panta en Italie, alors que nous utilisions l’ETS en France avec plus de 300 km en essais sans aucun problème. Avant le départ, on essayait de miser sur un résultat mais ce n’était pas possible avec ce souci.

On ne peut pas vraiment parler de panne,  et ce n’est pas la faute de l’équipe non plus. Ce n’est pas un truc grave en soit, juste un manque de chance avec une voiture qui ne fonctionnait pas à 100%. Nous avons été en communication permanente avec M-Sport pour comprendre tout ça. La voiture n’avait pas autant de pêche que d’habitude. Dans la dernière spéciale, la voiture a coupé à deux reprises et il a fallu redémarrer…alors que nous voulions attaquer fort, c’est dommage.

Malgré cela, on a pu voir que la voiture avait vraiment du potentiel. En terme de chassis notamment, la voiture fonctionne très bien.

En Italie, on a pu voir que le niveau était très élevé, mais pas plus qu’en France. Nous sommes tombés sur des spécialistes avec des spéciales qui ne changent pas avec très peu de possibilités de variations d’année en année. Au fil des passages, nous étions logiquement plus proches. Cela nous pousse à travailler et progresser, c’est forcément bon pour l’expérience.”

Quel est ton avis global sur la voiture, toi qui a piloté de très nombreuses R5 dans ta carrière ?

“La voiture a vraiment un gros potentiel. Cela fait plus de 10 ans que la catégorie a été crée et toutes les voitures sont maintenant très compétitives. Elles sont quasiment toutes les mêmes avec des niveaux de performances équivalents. Le cahier des charges est très strict et ne permet pas de faire de grosses différences. Avant, nous avions clairement une domination des Skoda mais cela n’est plus le cas.

Au volant, nous pouvons avoir un feeling différent en fonction du confort de pilotage et de petites choses qui peuvent faire la différence.”

La Ford Fiesta Rally2 peine pour l’instant à se faire une place dans ce marché très concurrentiel. Quel est ton avis là-dessus ?

“Ce n’est pas si étonnant que ça car la philosophie de M-Sport n’a jamais été de mettre des top pilotes pour promouvoir leurs autos, contrairement à d’autres constructeurs. Avec TM Compétition en France, nous voulons justement faire un peu de pub des voitures en France. M-Sport est dans l’obligation de vendre des voitures et je pense que les récents résultats d’Adrien Fourmaux font également beaucoup de bien à l’équipe.”

Quelle est la suite après ce Sanremo ?

“On va voir où l’on peut rouler. Je ne crois pas vraiment que l’on va pouvoir rouler en France avant le Mont-Blanc. J’espère me tromper de tout coeur. J’ai bien peur qu’ils rallongent le confinement et que la date de mi-mai pour la reprise des sports ne soit pas confirmée. Et de toute façon, je ne vois pas comment les organisateurs pourront attendre l’accord des autorités pour disputer leur rallye quelques jours après avec beaucoup d’argent en jeu.

Pour la suite, je n’ai pas un budget fou non plus. Je n’ai pas la possibilité de rouler tous les week-ends mais nous avons regardé quelques possibilités à l’étranger. Il y a des rallyes en Allemagne qui sont à l’étude (comme le Rallye Sulingen début mai en championnat d’Allemagne), tout comme en Suisse. Ce sera toujours bon pour l’expérience de voir autre chose.

S’il faut mettre le championnat de France de côté, on le fera…Je ne peux pas enchaîner les rallyes tous les 15 jours ou même toutes les 3 semaines. Le calendrier initial était très bien avec grossièrement un rallye par mois. Le rallye est un loisir pour moi et pas un boulot. Avec un agenda resserré, je n’aurais pas le choix de faire une croix sur le championnat.”

Comment s’est déroulé ce rallye dans cette période de crise sanitaire ?

“Déjà, tout était à huis clos, assistances et spéciales. À chaque entrée d’assistance, les commissaires prenaient notre température et demandaient des informations personnelles (nom, prénom, adresse et numéro de téléphone notamment). Toutes les mesures appliquées en Italie sont possibles en France, donc nous étions forcément un peu dégoutés.

On a pu voir en France qu’il fallait justifier la présence de sportifs professionnels au départ des épreuves. Mais si les pilotes professionnels sont très peu au départ, il y a par contre de très nombreuses équipes professionnelles et c’est une économie importante pour le sport…”

Qu’as tu pensé du parcours ?

“Les spéciales sont plus dures que sur le Critérium des Cévennes, c’est vraiment difficile. Nous avons trois passages en reconnaissances, contre deux en France. Je n’ai jamais autan travaillé en vidéo car il y avait plein de virages cachés et ils étaient tous piégeux avec beaucoup de risques de touchettes et crevaisons. Nous n’avions pas le droit à l’erreur.

Mais nous n’avons eu aucune frayeur, les notes étaient parfaites avec Chris. Pourtant, c’était vraiment très difficile avec aussi du brouillard dans les cols et parfois des essuie-glaces à fond !

Notre position de départ (N°38) nous a un peu gâché le week-end, nous n’avons pas compris. On a fait une lettre pour être repositionnés mais cela n’a rien changé. C’est quand même dommage car nous n’étions pas vraiment dans la même course que les gars avec qui nous nous battions pour le top 10. On avait pas vraiment la possibilité de se battre avec Stéphane (Lefebvre),  ni même de se croiser finalement pour discuter un peu, c’était vraiment dommage.

Mais c’est un week-end très enrichissant avec la certitude que le potentiel est là. Maintenant, notre objectif de l’année reste le Vosgien vis à vis de mes partenaires et c’est le rallye que l’on veut absolument faire. Je croise les doigts pour que cette épreuve se déroule, et au pire avec un report pendant l’été.”




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Aywé
3 années il y a

Pourquoi changer de véhicule a chaque fois si il ne roule que pour le plaisir il y a un truk que j ai raté je pense il veut gagner ou pas ?

Sylvain
Sylvain
3 années il y a

Très très intéressant, merci! Cela répond à des questions dont certains parlaient (niveau des championnats français et italien) ou que je me posais (la compétitivité de la Fiesta). Super.

Une fois encore, ces longues interviews sont vraiment celles ou on a le plus d’infos, et le moins à dire ensuite car tout est déjà dedans 😉

P.S. C’est pas comme le nouvel article avec son fleuve de commentaires qui va arriver : celui d’un retraité qui aimerait faire des piges chez M-Sport 😛